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Les Divines Paroles
par le Rév. Père Auguste Saudreau, dominicain
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"DIEU MISÉRICORDE"
(PARTIE 5a)
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Partie
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L'OCéAN DE LA
MISéRICORDE
«Je suis, a dit le
Seigneur à la Mère
Anne-Marguerite Clément,
la grande mer et le
vaste océan de
miséricorde, sans fond
ni rive. Je veux que tu
t'abandonnes à moi sans
réserve.» ( Vie, 1915,
p. 284 )
«Ma miséricorde fait avec ma charité comme le fond
de mon être», a-t-Il dit à sainte Marie-Madeleine de
Pazzi. (IVe part., ch. X) «Ma miséricorde, dit le
Père Éternel à sainte Catherine de Sienne, est, sans
aucune comparaison, beaucoup plus grande envers vous
que tu ne peux le voir, car ta vue est imparfaite et
finie, tandis que ma miséricorde est infinie et
parfaite. Il y a donc entre ton appréciation et la
réalité toute la distance du fini à l'infini.»
(Dialogue, ch. XXXI)
LE MONDE PERDU
LE MONDE RACHETÉ
ENSEIGNEMENT DE DIEU
à STE CATHERINE DE SIENNE
«Je vous ai donné le Verbe, mon Fils unique, parce
que le genre humain tout entier était corrompu par
le péché du premier homme, et que, sortis de la
chair viciée d'Adam, vous ne pouviez plus acquérir
la vie éternelle. J'ai voulu unir ma grandeur
infinie à la bassesse de votre humanité, afin de
vous rendre la grâce qu'avait détruite le péché. Je
ne pouvais souffrir comme Dieu la peine que ma
justice réclamait pour le péché, et l'homme était
incapable d'y satisfaire, puisque l'offense était
commise contre moi, qui suis la bonté infinie. C'est
pour cela que j'ai envoyé le Verbe, mon Fils, revêtu
de votre nature déchue, afin qu'il souffrît dans la
chair même qui m'avait offensé, et qu'il endurât la
douleur jusqu'à la mort ignominieuse de la croix. Il
satisfit ainsi à ma justice, et ma miséricorde put
pardonner à l'homme et lui rendre encore accessible
la félicité suprême pour laquelle il avait été créé.
La nature humaine unie à la nature divine racheta le
genre humain, non seulement par la peine qu'elle
supporta dans la chair d'Adam, mais par la vertu de
la divinité, dont la puissance est infinie. Il ne
resta plus de la tache originelle après le baptême
qu'un penchant au mal, une faiblesse des sens, qui
est dans l'homme comme la cicatrice d'une plaie.»
(Dialogue, ch. XIV)
La miséricorde combat le désespoir, la présomption
et l'endurcissement. C'est ma miséricorde qui fait
espérer l'homme en ma miséricorde pendant sa vie. Je
ne lui accorde pas cette grâce pour qu'il m'offense,
mais pour qu'il se livre à ma charité et à la
considération de ma bonté. Il fait le contraire,
quand il m'offense, parce qu'il compte sur ma
miséricorde. Cependant je le conserve dans
l'espérance de ma miséricorde, afin qu'au moment de
sa mort il puisse s'y attacher, et qu'il ne périsse
pas en tombant dans le désespoir, car ce qui est le
plus odieux pour moi et le plus malheureux pour lui,
c'est le désespoir. Ce dernier péché est plus grand
que tous ceux qu'il a commis. Ce qui fait que ce
péché m'irrite et lui nuit plus que les autres,
c'est qu'il y a dans les autres péchés un certain
plaisir, un entraînement des sens, et qu'on peut en
avoir un regret qui attire la miséricorde; mais dans
le péché de désespoir, comment prétexter la
faiblesse, puisqu'on n'y trouve aucune jouissance,
mais au contraire, une peine insupportable?
