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Dans la grande série
Prophètes et mystiques
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MARIE DES VALLéES
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PAROLES CéLèBRES
(suite)
La richesse, à elle seule, lui semblait
d’ailleurs, selon l’évangile, le plus grand des
périls pour l’âme.
« Peu, disait-elle, sont capables de bien user
des richesses. Il faut un bon estomac pour les
digérer. »
Mortuus est DIVES et sepultus in inferno !
s’écrie-t-elle ; « d’un ton animé » et
frappant du pied, « par un mouvement
extraordinaire et qui ne venait point d’elle »,
en passant devant la maison d’un riche bénéficier
mort récemment.
Elle voit damnée la femme pieuse d’un magistrat
pour avoir accepté des épices (poules, dindes,
quartiers de mouton, etc.), de gens pauvres et
nécessiteux.
Mais elle voit une pauvre ivrognesse sauvée,
pour avoir recueilli une orpheline que des religieux
avaient mise à la porte, croyant qu’elle avait la
peste.
La plupart des gens du pauvre peuple sont
sauvés ; peu le sont parmi les nobles, les gens de
justice, et les belles « demoiselles ».
Voyant un jour passer une pauvre fille mère avec
un enfant et qu’on sifflait, elle pria pour elle, et
Dieu, à sa demande, lui fit miséricorde.
JESUS déclarait que les belles dames riches et
pompeuses, qui vont au bal et passent pour
vertueuses et honnêtes, sont bien plus coupables que
cette malheureuse fille mère.
Beaucoup de riches,
lui dit-il encore,
sont damnés pour n’avoir pas pris part aux
misères des autres. Beaucoup de marchands le sont
pour avoir frelaté leurs denrées.
Elle s'étonnait qu’on ne prêchât point souvent
sur ce point.
Elle plaignait fort le pauvre peuple réduit à la
révolte par les exactions et auquel on refuse
« l’aumône spirituelle et corporelle ».
On venait souvent consulter la sœur Marie des
Vallées. Elle répondait toujours avec une grande
élévation et sans aucun ménagement humain.
C’est sans doute ce qui lui fit des ennemis car
le clerc, qui est chargé de prêcher l’évangile et
qui détient la clef des sacrements, n’aime
naturellement pas beaucoup qu’un inférieur vienne le
rappeler à l’absolu de cet évangile, à l’esprit de
ces sacrements ; les lys et les roses sont jaloux de
la petite violette qu’ils voient le Maître du Jardin
cueillir et respirer amoureusement.
Il y a là une fatalité, une loi mystérieuse qui
veut que le Saint soit toujours persécuté et
méconnu. Mais c’est la gloire de l’Église catholique
que ces saints mêmes, que ses représentants
officiels ont maltraités durant leur vie, elle doive
un jour, par une autre fatalité non moins
mystérieuse, les canoniser.
Les théologiens de Sorbonne condamnent Jeanne
d’Arc, l’évêque Cauchon la brûle ; mais Rome doit la
placer sur ses autels.
On sait que l’œuvre principale de saint Jean
Eudes fut, avec les séminaires, celle des missions.
Marie des Vallées attachait une grande importance à
celles-ci.
à un prédicateur, elle déconseillait les
austérités excessives et le jeûne, dans la mesure où
il le gênait pour prêcher, car
« l’abstinence n’est pas bonne quand elle empêche
un bien public ».
à un autre qui, passant par Coutances, avait
l’intention de faire une prédication
« foudroyante », la sœur Marie des Vallées dit de la
part de Dieu qu’il s’en donnât bien garde, car,
ajouta-t-elle, « si vous passiez par un hôpital,
voudriez-vous user du fer et du feu et puis laisser
tout là ? Il vaut donc mieux user de lénitifs. Ce
n’est pas comme si vous demeuriez pour guérir
ensuite les plaies que vous feriez ».
Quelle fine psychologie et quel bon sens, chez
cette femme dont nous avons décrit les souffrances
extraordinaires ! Saint Jean Eudes a reproduit dans
son avertissement aux confesseurs, les conseils
qu’elle lui avait transmis sur la conduite à tenir
avec les pécheurs, en chaire et en particulier.
Il y a un nombre considérable de chemins pour
aller au ciel disait-elle non moins judicieusement.
