Ils sont doux les fruits d'une éducation vraiment
chrétienne. Instruits de leurs devoirs et généreux à les accomplir, les parents
veillent avec sollicitude sur celui à qui ils ont déjà donné la vie, mais à qui
ils veulent donner une seconde vie par l'éducation. Ils lui apprennent à
connaître Dieu et à l'aimer; réprimant tous les mouvements vicieux qui partent
du cœur de leur enfant, ils façonnent à la vertu cette âme encore tendre qui,
semblable à une cire molle, est susceptible de prendre toutes les formes qu'on
lui imprime.
Protégé par les parents, cet enfant grandit en sagesse en
même temps qu'en âge; l'habitude des vertus se fortifie en lui; il conserve
toute sa vie le souvenir des conseils et des leçons de ses parents. Jusqu'à la
fin il observera la loi de Dieu; ou si, dans un moment d'orage, il se laisse
égarer hors du sentier qu'on lui a tracé et s'abandonne au gré de ses passions,
un jour de calme viendra où, se souvenant des soins dont ses parents ont entouré
son enfance, il se rappellera leurs tendres recommandations et le bonheur qu'il
a goûté tant qu'il y a été fidèle; des larmes de repentir couleront de ses yeux
et purifieront son cœur; il ne mourra point sans l'espérance du bonheur éternel
qu'il devra à l'éducation chrétienne dont ses parents l'ont entouré.
Cette paix qui surpasse tout sentiment, l'estime des
hommes, le succès dans les affaires, et une santé florissante, sont autant
d'avantages que souvent le juste reçoit en ce monde, et dont il est redevable à
une bonne éducation. Les parents qui mettent tous leurs soins à former de bonne
heure leur enfant à la vertu et à graver en son âme l'amour de Dieu, se
réjouiront à son sujet pendant toute leur vie. Quel bonheur pour les parents de
penser qu'en formant leurs enfants aux devoirs du chrétien, non seulement ils
recueilleront d'eux l'amour et le respect, mais encore qu'ils préparent en eux
des élus pour le Ciel et, pour la société, des citoyens utiles.
Plus que jamais la société a besoin que la jeunesse soit
sainement et véritablement élevée. Comprise et pratiquée comme elle doit l'être,
l'éducation façonne le caractère, l'assouplit, le plie à une dépendance et à des
obligations légitimes, en même temps qu'elle lui communique l'énergie pour de
saintes résistances, lui inspire les nobles sentiments et les dévouements
généreux, tout ce qui fait l'homme, en un mot.
À la vue de la génération actuelle, sans cesse en révolte
contre l'obéissance et le devoir, uniquement passionnée pour la jouissance et le
bien-être qui l'énervent, ne suivant d'autre guide que l'égoïsme, comment ne pas
s'alarmer pour la société ainsi ébranlée jusque dans ses fondements, et
qu'espérer d'elle encore, si une bonne éducation donnée à la jeunesse ne vient
raffermir les bases de cette société chancelante?
Les parents donc qui négligeraient le grand devoir de
l'éducation, se rendraient coupables à la fois envers Dieu, envers leurs
enfants, envers eux-mêmes et envers la société.
Mais il ne suffit pas du bon vouloir des parents, ils
doivent aussi s'instruire de ce qu'exige la mission d'éducation qui leur est
confiée, car l'éducation est un grand art et une science profonde et difficile;
c'est la science nécessaire de l'état des pères et des mères; c'est le devoir
impérieux de leur vocation; l'ignorer ne serait pas excusable, car rien n'excuse
ce qu'on devrait savoir. Car rien ni personne ne peut remplacer les parents dans
l'éducation de leurs enfants.
C'est aux parents d'éveiller dans leurs enfants les
premières lueurs de leur intelligence, de les entourer de leur tendresse et de
leur affection, de leur montrer le chemin du bien, de la foi et de la vertu.
C'est aux parents de doter leur enfant d'une âme chrétienne, comme ils lui ont
donné un corps humain. À l'extérieur de la famille, nul dévouement ne pourra
jamais suppléer la sollicitude paternelle et maternelle.
Plus tard, quand le tempérament moral de l'enfant se sera
fortifié sous l'action bienfaisante de la famille, il devra souvent quitter pour
ses études ou pour son travail, mais ses parents le soutiendront, pour
l'encourager dans le bien et l'appuyer dans ses efforts.