Le désespoir est le mépris de ma miséricorde; il
fait croire la faute plus grande que ma miséricorde
et ma bonté. Celui qui tombe dans ce péché ne se
repent pas et ne pleure pas véritablement de m'avoir
outragé, il pleure son malheur et non mon offense;
et c'est pourquoi il tombe dans l'enfer, où il sera
tourmenté pour ce péché et pour tous ceux qu'il a
commis. S'il se fut repenti de l'offense qu'il
m'avait faite, s'il avait espéré dans ma
miséricorde, il eut trouvé le pardon, car ma
miséricorde est infiniment plus grande que tous les
péchés que peuvent commettre les créatures. Aussi
ceux qui la jugent inférieure à leurs péchés, me
déplaisent plus que tous les autres. C'est là le
péché qui n'est pardonné ni en cette vie ni en
l'autre.
Quand vient l'heure de la mort pour celui qui a vécu
dans le désordre et le crime, le désespoir me
déplaît tant que je voudrais le faire espérer dans
ma miséricorde. C'est pour cela que pendant sa vie
je me suis servi d'un doux stratagème en le laissant
trop compter sur ma miséricorde; l'habitude de
l'espérance l'expose moins à la perdre au moment de
la mort, quand se font entendre les terribles
reproches de la conscience.
«Cette grâce vient du foyer de mon ineffable
charité, mais, parce que l'homme la reçoit avec les
ténèbres de l'amour-propre, d'où procède toute
faute, il la méconnaît, et la douceur de ma
miséricorde n'est, pour son cœur, qu'un motif de
présomption; c'est ce que sa conscience lui reproche
en présence des démons; elle lui rappelle la
patience et la grandeur de ma miséricorde sur
laquelle il comptait. Il devait se livrer à la
charité et à l'amour des vertus, en employant
saintement le temps qui lui était donné, et il s'est
servi du temps et de l'espérance de ma miséricorde
pour m'offenser.» (Sainte Catherine de Sienne,
Dialogue, ch. CXXXII, n° 5, 6,7,8)
«Celui qui m'offense en s'appuyant sur ma
miséricorde ne peut pas dire qu'il espère en ma
miséricorde, il est plutôt coupable de présomption,
cependant il a la foi en ma miséricorde. Si, quand
vient l'heure de la mort, il reconnaît ses fautes et
décharge sa conscience par une sainte confession, la
présomption ces se, et il ne m'offense plus. La
miséricorde lui reste, et, avec cette miséricorde,
il peut, s'il le veut, se rattacher à l'espérance.
Sans cela il ne pourrait éviter le désespoir, qui
l'entraînerait avec les démons dans l'éternelle
damnation.» (Ibid., n° 4)
«Personne ne sera rejeté s'il espère dans le sang de
mon Fils et dans ma miséricorde; mais personne aussi
ne doit être assez aveugle et assez insensé pour
attendre à ce dernier moment.» (Ibid., ch. CXXIX)
PROVIDENCE
MISÉRICORDIEUSE DE DIEU
envers les pécheurs
Voici une instruction donnée par Dieu à sainte
Catherine de Sienne:
« Pour ceux qui sont dans la mort du péché, je
réveille leur conscience par la douleur de
l'aiguillon qu'ils ressentent au fond de leur cœur,
par les peines qu'ils éprouvent dans leur cœur et
par des moyens si variés que la parole humaine ne
saurait les dire; les remords et les peines qu'ils
éprouvent les éloignent bien souvent du mal.