Ce qui importe, c’est de suivre la voie dans
laquelle on est appelé. Il faut s’appliquer avant
tout à connaître la volonté de Dieu : c’est la voie
royale. Toutes les faveurs du Christ ne sont pas
réservées exclusivement aux vierges.
On comprend qu’avec toutes ses qualités et ses
vertus, avec l’intelligence, le don de style et la
fraîcheur d’image que manifestent ses révélations,
Marie des Vallées ait exercé une vive influence et
ait joui peu à peu d’un réel prestige.
Elle obtient plus facilement le salut d’un
mauvais prêtre que celui d’un prélat sans malice
mais négligent.
« Je n’aurai soin de lui,
dit Notre-Seigneur,
qu’à proportion qu’il aura soin de mes enfants. »
(11944, ch. VI, fol. 307-309)
Elle voit sauvé un homme pauvre, mort
d’accident, sans sacrements ; mais damné un
ecclésiastique très éminent, qui avait distribué des
bénéfices, sans considérer la qualité de ceux
auxquels il les donnait.
PROPHéTIES
Les révélations qui nous ont été conservées à ce
propos concordent très exactement avec les textes
patristiques et scripturaires ; elles sont, il faut
l’ajouter, aussi nettes qu’eux en même temps
qu’aussi vagues.
Marie ne souffrait pas seulement pour les âmes
de son temps, mais aussi pour celles qui vivraient
avant le commencement du Grand Jubilé, c'est-à-dire
le temps de la Grande Tribulation.
Puisque Dieu lui avait parlé d'une conversion
universelle, elle s'offrit comme victime expiatrice
afin que celle-ci puisse se réaliser, « et Dieu,
écrivit saint Jean Eudes, exauça sa prière ».
« Je vis,
raconta-t-elle, venir la Force sur un cheval
blanc, qui symbolise la joie. Elle portait en croupe
la Vérité. Elle lui donna un grand papier sur lequel
il y avait des inscriptions et lui dit : Voilà le
Jubilé que je t'ai promis.
Et Notre-Seigneur m'a dit encore que l'expiation
générale ne se fera qu'après un grand et
épouvantable signe qui arrivera, mais Il ne m'a pas
expliqué quel sera le signe. »
Ces temps derniers sont mon œuvre et ma passion.
La fin sera pleine de consolation, glorieuse, digne
d'admiration, mais aussi plus désastreuse, plus
violente et plus épouvantable qu'on ne le croit.
Elle moissonnera la terre avec trois de ses
filles : la foi, l'espérance et l'Église militante.
Quand elle appela Jésus « Roi du ciel et de
la terre », Il l'interrompit brusquement :
« Non, pas de la terre, c'est le péché qui y
règne. Mais Je le chasserai et le détruirai bientôt
ce monstre et Je régnerai dans tout l'univers ».
Marie elle-même a annoncé :
« Le temps viendra, après une crise universelle
qui doit arriver, où il n'y aura plus que la justice
sur la terre ; le péché sera banni ».
Notre-Seigneur lui dit:
«Je vais vous dire une chose trois fois
triste: Spiritus Domini replevit orbem terrarum.
Ce qui désigne le temps où le St-Esprit mettra le
feu de l’Amour divin par toute la terre, et qu’il
fera son déluge car il y a trois déluges, qui tous
trois sont tristes, et qui sont envoyés pour
détruire le Péché :
1- le premier déluge est celui du Père éternel,
qui a été un déluge d’eau ;
2- le second est celui du Fils, qui a été un
déluge de sang ;
3- le troisième est celui du Saint-Esprit qui
sera un déluge de feu. Mais il sera triste aussi
bien que les autres, puisqu’il trouvera beaucoup de
résistance et quantité de bois vert qui sera
difficile à brûler.
Deux sont passés, mais le troisième reste ; et
comme les deux premiers ont été prédits longtemps
avant qu’ils n'arrivassent, ainsi sera le dernier,
dont Dieu seul connaît présentement le temps. »
Notre-Seigneur dit à Marie des Vallées qu’un
temps viendra auquel...
« ...Il fera pleuvoir un déluge de grâces sur
toute la terre, etc. et qu’Il donnera de très beaux
vases d’or à l’Église, ce qui est la figure des bons
pasteurs dont elle sera ornée et enrichie pour lors.
