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Le premier fruit de l'orgueil, c'est le mépris de
l'autorité et l'esprit d'insoumission qui met en péril la société moderne. Notre
inclination naturelle nous porte au désir de commander et nous donne une
aversion à obéir.
On confond souvent l'obéissance avec la servitude et l'esclavage. Si on obéit à
la loi du bien, on se soumet à la volonté de Dieu qui nous comble de ses grâces
pour vaincre nos mauvaises inclinaisons. Si on obéit à la loi du mal, on fait la
volonté de Satan qui nous fait esclave en nous enchaînant à tous nos vices.
L'obéissance est loin d'enchaîner la volonté; elle la fortifie, car il faut un
grand exercice de volonté pour être docile. Il n'y a rien de tel que
l'obéissance pour former et forger la volonté. C'est en se soumettant dès le
jeune âge à la rude discipline de l'obéissance qu'on y parvient.
Les parents feront donc comprendre à leurs enfants qu'ils
doivent leur obéir par respect parce que leur autorité vient de Dieu. Comme tout
représentant de l'autorité doit obéir à Dieu même en commandant, les parents
commandent à leurs enfants pour se soumettre à cet ordre divin. Leur autorité
est un acte d'obéissance à Dieu.
Les
parents doivent pratiquer cette sorte d'obéissance, car Dieu est leur supérieur.
Ils doivent lui rendre compte de leurs actions. Il n'y a personne sur terre qui
puisse échapper à la supériorité de Dieu dans l'ordre spirituel et même dans
l'ordre social.
L'obéissance aux parents donne aux enfants une sécurité
absolue car si jamais les parents commettent des erreurs en commandant, leurs
enfants ne se trompent jamais en leur obéissant.
L'obéissance aux parents donne à l'enfant une direction à
suivre sans crainte puisque ses parents sont mandatés par Dieu pour veiller sur
lui et le conduire sur le bon chemin.
De nos jours, le sentiment de ce qu'il y a de divin dans
un père et dans une mère et le respect qui leur est dû, a été bafoué à tel point
que bien des parents ont renoncé à l'exercice de leur autorité auprès de leurs
enfants. Ils ont abdiqué devant les pressions que le monde extérieur exerce sur
eux et sur leurs enfants. Triste constat qui explique en partie ce qui ouvre la
porte à tant d'influences néfastes aux enfants. Le Mal vient les chercher “au
su et au vu” des parents dans leur propre maison...
On ne sait plus comment assumer l'autorité parentale.
Quand les enfants ont atteint l'âge de l'adolescence, et même souvent bien
avant, on a pris le parti de faire leur volonté, et on croit qu'on ne peut rien
leur commander sérieusement. Si l'enfant ne s'habitue pas dès son plus jeune âge
à obéir à ses parents, il s'érigera vite en maître absolu, en enfant roi.
Les parents restent des parents jusqu'à la fin de leurs jours et ne sont jamais
dispensés de leur devoir d'éducation envers tous leurs enfants, quel que soit
l'âge de ces enfants. Il en est de même pour les enfants; quel que soit leur
âge, ils ne sont jamais dispensés de leurs devoirs de respect et soumission à
leurs parents.
Pourquoi les parents sont-ils sur terre si ce n'est pour
faire savoir à leurs enfants ce que Dieu attend d'eux? Exiger d'un enfant des
actes d'obéissance qui lui coûtent, c'est le moyen de le rendre vertueux et de
le former à la patience: cet enfant ne s'irritera pas devant les contrariétés
qu'il aura à rencontrer tout au cours de sa vie.
Les parents sont les délégués de Dieu auprès de leurs
enfants. Ils ont reçu de Dieu le droit et l'obligation d'exercer leur autorité
sur leurs enfants. Le Seigneur leur demandera un compte rigoureux de l'usage
qu'ils auront fait du pouvoir qui leur est confié. Ils ne doivent jamais rien
commander qui soit contraire à la loi divine.
En retour, les enfants devront répondre devant Dieu de
leur devoir d'obéir à leurs parents, en acceptant et en conservant tout au long
de leur vie, la bonne éducation qui leur a été donnée par leurs parents.
Les parents doivent faire régner autour d'eux, par leurs
paroles et par leurs bons exemples, le respect de l'autorité paternelle et
maternelle. Ils répéteront souvent à leurs enfants que Dieu leur commande de
respecter les auteurs de leurs jours, de les aimer et de leur obéir. Aussi, ils
se garderont de se critiquer entre eux, ou de critiquer leurs propres parents
devant leurs enfants. Honorant leur rôle de parents comme
représentants de Dieu dans la famille, attentifs à exécuter toutes ses volontés,
les parents apprendront ainsi à leurs enfants le respect et l'obéissance, non
seulement envers eux-mêmes, mais aussi envers toute autorité légitime que Dieu
place sur leur route.
Sans obéissance aux autorités constituées, il n'y a ni
paix, ni sécurité, ni union dans une société. C'est l'anarchie.
