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Dans la grande série
Prophètes et mystiques
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MARIE DES VALLéES
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La « SAINTE DE COUTANCES » avait reçu, dès sa
tendre jeunesse, des communications ineffables sur
les Saints Cœurs de Jésus et de Marie, dont celle-ci
fut obligée par Dieu Lui-même, de faire part à son
saint directeur.
Le divin Sauveur lui avait donné à maintes
reprises le baiser de son humanité souffrante, lui
avait communiqué les douleurs de ses cinq plaies,
lui avait fait don de sa couronne d'épines, et fait
avec elle l'échange de son Cœur divin.
Le 8 février 1652, en la fête du Saint Cœur de
Marie, Notre-Seigneur tirant de sa poitrine son
Sacré-Cœur environné de flammes, renouvela ce don de
son Cœur à son humble épouse. Il l'assura aussi que
c'était Lui-même qui avait inspiré la fête « de
son Cœur qui ne fait qu'un avec celui de sa Mère »
qu'elle serait un jour célébrée dans l'univers
entier comme une seconde fête du Saint-Sacrement et
qu'il châtierait ceux qui s'y opposeraient.
On fit à la Sœur Marie l'honneur de poser la
première pierre de la première chapelle dédiée au
Saint Cœur de Marie (chapelle du Lycée actuel), le 3
juillet 1652, et de nommer la première cloche avec
le pieux Monsieur de Bernières.
Marie des Vallées eut toujours pour la Sainte
Vierge une dévotion extraordinaire : elle en reçut
les faveurs les plus ineffables. Elle l'honorait
particulièrement par le saint Rosaire pour lequel
elle avait un attrait irrésistible :
« C'est,
disait-elle, la prière de tous, la prière des
pauvres et des ignorants, mais elle contient tous
les trésors de la science et de la sagesse de Dieu,
tout ce qu'il y a de plus saint et de plus agréable
à Dieu au ciel et sur la terre. Aussi si je n'avais
qu'une demi-heure à vivre, et qu'il fût en mon choix
de l'employer à ce que je voudrais, je l'emploierais
à dire mon Rosaire. »
Elle se prosternait souvent devant l'autel de
Notre-Dame du Puits, à la Cathédrale. Elle assistait
à toutes les messes qui s'y célébraient en l'honneur
de l'Immaculée-Conception.
Elle adressait ses requêtes et la Reine du Ciel
répondait à la confiance de sa servante en lui
accordant les lumières et les grâces sollicitées.
Elle se rendait aussi souvent à la petite
chapelle de la Roquelle, dédiée à l'Annonciation,
pour demander de saints prêtres pour l'Église.
Au cours de sa vie, elle fit de nombreux
pèlerinages au Mont Saint-Michel, à la Délivrance, à
Alleaume et autres sanctuaires vénérés. Des
personnes de haute piété tenaient à l'accompagner.
On venait de fort loin se recommander à ses
prières ou recourir à ses lumières. Elle lisait dans
les consciences ; elle discernait les vocations ;
connaissait l'état des âmes après leur mort.
Elle fit plusieurs prophéties remarquables que
les événements confirmèrent et opéra des prodiges et
des guérisons nombreuses.
Pendant les dernières années de sa vie, des
phénomènes mystiques marquèrent sa haute sainteté,
et sa réputation s'étendit fort loin, jusqu'au
Canada.
Elle prédit sa mort longtemps à l'avance. Après
s'y être préparée pendant trois mois, elle
s'endormit de la mort des Saints, jouissant d'une
grande paix intérieure et extérieure, âgée de 66 ans
et 10 jours, le vendredi 25 février 1656, après 17
ans de souffrances inexplicables.
On se disputa sa dépouille mortelle. Les
Chanoines voulaient l'inhumer dans la Cathédrale,
les Jacobins dans la Chapelle du Saint-Rosaire. Elle
fut portée à l'église Saint-Nicolas, sa paroisse.
Mais quelques mois après, elle fut transférée au
lieu choisi par elle, la Chapelle du Séminaire.
Cette chapelle étant devenue chapelle privée du
Lycée et n'étant plus ouverte au public.
Monseigneur Guérard, reconnaissant de plusieurs
faveurs, qu'il attribuait à son intercession, voulut
posséder, dans sa belle Cathédrale, restaurée par
lui, les restes précieux de la «Sainte de
Coutances». Il les fit donc reprendre au Lycée et
déposer près de l'autel de Notre-Dame du Puits, dans
cette chapelle bénie, où la sainte fille avait jadis
tant de fois prié et reçu des communications du
ciel.
