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Millénarisme
et espérance chrétienne (2)
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QUE REPROCHE-T-ON AU MILLéNARISME ?
Pour nous Chrétiens, il est évident que le
millénarisme ‟charnel” contredit les enseignements
du Christ à propos de la pureté et de la nécessité
de la tempérance en tout. De même, nous voyons
aisément ce qu’il y a de mauvais dans les théories
d’un Paradis terrestre sans Dieu, telles que prônées
par le Nouvel-âge, le communisme, le marxisme ou
encore la chanson ‟Imagine” de John Lennon…
autant d’écoles de pensée qualifiées, par l’Église,
de ‟intrinsèquement perverses”
(perverses en soi).
Quant à lui, le millénarisme ‟mitigé” est plus
subtil dans ses erreurs.
Dans le Catéchisme de l’Église Catholique, cette
dernière nous explique que l’établissement glorieux
du Royaume messianique, devant apporter à tous les
hommes l’ordre définitif de la justice, de l’amour
et de la paix,
ne peut s’achever qu’au-delà de
l’histoire (c’est-à-dire: dans l’éternité), à
travers le jugement eschatologique (le Jugement
dernier). D'ailleurs, Notre-Seigneur, dans sa
description des événements entourant son Retour,
évoque les bouleversements cosmiques de la fin, ce
qui exclut formellement toute possibilité de règne
(temporel) sur la terre. (Mt 24, 29-31 / Mc 13,
24-27 / Lc 16, 25-27)
Nous savons aussi que… ‟Au Jour du Jugement,
lors de la fin du monde, le Christ viendra dans la
gloire pour accomplir le triomphe définitif du bien
sur le mal qui, comme le grain et l’ivraie, auront
grandi ensemble au cours de l’histoire.”
(Catéchisme de l’Église Catholique, #681) L’Église
insiste: c’est lors de la seconde venue du Christ
sur la terre, qu’auront lieu la
résurrection générale (de tous les
morts: bienheureux et damnés), le Jugement
dernier, la transformation du cosmos ( ‟Nouveaux
cieux, nouvelle terre” ) qui deviendra comme une
‟extension” du Ciel, Terre renouvelée et
glorifiée sur laquelle, pour l’éternité, Jésus
et les élus régneront parfaitement, accomplissant
ainsi dans sa plénitude cette demande que nous
réitérons dans chaque ‟Notre Père”: que votre
règne arrive, que votre volonté soit faite sur la
terre comme au Ciel.
On lira avec profit les # 541 à 550, 560, 567,
664, 668 à 682 du Catéchisme de l’Église Catholique,
où toutes ces vérités sont expliquées plus en
détails.
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Que ce soit dans les diverses formules
officielles du Credo, ou encore dans son
enseignement ordinaire, l’Église n’a toujours
enseigné qu’un seul
retour du Christ (et non pas deux, comme le
suggère la théorie du ‟règne intermédiaire”) :
‟… Est assis à la droite du Père,
d’où Il viendra juger les
vivants et les morts”.
(Symbole des Apôtres).
-
Elle n’a jamais non plus enseigné qu’il y
aura une deuxième Ascension (nécessaire si Jésus
revenait une première fois pour un règne
millénaire, puis une seconde fois pour le
Jugement dernier…).
-
La résurrection générale se fera en une
seule fois, et non en étapes séparées par des
siècles. De plus, la défaite de l’Antéchrist
sera définitive.
-
Bref, l’enseignement de l’Église, concernant
les fins dernières de l'homme et de l’univers,
n’a pas changé: la Vérité est immuable. Certes,
il y a des zones de clair-obscur dans les
prophéties apocalyptiques de l’Ancien et du
Nouveau Testament; ceci est voulu par Dieu: Il
nous donne juste ce qu’il faut de lumière pour
savoir, même en temps d’épreuves, que Dieu ne
nous abandonne pas et qu’Il est le Maître de
l’Histoire; et pour nous éclairer sur les
attitudes à adopter dans certaines situations
critiques. D’autre part, Il nous laisse assez de
zones obscures pour que nous puissions pratiquer
l’humilité, l’espérance et une confiance sans
borne en Sa Bonté et Sa Justice.
LA VéRITé VOUS RENDRA LIBRES
Dieu n’aime pas voir ses enfants courir vers des
mirages qui s’évanouissent dès qu’on en approche,
nous laissant dans la désillusion, l’amertume et
parfois même le désespoir. Dieu nous veut libres,
c’est-à-dire capables de connaître le
vrai but à atteindre, les
moyens appropriés pour y
parvenir, et les conséquences découlant de
nos choix. Dans sa pitié et son amour pour les
hommes, Dieu nous donne l’Église comme Mère et
Enseignante, afin de nous dispenser cette Vérité qui
libère.