Sur le plan de l'autorité parentale, on peut observer
plusieurs comportements significatifs: 1- Les parents qui
sont à la fois trop indulgents pour eux-mêmes et pour leurs
enfants sont portés à être libertins, c'est-à-dire trop amis de la
liberté, parce que, peu soucieux de leurs devoirs, ils ne savent pas prévenir
les dangers. Ils laissent tellement de liberté à leurs enfants que ceux-ci se
retrouvent vite sans repère pour diriger leur vie. L'excès de liberté distrait
l'enfant de ses obligations et affaiblit le rôle de l'autorité parentale.
2- Les parents qui sont également trop sévères pour leurs
enfants et pour eux-mêmes s'adonnent à de fâcheux extrêmes en voulant
trop bien faire. "Il est bon de tenir la bride haute pour empêcher un cheval
de broncher, mais encore ne faut-il pas l'empêcher de marcher". Si les
parents doivent être le modèle de leurs enfants, ils leur doivent l'exemple de
la douceur. Les parents doivent se faire obéir sans violence, mais pour qui
seront-ils doux, s'ils sont pour eux-mêmes d'une rigueur excessive?
3- Les parents qui sont trop rigides pour
eux, pour leurs enfants trop pleins d'indulgence laissent toujours à
leurs enfants le bénéfice du doute, comme pour leur permettre de s'amender
volontairement. Ils ont jusqu'à un certain point raison d'interpréter
favorablement les actions de leurs enfants, qu'ils ne connaissent jamais
parfaitement, et de se juger eux-mêmes plus sévèrement, parce qu'ils se
connaissent mieux. Nous devons avoir de l'indulgence, pour ceux qui tombent par
surprise, par fragilité et sans une malice réfléchie. 4-
Les parents qui sont rigides pour leurs enfants, mais indulgents
pour eux-mêmes imposent à leurs enfants une conduite qu'ils ne
s'appliquent pas à eux-mêmes. Ils deviennent intransigeants pour leurs enfants
dont ils attendent toujours davantage. Cette attitude décourage l'enfant
puisqu'il n'a jamais la satisfaction de bien correspondre aux exigences de ses
parents.
5- Outre ces quatre comportements, il y en a un cinquième,
celui du juste équilibre:
Dans celui-ci, les parents suivent ce grand précepte qui dit: "Faites à
autrui ce que vous voudriez qu'on vous fasse. Traitez les autres comme vous
voudriez être traité, comme vous vous traitez vous-même". Selon les règles
de la prudence chrétienne, celui-ci est la conduite à suivre pour les personnes
en autorité, selon le cœur de Dieu.
L'autorité
parentale doit s'accompagner de douceur dans la fermeté. C'est l'équilibre de
ces deux qualités qui rend l'autorité efficace et qui rend le fardeau de
l'obéissance plus léger.
Il faut que les parents fassent sentir leur amour à
travers les ordres qu'ils donnent à leurs enfants et que les enfants expriment
leur confiance en suivant fidèlement les recommandations et les conseils de
leurs parents.
Nous ne devons pas nous aimer moins que nous n'aimons le
prochain, et la charité veut que nous nous traitions avec autant de ménagement
et de douceur qu'elle l'exige pour lui. Les parents les mieux équilibrés donnent
beaucoup d'importance à la patience, et la considèrent comme une vertu des plus
indispensables dans la vie quotidienne.
La sollicitude la plus attentive et la vigilance la plus
exacte resteraient stériles sans la correction. Si c'est un devoir de charité
pour tout chrétien de reprendre avec douceur celui de ses frères qu'il voit
tomber dans le péché, c'est pour les parents un devoir d'état de corriger leurs
enfants.
À cause de la nature humaine corrompue par le péché
originel, les enfants naissent avec des tendances au mal. En même temps que
leurs membres se fortifient, leurs tendances se développent et menacent
d'envahir comme une mauvaise herbe le jardin de leur âme, en y étouffant tous
les germes du bien.
Si on le suit d'un œil attentif, l'enfant paraîtra vite
enclin à l'orgueil et à la sensualité: il demandera avec opiniâtreté ce qui peut
lui être nuisible; on le verra se fâcher et bousculer les personnes autour de
lui qui ne s'empressent pas de lui accorder tous ses caprices.
La plupart des parents ferment les yeux sur ces premières manifestations des
passions: c'est une éducation sans portée, sans profondeur et sans vigueur. Mais
les parents chrétiens s'occuperont des défauts qui sont la source de ces
comportements.
Laisser grandir les mauvaises tendances, ce serait faire
le malheur des enfants. Les parents faibles qui s'amusent par fausse tendresse
avec les caprices et les passions de leurs fils et de leurs filles, pendant leur
enfance, n'ont pas prévu tout ce qu'ils auront à souffrir un jour de
l'ingratitude, et des emportements de ces malheureux enfants. Car la tendre
enfance est le meilleur temps pour corriger l'enfant et éviter qu'il ne
s'endurcisse dans le mal et qu'il en vienne à ignorer les réprimandes de ses
parents.