Les devoirs du père à l'égard de l'enfant sont les mêmes
que ceux de la mère. Comme la mère, il doit posséder la science de l'éducation,
et comme elle, il doit mettre tous ses soins à cultiver l'esprit et le cœur de
ceux qui lui doivent la vie.
Trop souvent préoccupés par les intérêts matériels, les
parents oublient ce qu'ils doivent à la culture morale et religieuse de leurs
enfants. La meilleure éducation commande l’accord des deux époux dans la plus
parfaite harmonie possible. Le meilleur moyen d'arriver à la parfaite
participation des deux parents consiste alors à ce que chacun ne se contente pas
de sentir lui-même l'importance d'une bonne éducation, mais qu'il le fasse
comprendre aussi à son conjoint.
Leur amour doit les pousser à concourir à cette grande
œuvre; car si l’un des deux refuse de se joindre aux efforts d’éducation de
l’autre, il viole la plus sérieuse de ses obligations et, par conséquent, il
rend la tâche d'éducation familiale beaucoup plus difficile.
Dieu fait à l'un et à l'autre un devoir d'élever pour le
Ciel les fruits de leur union; il demandera compte de ces talents qu'il leur a
confiés; ils lui rendront âme pour âme, s'ils laissent perdre par leur
négligence ceux que Dieu avait mis sous leur garde. Si on n'a pas assez de foi
pour être touché par ces considérations, cependant si graves et si pleines de
vérité, au moins faut-il comprendre qu'il n'y a qu'une éducation chrétienne qui
puisse rendre un enfant heureux ici-bas, et en faire la consolation et l'appui
de ses parents.
Si le père et la mère entrent dans ces vues, ils ouvriront
les yeux sur les défauts de leurs enfants, afin de pouvoir les réprimer d'une
main ferme. Ils trouveront ensemble les moyens à employer pour préserver
l'enfant du vice. Ils chercheront à prévoir les dangers que l'enfant peut
rencontrer, afin de l'en éloigner. Ils devront se soutenir mutuellement dans
leurs efforts, pour mener à bien une entreprise aussi sérieuse que celle de
l'éducation de leur enfant. Ils porteront ensemble cette charge commune.
Si les enfants doivent trouver dans l'éducation publique
de mauvaises mœurs et l'impiété, il vaut mieux mille et mille fois qu'ils
demeurent ignorants, ou qu'ils reçoivent une éducation moins parfaite, que de
venir à perdre leur foi et flétrir leur vertu. Jamais un père et une mère ne
s'appliqueront trop à faire le bon choix qui implique d'une manière si sérieuse
leur conscience et leur cœur, l'honneur et le bonheur de leur vie; rien ne peut
être décidé au hasard.
Les parents ne doivent pas cesser, ni même ralentir, quand
l'éducation touche à sa fin. La tâche d'un père, d'une mère, est loin d'être
achevée à ce moment; c'est même alors que commence pour eux le plus sérieux des
devoirs, celui qui est à la fois le plus difficile et le plus nécessaire à
remplir…
Et pourtant, beaucoup de parents sont persuadés que l'éducation finit à
l'adolescence et qu'un enfant qui a atteint sa majorité est élevé ou ne le sera
jamais; qu'on peut le laisser à lui-même; qu'il ne faut plus intervenir dans sa
vie; que ce serait faire plus de mal que de bien, etc. Et sur ces faux
prétextes, ils abdiquent définitivement.
C'est bien dommage si les parents n'osent plus le
reprendre, ni lui indiquer ses devoirs. Quand l'enfant est abandonné au moment
même où ses passions commencent à s'emparer de lui, il a le plus urgent besoin
d'être retenu avec une force et une tendresse nouvelle. Il a encore besoin des
conseils judicieux de ses parents. Il doit apprendre à user prudemment de sa
liberté. C'est le moment pour les parents d'achever une éducation plus
nécessaire que jamais. Le champ cultivé avec soin redevient stérile si on
néglige ensuite la culture.
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Entre l’enfant et ses parents, il existe
un lien sacré et divin
que nul n’a le droit de briser.
Ce lien rend les parents responsables
du bonheur de l’enfant, et l’enfant redevable
à ses parents, jusqu’à la mort.
(John L. Rimae) |
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