"L’Église
ne vient pas détruire notre espérance,
mais plutôt la diriger vers son objet
réel qui, lui, ne peut tromper nos
attentes." |
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L’Église ne vient pas détruire notre espérance, mais
plutôt la diriger vers son objet réel qui, lui, ne
peut tromper nos attentes.
D’autre part, l’histoire nous enseigne que le
millénarisme est souvent accompagné d’autres
erreurs, parfois très graves, contre la Foi
Catholique: erreurs touchant la Sainte Trinité,
l’Immaculée Conception, la Divinité du Christ, etc.
Maintes sectes ont vu le jour à partir de cette
théorie, la secte la plus connue aujourd’hui étant
sans doute celle des Témoins de Jéhovah.
De plus, certains leaders religieux, au nom du
millénarisme, se sont autorisés à des pratiques
douteuses, voire immorales. Ainsi ce pseudo-voyant,
bien connu de nos jours dans le milieu des
apparitions, qui prône la polygamie pour lui-même
tout en autorisant la polyandrie(8)
pour ses concubines, déclarant le tout ‟voulu par
Dieu” et justifiant sa conduite par cet adage bien
accommodant: ‟à temps exceptionnels, moyens
exceptionnels”…
Un autre danger attend les adeptes du
millénarisme: celui de développer une mentalité
sectaire. C’est qu’il est fort tentant de se
croire détenteurs d’un secret bien gardé touchant
l’avenir, secret au quel seuls quelques ‟initiés”
ont accès à cause de leurs vertus, et qui leur
assurera une protection matérielle spéciale dans les
temps qui s’en viennent. On se sent meilleur que les
autres ‟pécheurs”, un élu, un choisi… un subtil
orgueil spirituel nous guette. On en vient à
considérer l’Apocalypse comme un écrit ésotérique
dont la signification réelle échappe même à
l’Église; ou, pis encore, dont l’Église cache
délibérément le sens aux fidèles, par respect
humain. Dès lors, le doute s’infiltre dans les
esprits, concernant l’honnêteté de l’Église ou sa
compétence à bien guider ses enfants. On en arrive à
croire davantage les ‟voyants” de tout acabit,
plutôt que le Magistère: ‟Beaucoup de voyants
disent la même chose, c’est sûrement vrai! ” Pas
nécessairement, pourrait-on leur répondre, car
‟dix mensonges ne font pas une vérité”… Il n’y a
que l’Église Catholique à qui Jésus a promis que
‟les portes de l’Enfer ne prévaudront pas contre
elle”.
Enfin, ne prenons pas à la légère
l’avertissement de Jésus, dans l’évangile:
‟Plusieurs [dans les derniers temps] vont se
présenter sous mon nom et dire "C’est moi le
Christ"(…) Si l’on vous dit alors "Le Christ
est ici !" ou bien "Le voilà !" ne le
croyez pas (…) n’y allez pas (…)” (Mt 24)
Il est évident que les tenants du millénarisme
seront très vulnérables à ce
genre d’invitations… surtout si elles sont endossées
par des faux prophètes ou pseudo-voyants…
COMMENT COMPRENDRE
LES PROPHéTIES?
La Bible a pour Auteur suprême Dieu Lui-même qui,
par son Esprit Saint, a inspiré directement tous les
écrivains sacrés. C’est Lui qui leur a fait écrire
tout ce qu’Il voulait voir figurer dans le Livre
Saint, et seulement cela, sans qu’aucune erreur ne
s’y glisse. On ne peut comprendre correctement un
écrit que si l’on connaît la langue de l’auteur.
Puisque la Bible a été écrite avec le langage du
Saint-Esprit, seule l’Église Catholique (qui a reçu
la promesse infaillible de l’assistance de l’Esprit
Saint) peut endosser ou non les explications
fournies par les exégètes
(9)
:
‟La charge d’interpréter de façon authentique la
Parole de Dieu, écrite ou transmise, a été confiée
au seul Magistère vivant de l’Église dont l’autorité
s’exerce au nom de Jésus-Christ (…)”.
(Catéchisme de l’Église Catholique #85)
La Bible compte aussi des auteurs
‟secondaires” (les Prophètes, Moïse, les
évangélistes, etc.) qui ont prêté leur plume
à l’Esprit Saint; les écritures portent donc
également la ‟couleur” de ces écrivains: langue,
expressions particulières liées à l’époque, à leur
culture, style littéraire… En lisant la Bible, il
faut tenir compte de tout cela: tout n’est pas à
prendre au pied de la lettre. Imaginons un peu
l’effroi des lecteurs qui, dans plusieurs siècles
d’ici, comprendraient littéralement un texte
comme: ‟…Sur le coup, il perdit la tête et, bien
qu’il tombait des clous, le lion qu’il était devenu
roula à tombeau ouvert tout en s’envoyant un
sous-marin derrière la cravate…” !!!