Quelquefois aussi, lorsque je vois l'homme qui
penche vers le péché mortel et vers l'amour
désordonné de la créature, je lui ôte l'occasion et
le temps de céder à sa volonté mauvaise; et alors la
tristesse qu'il en éprouve le fait rentrer en
lui-même, réveille le cri de sa conscience et le
guérit de la folie où il était tombé. Qui me fait
agir de la sorte? Ce n'est pas le pécheur qui ne me
cherche pas et qui ne demande le secours de ma
providence que pour pécher, ou pour jouir des
richesses, des plaisirs et des honneurs du monde,
c'est mon amour qui me pousse, car je vous ai aimés
avant votre naissance. »
«Je suis aussi forcé d'agir ainsi par les prières
des serviteurs fidèles, qui, par la grâce du
Saint-Esprit, pour ma gloire et pour l'amour du
prochain, demandent avec une ardente charité leur
conversion, s'efforçant d'apaiser ma colère et de
lier les mains de ma justice, sous les coups de
laquelle le pécheur devrait tomber. Leurs larmes et
leurs supplications me retiennent et me font
violence. Mais qui les pousse à crier ainsi vers
moi? C'est ma Providence qui veille aux besoins de
ceux que tue le péché; car il est écrit: je ne veux
pas la mort du pécheur, mais qu'il se convertisse et
qu'il vive.» (Dialogue, ch. CXV)
DIEU PRESSE SES AMIS
DE PRIER POUR LES PÉCHEURS
Notre-Seigneur se présentant à Marguerite-Marie, un
jour qu'elle était devant le Saint Sacrement, lui
dit:
«Ma fille, veux-tu bien me sacrifier les larmes que
tu as versées pour laver les pieds de ma bien-aimée,
qui s'est rendue coupable en suivant un étranger.»
Mon Seigneur, lui répondit-elle, je vous ai tout
sacrifié, ne m'étant réservé ni intérêts, ni
prétentions en ce que je ferai, que ceux du bon
plaisir de votre Cœur Sacré.
Deux fois Notre-Seigneur lui fit la même demande,
lui disant que l'âme de sa bien-aimée, tombée dans
le péché, désirait en sortir; qu'elle était entrée
dans un purgatoire pour se purifier et qu'il lui
fallait ce secours.
Quelques temps après, Il lui dit que sa bien-aimée
c'était la Visitation, qui ne devait avoir qu'un
cœur et qu'une âme; que ce purgatoire était la
solitude, (la retraite annuelle), ajoutant:
«Ma fille, donne-leur ce dernier avertissement de ma
part: Que chacune rentre en soi-même pour faire
profiter la grâce que je lui présente par le moyen
de ma sainte Mère, car celles qui n'en profiteront
pas demeureront comme des arbres secs qui ne
rapportent plus de fruits. Elles pourront encore
recevoir quelques lumières de ma sainteté de justice
qui, en éclairant le pécheur, l'endurcit, lui fait
voir le mauvais état où il est, sans lui donner
aucune grâce victorieuse pour l'en retirer, ce qui
le jette dans le désespoir ou le rend insensible à
son propre malheur. Voilà l'un des plus rigoureux
châtiments de ma sainteté de justice, dont elle
punit le pécheur impénitent.»
(Ed. Gauthey, II,
p.172)
PERSONNE N'ÉCHAPPE
À LA MAIN DE DIEU
«Apprends, ma fille, dit le Seigneur à sainte
Catherine de Sienne, que personne ne peut échapper à
mes mains, parce que je suis celui qui suis. Vous
n'avez pas l'être par vous-mêmes, mais vous êtes
faits par moi, qui suis le Créateur de toutes les
choses qui participent à l'être, excepté le péché
qui n'est pas (car il n'a pas été fait par moi), et
comme il n'est pas en moi, il n'est pas digne d'être
aimé.
La créature se rend coupable parce qu'elle aime le
péché qu'el le ne devrait pas aimer et parce qu'elle
me hait, moi, qu'elle devrait tant aimer puisque je
suis le Souverain Bien, et que je lui ai donné
l'être avec tant d'amour. Mais elle ne peut
m'échapper, car ou elle est punie par ma justice
pour ses fautes, ou elle est sauvée par ma
miséricorde.
Ouvre donc l'œil de ton intelligence et regarde ma
main et tu verras la vérité de ce que je te dis.»
Catherine, pour obéir à l'ordre du Père suprême,
regarda et vit dans sa main l'univers entier.
– «Ma fille, vois et comprends que personne ne peut
m'échapper, tous sont le sujet de ma justice ou de
ma miséricorde, car tous ont été créés par moi et je
les aime d'un amour ineffable, et malgré leurs
iniquités je leur ferai miséricorde par le moyen de
mes serviteurs et je t'accorderai ce que tu m'as
demandé avec tant d'amour et tant de douleur.»