Pour la conversion générale, tous les amis de Dieu à
la fois se répandront sur la terre pour faire le
siège des âmes. »
Qui sont-ils ces amis de Dieu ? Gaston de Renty*
rapportant les paroles de Marie, précise :
« Ce seront de grands martyrs quoique les
bourreaux ne les touchent point, mais ils seront
martyrs de l’Amour divin. Ce sera le divin Amour qui
les martyrisera. Ils seront brûlés dans la fournaise
de l’Amour et ils seront plus grands martyrs que
quantité d’autres des premiers martyrs qui
souffrirent le martyre par l’espérance des couronnes
et de la gloire ; mais ceux-ci ne regardent point la
récompense mais la seule gloire de Dieu. Et c’est la
Sainte Vierge qui soutiendra les forces de ces
fidèles en ces terribles combats. »
« Ne vous mettez point en peine de cela,
lui disait
Notre-Seigneur, mais sachez que quand ma
Miséricorde viendra au temps de la Grande
Tribulation, Elle jettera tous les enfants par les
fenêtres et Elle les écrasera. C’est-à-dire qu’elle
tuera tous les péchés qui sont les enfants des
pécheurs. Et ce sera ma Divine Miséricorde qui fera
ce massacre et qui exécutera les châtiments qui se
feront alors. Mais on ne la connaîtra pas pour
telle. On croira que ce sera la Justice, parce
qu’elle sera revêtue de la robe de la Justice. »
Un jour que Marie des Vallées priant le Christ,
l’appelait « roi du ciel et de la terre » :
- «Non, pas de la terre, interrompit-Il
brusquement. C’est le Péché qui y règne. Mais Je
chasserai et Je détruirai bientôt ce monstre, et Je
régnerai dans tout l’univers ».
Marie des Vallées voyait les « misères du
peuple » sous la forme de cordes qui tiraient vers
la terre la colère de Dieu, afin de punir les
crimes, détruire le Péché et établir le règne de la
Grâce.
Un jour, Jésus-Christ fit faire à la Sœur Marie
des Vallées, une étrange procession symbolique.
-
Elle devait d’abord aller réciter les
litanies du Père au beau milieu de la grande
place de la ville,
-
puis les litanies du Fils dans le plus sale
cloaque qu’elle pourrait trouver,
-
enfin celles du Saint-Esprit devant un
crucifix, à l’église.
Elle s’acquitta consciencieusement de tout cela
( « Je fus bien étonnée, dit-elle, de ce
commandement, et même je vis la Sainte Vierge
pleurer tendrement ; cependant il fallut
l’accomplir » ), non sans exciter l’étonnement
des passants et les moqueries des enfants qui, la
voyant s’agenouiller dans un cloaque malodorant,
sous les remparts de la ville, la couvrirent de
huées et lui jetèrent même quelques pierres.
Les bons bourgeois pour la plupart hochaient la
tête et la blâmaient.
Mais la Vierge, qu’elle avait d’abord vue
pleurer amèrement, vint la consoler, lui disant d’un
ton joyeux :
« ô ma fille ! nous voilà bien. Dites
maintenant : Regina coeli lætare, alleluia. »
Et Notre-Seigneur lui dit qu’en la conversion
Générale les âmes ne pécheraient plus,
« et que son Amour divin ferait de toutes
(les âmes)
une guirlande au crucifix, c’est-à-dire qu’il
couronnerait non seulement la Passion que
Jésus-Christ a soufferte en son corps, mais aussi
celle qu’il a renouvelée en sœur Marie des
Vallées. »
C’est en effet pour la conversion générale d’un
monde mauvais que Marie avait prié.
Les premières litanies sur la place étaient pour
appeler les Infidèles. Les secondes, dans le
cloaque, étaient pour la conversion des mauvais
chrétiens et spécialement des mauvais prêtres ; car,
dit le Christ,
« Je suis dans mon église comme un homme dans un
infâme cloaque, qui serait forcé d’y demeurer par
les liens dont il serait garrotté, car ma Charité
divine m’y nécessite. »
Les troisièmes litanies enfin, devant le crucifix,
« étaient pour obtenir le déluge et l’effusion
des grâces au temps de la grande conversion ».