Le cas des prophéties, surtout touchant à
l’apocalypse, est encore plus délicat. Le prophète
qui reçoit ces révélations sur le futur, les perçoit
de façon actuelle, au présent; et il les raconte
comme il les voit: le facteur ‟temps” n’est pas
toujours facile à démêler, même pour lui. Dans les
prophéties eschatologiques chrétiennes, on peut même
retrouver des éléments qui appartiennent au présent
ou, encore, au passé. De plus, la même idée, le même
événement peut être décrit plusieurs fois, sous
différents angles ou points de vue.
On pourrait comparer le mode de perception des
prophéties à la façon dont nous percevons une BD ou
un dessin animé. La technique traditionnelle pour
créer ces œuvres consiste à dessiner tout d’abord un
paysage de fond. Par-dessus sera rajoutée une
feuille transparente (acétate), couche sur laquelle
on aura dessiné les maisons du village. Puis, une
autre couche illustrera les personnages secondaires.
Enfin, la dernière couche fera arriver le héros en
premier plan. Chaque couche est indépendante de
l’autre, mais quand on regarde le produit fini, on
ne voit qu’un seul dessin, comme si tous les
éléments se côtoyaient sur la même feuille.
Ainsi en va-t-il souvent des prophéties
apocalyptiques: un seul écrit peut toucher plusieurs
époques en même temps, avoir pour l’une un sens
symbolique et pour l’autre un sens littéral, tout en
donnant l’impression qu’on ne parle que d’un seul
événement. Un exemple facile à comprendre est celui
de la réponse de Jésus à ses disciples qui, l’ayant
entendu dire du Temple de Jérusalem: ‟De ce
temple il ne restera pas pierre sur pierre…”, le
questionnaient sur l’époque où devaient se produire
ces événements, qu’ils croyaient ne faire qu’un avec
la fin du monde. Jésus ne les détrompa pas, et Il
répondit à leurs ‟deux” questions en même temps:
‟Plusieurs se présenteront sous mon nom pour vous
induire en erreur… On vous traînera devant les
tribunaux… mais auparavant il faut que l’évangile
soit prêché à toutes les nations… Quand vous verrez
l’abomination dans les lieux saints, fuyez dans les
montagnes… Alors on verra le Fils de l’Homme revenir
sur les nuées avec puissance et grande gloire… Cette
génération ne passera point que cela ne soit
arrivé…” (Mc 13, 1-37 / Mt 24, 1-36 / Lc 21,
5-33) Et Jésus rajouta aussitôt une phrase
apparemment contradictoire: ‟Le ciel et la terre
passeront, mais mes paroles ne passeront point”.
La raison est simple, nous dit l’Église: ‟cette
génération ne passera pas…” se rattachait à la
partie de la prophétie touchant spécifiquement la
destruction du Temple de Jérusalem (détruit
effectivement quelques années après la mort de
Jésus), tandis que ‟le ciel et la terre
passeront…” appartenait aux éléments de la
prophétie propres à la fin du monde. Ces deux
prophéties se superposaient au point que longtemps
les premiers Chrétiens ont attendu cette fin et le
Retour du Christ pour leur époque, et ce, bien que
Jésus les ait averti que ‟nul ne
connaît le jour ni l’heure de ces événements, par
même les anges, pas même le Fils de l’Homme !”
(10) Avertissement qui vaut encore
pour nous, aujourd’hui…
De plus, les prophéties portent divers niveaux de
compréhension, dans les termes employés. Par
exemple, le mot ‟Jérusalem” signifie tantôt la
capitale de la Judée tantôt la
Judée toute entière, tantôt
l’Église, tantôt l’âme fidèle,
tantôt le Ciel.
Comme on le voit, les Saintes écritures ne se lisent
pas comme un roman ou un livre d’histoire. C’est
pourquoi il faut avoir l’humilité de reconnaître nos
limites, et de nous fier à l’Église
pour nous éclairer sur les passages plus
difficiles.
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(8)
Polyandrie: lorsqu’une femme a plusieurs maris en
même temps.
(9)
Exégètes: personnes qui étudient la Bible, pour la
comprendre et l’interpréter en suivant les règles
spéciales imposées par l’Église, les règles de l’exégèse.
(10)
On comprendra qu’ici Jésus parlait de son savoir
humain qui ignorait cette date. Mais en tant que
Dieu, Il la connaissait de toute éternité.
Cependant, la plupart des Pères et théologiens sont
d’avis que Jésus ne pouvait ignorer cette date, mais
qu’Il signifiait, par cette phrase, qu’il n’entrait
pas dans sa mission de la dévoiler aux hommes.
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