(Dialogue, ch. XVIII)
LA MISÉRICORDE
S'ÉTEND AUX PAÏENS
comme aux chrétiens
Le Seigneur donna à sainte Brigitte cette consolante
instruction:
«Je fais miséricorde aussi bien aux païens qu'aux
Juifs et il n'y a aucune créature en-dehors de ma
miséricorde, car quiconque pense que ce qu'il croit
est la vérité, parce qu'il ne lui a jamais été
prêché rien de meilleur, et fait de toutes ses
forces ce qu'il peut, sera jugé avec miséricorde. Si
rien n'a empêché les infidèles de rechercher le vrai
Dieu, ni la difficulté, ni la crainte de perdre
l'honneur et les biens, mais seulement un
empêchement humain, moi qui ai vu Corneille et le
Centurion qui n'étaient pas baptisés être grandement
récompensés, je sais qu'ils seront rémunérés comme
leur foi l'exige.»
(Liv. III, ch. XXVI)
COMBIEN DIEU A HÂTE
DE PARDONNER
«Il n'y a pas de si grand pécheur auquel je ne
remette aussitôt, s'il se repent sincèrement, tous
ses péchés, et sur qui je n'incline mon Cœur avec
autant de clémence et de douceur que s'il n'eût
jamais péché.»
– S'il en est ainsi, demanda sainte Mechtilde,
comment se fait-il que l'homme misérable n'en
ressente rien?
Le Seigneur répondit:
– «Cela vient de ce qu'il n'a pas encore perdu tout
le goût du péché. Si, après sa conversion, l'homme
résistait avec force aux vices, de manière à
extirper tout le goût et la délectation du péché,
sans aucun doute il ressentirait la douceur de
l'Esprit divin.»
(IVe part., ch. LVIII)
LA MISÉRICORDE, FRUIT DE
L'AMOUR, EST PLUS GRANDE
que nos infidélités
«Sais-tu bien, ma très chère fille,
dit le Seigneur à Madeleine Vigneron, que tu
appartiens à ce grand Dieu éternel et tout-puissant
et qu'Il t'aime plus que tu ne Lui es infidèle.»
(IVe
part., liv. LXII, avril 1667)
Le Père éternel dit à Sœur Mechtilde:
«Mon Cœur ne peut persister à repousser de moi le
pécheur; c'est pourquoi je le poursuis si longtemps
jusqu'à ce que je le saisisse.»
Et l'âme de Jésus dit à son tour:
«Dans la Sainte Trinité, sans interruption, j'offre
à tout moment tous les pécheurs de la terre, afin
que Dieu ne les laisse pas tomber dans l'éternel
abîme.» (Liv. Ier,
ch. XIV)
Sainte Catherine de Gênes vit un jour un rayon
d'amour sortir de la source divine et se diriger
vers l'homme pour le faire mourir à lui-même, et il
lui fut montré que lorsque ce rayon rencontre des
obstacles, il en résulterait une des plus grandes
peines que Dieu pût avoir, s'il était possible que
Dieu eût de la peine. Ce rayon entoure l'âme de
toutes parts pour entrer en elle; mais l'âme,
lorsqu'elle est aveuglée par l'amour propre, ne
l'aperçoit pas.
Et elle comprit que lorsque Dieu voit une âme se
damner sans pouvoir la pénétrer à cause de son
obstination, Il semble dire:
«L'amour que je lui porte est si grand que jamais je
ne voudrais l'abandonner.»
Quant à l'âme privée de l'amour divin, elle devient
quasi aussi méchante que cet amour lui-même est
suave et bon. Je dis quasi parce que Dieu fait
encore quelque miséricorde. Il lui parut que le
Seigneur disait encore:
« Par ma volonté je ne voudrais jamais que tu
puisses te damner; l'amour que je ressens pour toi
est tel que, s'il m'était possible de souffrir à ta
place, je le ferais avec joie, mais si tu pèches,
l'amour ne pouvant demeurer avec le péché, je suis
forcé de t'abandonner. Unie à moi, tu serais capable
de toute béatitude, mais séparée de moi, tu deviens
capable de toute espèce de mal. »
(Dialogue, Ière
part., ch. VIII)
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