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Les Divines Paroles
par le Rév. Père Auguste Saudreau, dominicain
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"DIEU JUSTICE"
(PARTIE 4a)
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Partie
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DIEU CORRIGE SéVèREMENT
LES âMES FIDèLES
mais Il corrige en Père
Jeanne-Bénigne Gozoz s'étant trop arrêtée à
réfléchir sur son peu de mérites et sur ses
infidélités, Notre-Seigneur lui fit connaître que ce
retour sur elle-même, qui dénotait sans doute trop
peu de confiance en Dieu, ne Lui agréait pas:
«Tu veux toujours te plaindre et parce que je te
gratifie avec des distinctions si merveilleuses, tu
voudrais te voir sans défaut. Eh bien, je vais te
punir rigoureusement; choisis donc une de ces trois
punitions: la première de ne trouver plus de
satisfaction en rien que tu fasses et qui te soit
offert; la deuxième que tu sois attaquée de grands
maux corporels; la troisième que le prochain ne
trouve plus en toi la douceur qu'il a trouvée
jusqu'ici ici.»
Contre son ordinaire de laisser à Dieu le choix
de tout ce qui la concernait, elle choisit soudain
la première et la dernière, sentant une grande
opposition et aversion à la deuxième. à ce coup, son
époux se plaignit fortement:
«Eh quoi, dit-Il, ne pourrai-je donc point
encore disposer de cette ingrate à mon élection et à
ma volonté!»
Alors, raconte-t-elle dans ses mémoires, Il me
dit en termes exprès que je ne serais jamais sans
souffrance corporelle. Je m'y soumis, Lui demandant
un humble pardon et Lui promettant une soumission
aveugle. Au même instant ce Dieu «qui blesse et qui
guérit, qui tue et vivifie» (Dt, XXXII, 39) vint
fondre sur moi par un torrent de grâces en me
disant:
«Eh bien, tu souffriras les trois châtiments.»
Mais je n'eus pas lieu de me plaindre de cet
arrêt, me trouvant d'autre part comblée de biens.
(Vie, ch. V)
LES PéCHéS DES HOMMES
attirent les châtiments divins
Le jour de la fête de la purification de Marie,
Notre-Seigneur dit à Marguerite de Cortone:
«Sache que le monde sera affligé de différentes
tribulations pour les péchés dont il se rend
coupable. La multitude des iniquités des hommes
s'est tellement accrue en ce siècle que je puis te
dire que c'est à peine si j'ose prier mon Père pour
eux, et ma Mère elle-même, l'avocate des pécheurs,
redoute de le faire près de moi, son Fils, à cause
de tant d'iniquités.»
Après cette révélation divine, les Sarrasins
remportèrent la victoire, et des maux incalculables
fondirent sur Rome, la Toscane, la Sicile,
l'Angleterre, la France et sur beaucoup d'autres
provinces. (Vie, ch. IX, § 32)
Le second dimanche de l'Avent, Notre-Seigneur
dit à Marguerite:
«Je te dis que mon peuple ne me reconnaît plus,
qu'il m'oublie et n'a cure de moi. Cependant ces
mépris et ces offenses dont je souffre, je ne m'en
plains pas auprès de mon Père, comme je le fais avec
toi, afin de ne pas attirer sur lui les châtiments
qu'il mérite, mais j'intercède afin de lui éviter
une sentence de condamnation. Je t'avertis que les
pécheurs auront à souffrir d'amères tribulations,
car avant la fin de ce siècle, ils auront à essuyer
les fléaux de la peste, de la famine et de la
guerre. La puanteur de leurs vices, tant du corps
que de l'esprit, est montée jusqu'à moi et je ne
puis plus la supporter. Aujourd'hui la malice des
chrétiens pour inventer de nouveaux crimes surpasse
celle des Juifs au temps de ma passion.»
(Ibid., ch. XI, § 9)
JUGEMENT D'UN MAUVAIS RICHE
Un homme noble, qui se souciait peu de Dieu,
étant à table et blasphémant les saints, mourut
subitement. Sainte Brigitte vit son âme comparaître
au jugement et le Souverain Juge lui dit:
«Bien que je sache toute chose, réponds-moi, et
que Brigitte entende ta réponse: N'as-tu pas entendu
ce que j'ai dit: je ne veux point la mort du
pécheur, mais sa conversion? Pourquoi donc, le
pouvant, n'est-tu pas revenu à moi?»