C’est d’ailleurs un fait remarquable que la
plupart des mystiques et des saints ont été tout
particulièrement sensibles aux imperfections du
clergé et ont dénoncé vigoureusement les abus dans
l’Église. Ce ne sont pas seulement les « Réformés »
qui ont réclamé de tous temps sa réforme ; et c’est
même lui faire injure que de ne pas perpétuellement
exiger d’elle cette réforme puisque, aussi bien,
n’étant pas de ce monde, sa vie en ce mon de ne peut
être qu’une lutte continuelle pour éliminer les
principes de lourdeur, se purifier de tout ce
qu’elle a d’humain, se dégager des forces d’inertie.
Dieu permet les mauvais prêtres pour des raisons
qu’Il connaît seul,
dit la Vierge Marie à la sœur Marie en lui faisant
faire quelques prières pour abréger le temps durant
lequel « les mauvais pasteurs doivent
régner dans l’Église, selon les ressorts de la
divine Providence »
.
Un jour, Notre-Seigneur lui dit :
« Mon épouse est devenue lépreuse. Qu’elle aille
donc se laver sept fois au Jourdain ; prenez cette
chemise que ma Mère lui donne, et la lui portez. »
Il expliqua ensuite que son épouse, l’Église,
couverte de la lèpre du péché, doit guérir des sept
péchés capitaux dans le Jourdain de la pénitence. La
chemise, c’est Son Humanité dont les chrétiens se
doivent revêtir. (Revêtez-vous de Jésus-Christ, dit
saint Paul.) La sœur Marie des Vallées la porte, car
elle dispose le monde à faire pénitence et à faire
usage de cette grande tribulation dont il a été
question.
La faisant prier (en 1646) pour une affaire de
grande conséquence qui touchait l’Église, sans lui
dire laquelle, Il promet à cette Église « trois
choses singulières : la première est une bague d’or
avec une pierre d’aimant attirant le feu ; la
seconde sera Mon Cœur ; la troisième la connaissance
des écritures et d’un sens qu’elle n’a point encore
connu. »
On ne lui a pas encore expliqué cela, note saint
Jean Eudes, qui pense que la bague signifie pour
sœur Marie, la pierre "JESUS", qui attire les cœurs
dans la grande conversion, que son Cœur, c’est sa
Passion, et que le sens des textes scripturaires non
encore connu, concerne les textes qui peuvent
s’appliquer à Marie des Vallées et à la fin des
Temps.
Sainte Catherine de Sienne s’occupait, elle
aussi, simple femme du peuple, des plus grands
intérêts de l’Église.
Un jour, Marie des Vallées vit le Péché sous la
figure d’un serpent dont le corps faisait un triple
tour (le péché des prêtres, celui des chefs d'état,
et celui du peuple) qui se mordait la queue,
c'est-à-dire qui se détruisait lui-même.
La vie de Marie des Vallées est, même pour
elle-même, un mystère. Un jour, ayant demandé à
Jésus quelques éclaircissements, elle obtint cette
réponse :
“... que ces choses étaient trop hautes pour mon
esprit, et que pour cela, il était obligé de me dire
beaucoup de choses par figures, afin de s’accommoder
à moi, et de me les faire entendre.”
Il n’en demeure pas moins que la vie de Marie
des Vallées est l’une des plus étonnantes de
l’histoire des mystiques et de la mystique.
Marie des Vallées est admirable, mais,
incontestablement, elle est inimitable, car
constamment ponctuée de phénomènes extraordinaires,
voire rarissimes.
Marie des Vallées nous surprend, et parfois nous
scandalise. Ne la rejetons pas d’emblée pour autant.
Le Seigneur a peut-être des choses à nous dire par
l’intermédiaire de cette mystique hors normes.
D’ailleurs, le fait qu’on ait recommencé à en parler
à la fin du XXe siècle, après plus de trois siècles
de silence, est certainement le plus grand des faits
extraordinaires associés à la vie de Marie des
Vallées. ■
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*Gaston
de Renty voulait, dans sa jeunesse, devenir
chartreux. Ses parents et Dieu en avaient disposé
autrement et Gaston accepta de fonder une famille…
Il vivait dans le monde comme un véritable
religieux, tout donné à Dieu.
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