Si les parents remplissent leurs obligations avec toute
l'énergie de leur âme, le Seigneur bénira leurs efforts et lors même qu'ils
apporteraient en naissant les germes les plus destructeurs, leurs enfants
deviendront de bons chrétiens. Mais il ne faut pas tarder à se mettre l'œuvre.
C'est souvent par manque de fermeté que des enfants
peuvent devenir des êtres insupportables.
Un
bon parent doit s'armer de force et d'énergie pour reprendre et châtier, malgré
la répugnance naturelle qu'on éprouve à faire de la peine à ceux qu'on aime.
Cette fermeté est inspirée par un amour véritable, par un amour chrétien.
Les enfants eux-mêmes le reconnaissent souvent en avançant
en âge; plus tard, ils font l'éloge des réprimandes qu'ils ont reçues et des
punitions qu'on leur a infligées dans leurs premières années, tandis qu'au
contraire, ils déplorent l'indulgence excessive de ceux qui ont laissé grandir
les mauvaises inclinations de leur enfance.
Quel châtiment Dieu ne réserve-t-Il pas à ces parents qui
ferment les yeux sur les fautes de leurs enfants, qui excusent tout, qui
pardonnent tout, jusqu'aux pires outrages faits à la loi de Dieu, et n'ont que
des louanges pour ceux en qui l'illusion ne leur laisse découvrir que des
qualités !
Il
y a trop peu de parents qui s'appliquent vraiment à découvrir les défauts de
leurs enfants, qui veulent les connaître sérieusement, qui permettent même qu'on
les leur fasse connaître. Il semblerait même qu'on ne peut plus dire la vérité à
certains parents sur leurs enfants sans les blesser eux-mêmes, sans les offenser
personnellement.
Certains parents gardent rancune de les avoir crus sur
parole, lorsqu'ils disent du mal de leur enfant. Mais, il y a aussi des parents
si faibles qu'il faut les tromper pour qu'ils soient contents, ou d'autres qui,
lorsqu'on s'obstine à leur dire la vérité sur leur enfant, se retirent là où ils
savent qu'on ne leur parlera plus aussi franchement et qu'on ne leur dira plus
la vérité qu'ils ne veulent pas entendre.
Les parents chrétiens ne se contentent pas seulement de
connaître les défauts de leurs enfants. Après les avoir découverts, ils s'arment
d'une énergique résolution pour les corriger, et pour cela ils n'épargnent ni
les avertissements, ni les réprimandes, ni même les châtiments.
Ils aiment mieux voir couler un instant les larmes de
leurs enfants, que d'être obligés plus tard de pleurer amèrement à leur sujet.
L'enfant ne commet-il que l'omission la plus légère, qu'ils ont soin de
l'avertir avec douceur, et si c'est une faute plus grave, aux avertissements ils
ajoutent des reproches.
Si quelquefois les parents sont indulgents pour les fautes
de légèreté, jamais ils ne pardonnent les manques de respect. Ils ne laissent
jamais l'enfant sous une impression de peine: après l'avoir châtié, ils
l'encouragent; mais, néanmoins, ils ne s'humilient pas devant lui en le
cajolant; ils craignent avec raison de lui donner à penser qu'ils ont eu tort de
le punir.
Jamais les parents ne laisseront passer inaperçues des
fautes pour lesquelles ils se sont montrés d'abord justement sévères. C'est, en
effet, paraître agir par inconstance que d'être tour à tour sévère et indulgent
sur le même point.
Certains parents n'osent pas punir un enfant dont la
susceptibilité ne peut supporter ni punition ni réprimande. Une telle faiblesse
est de nature à faire le malheur de l'enfant dont on respecte ainsi l'excessive
sensibilité. Quand, plus tard, cet enfant aura à subir les humiliations et les
contrariétés dont la vie est pleine, il pourra difficilement porter le fardeau
de l'épreuve dont on l'a ménagé en laissant croître en lui la
susceptibilité et l'amour-propre. Sans doute, c'est avec de tels enfants surtout
qu'il faut savoir attendre le moment favorable pour placer une correction, mais
jamais il ne faut l'omettre.
Les parents chrétiens, enfin, ne se lassent pas de
réprimander et de punir, tant que les fautes se renouvellent. Sans cette fermeté
persévérante, la correction n'atteindrait pas son but, qui est de déraciner les
défauts de l'enfant.
Les parents doivent supporter toutes les charges de leur
état dans la foi et dans la soumission à la volonté divine. Ils ne doivent
jamais laissent échapper un geste ou une parole d'impatience à l'égard de leurs
enfants, et ils doivent surmonter le feu de leur colère.
Toute fermeté dont la bonté n'est pas le fond, est une
fermeté fausse. Les parents ne doivent pas agacer leurs enfants par une trop
grande sévérité, mais ils doivent les corriger à-propos, au bon moment. La tige
recourbée d'une jeune plante se rompt sous la main qui la redresse trop
brusquement. |