Il répondit:
«Certes je l'ai entendu, mais je ne m'en suis
pas soucié».
Le Juge dit derechef:
« N'as-tu pas entendu: allez, maudits, au feu
éternel et venez mes élus? »
– « Je l'ai entendu, mais je n'en croyais
rien ».
Le Juge dit encore:
«N'as-tu pas entendu dire que j'étais juste Juge
et éternellement redoutable? Pourquoi donc ne
m'as-tu pas craint?»
– «Je l'ai entendu, mais je m'aimais trop et j'ai
fermé mes oreilles, j'ai endurci mon cœur afin de ne
pas y penser.»
Le Juge dit:
«Il est donc juste que la tribulation et
l'angoisse ouvrent ton esprit, puisque tu n'as pas
voulu entendre quand tu le pouvais».
Alors l'âme fut rejetée et une voix fut entendue
qui disait:
«Comme le premier principe de toute chose n'aura
point de fin, de même ton malheur n'en aura point.»
(Liv. VI, ch. XXVIII)
JUGEMENT D'UN RELIGIEUX INFIDèLE
Parlant d'un moine dissolu, le Seigneur dit à
sainte Brigitte:
«Le cœur de cet homme crie à moi comme par trois
voix. La première dit: Je veux faire mes volontés;
je dormirai et je me lèverai quand il me plaira, je
parlerai selon mon bon plaisir. Ce qui est de mon
goût entrera dans ma bouche. Je ne me soucie point
de la sobriété, mais je cherche l'assouvissement de
la nature; je lui donnerai tout ce qu'elle désire;
je désire avoir de l'argent en ma bourse, des
vêtements moelleux. Quand j'aurai toutes ces choses,
je serai content; c'est en cela que je fais
consister le bonheur.»
La deuxième voix dit:
«La mort n'est pas si dure qu'on le dit; le
jugement n'est pas si sévère qu'il est écrit. Les
prédicateurs nous menacent de choses terribles pour
nous faire prendre garde à bien vivre, mais elles
seront plus douces à raison de la Miséricorde
divine. Pourvu que je puisse accomplir ici mes
volontés, faire ce qui me plaît et jouir de ce qu'il
y a de meilleur, que l'âme aille où elle pourra.»
La troisième voix criait:
«Dieu ne m'aurait point créé s'Il n'eût voulu me
donner le ciel; Il n'aurait pas souffert, s'Il
n'avait pas voulu m'introduire dans la patrie des
vivants. Je ne connais que par ouï-dire le royaume
céleste, je ne sais si je dois croire ou non. Pour
moi, le royaume céleste est ce que je tiens.»
Voilà ce qu'étaient ses pensées et ses
volontés.
«Je vais répondre à la première voix: mon ami,
ta voix ne tend point au ciel; tu ne te plais pas à
considérer ma passion; c'est pourquoi l'enfer t'est
ouvert, car tu désires et tu aimes les choses viles
et basses. Je réponds à la seconde voix: mon fils,
la mort te sera très dure, le jugement te sera
intolérable; il est impossible que tu l'évites; tu
auras une peine très amère, si tu ne te corriges. Je
réponds à la troisième voix: mon frère, tout ce que
j'ai fait, je l'ai fait par amour pour toi, afin que
tu me fusses semblable, et que, si tu t'es retiré de
moi, tu puisses revenir à moi. Or, maintenant, ma
charité a été éteinte en toi; mes œuvres te sont à
charge et à dégoût, mes paroles te semblent des
fadaises, mes voies te paraissent difficiles; c'est
pourquoi il te reste un supplice amer et la
compagnie des diables, si tu me tournes le dos à
moi, qui suis ton très débonnaire Créateur et
Seigneur.»
Or, ce moine infidèle fut tué par ses ennemis et
sainte Brigitte entendit le Seigneur lui dire:
«Va, maudit, aux incirconcis que tu as suivis,
puisque tu n'as pas voulu entendre la voix de ton
Père.» (Liv, ch.
XIX)
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