Daignent les Saints Cœurs de Jésus et de Marie
ouvrir sur ce tombeau une source nouvelle de grâces
pour la glorification de cette humble fille, leur
servante privilégiée.
« Dieu, écrit
saint Jean Eudes, ayant dessein de faire un
haut édifice de sainteté et de perfection en la sœur
Marie des Vallées, y a jeté des fondements très
profonds.
Il a mis en son cœur une humilité si profonde,
si solide, si admirable que je n'ai jamais vu, ni
lu, ni entendu rien de semblable. Je puis dire en
vérité et sans exagération aucune que tout ce que
j'ai lu dans les livres de plus excellent de cette
vertu, me semble peu de chose en comparaison de ce
que j'ai vu et reconnu par une longue expérience, en
cette fille. »
Et après avoir, ailleurs, essayé de décrire les
merveilleux effets de l'Amour divin en la sœur
Marie, le même Saint conclut :
« Enfin, tout ce que j'écris ici n'est rien en
comparaison des choses grandes, profondes et
admirables que Dieu a opérées en cette sainte âme.
Certainement je puis dire avec vérité, dans la
connaissance que j'en ai, quelque imparfaite qu'elle
soit, qu'il faudrait la main d'un séraphin pour les
écrire telles qu'elles sont. »
(Vie adm., L. IV,
Ch. VIII; L. X, Ch. X)
« Comme l'on en a parlé et écrit diversement,
écrit de son côté le pieux Bourdon, Archidiacre
d'évreux, l'ayant connue, je me sens pressé de
rendre témoignage à la vérité et de dire pour la
gloire de Celui qui a fait en elle de grandes
choses, qu'elle a été une personne de grande
innocence, n'ayant jamais perdu autant que l'on en
peut juger par les preuves que l'on en a, son
innocence baptismale.
Elle a eu une patience achevée et une fidélité à
Dieu qu'il serait difficile d'expliquer dans tous
les états pénibles qu'elle a portés».
(Bourdon III, p. 386)
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S. Jean Eudes
en présence de
Marie des Vallées
consacre aux
Sacrés Cœurs
ses Instituts et leurs œuvres.
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La mémoire de Marie des Vallées ayant été vivement
attaquée par les ennemis de saint Jean Eudes et les
Jansénistes1,
Monseigneur Claude Auvry rendit la sentence
suivante :
« Nous souvenant de la grande humilité,
obéissance, patience, sincérité de jugement de
soi-même et de ses intérêts, et de toutes les choses
du monde et des autres vertus que nous avons vues
avec édification en ladite Marie des Vallées, et
après avoir ouï les sentiments des docteurs et des
ecclésiastiques assemblés pour ce sujet et les
témoignages desdits prêtres missionnaires, et après
avoir vu lesdits écrits et plusieurs missives de
plusieurs doctes et signalés personnages qui ont
soigneusement examiné et approuvé sa conduite :
disons et déclarons que nous n'avons remarqué aucune
chose en sa vie qui soit répréhensible ou
condamnable, mais plutôt toutes les marques d'une
excellente vertu et rare piété, et tout sujet de
croire qu'elle a été prévenue des grâces
extraordinaires de Dieu qui l'ont accompagnée
jusqu'à la mort, sans néanmoins en faire le jugement
qui doit être réservé au Saint Siège Apostolique. »
FAITS ET GUéRISONS MIRACULEUSES
Après sa mort les passions ne s’apaisèrent pas.
Ses amis, frères de mission, et ses défenseurs
continuèrent à être persécutés. Nombreux étaient
ceux qui venaient prier sur sa tombe, à Coutances.
On peut citer, parmi beaucoup d’autres : M. de
Bernières, Saint Jean Eudes, Mme de Camilly et Mme
d’Acqueville... Certains, comme M. Langry, ont
souhaité, et obtenu, de reposer près d’elle après
leur mort. De nombreux jésuites défendirent sa
mémoire.
On la vénérait dans de nombreux couvents. On se
partageait aussi ses reliques, et spécialement les
linges tachés de son sang.
Des récits merveilleux se répandaient cependant
à travers la ville. La défunte passait pour une
sainte. Le cercueil avait été trouvé en bon état, à
part un petit trou qui laissait voir le linceul non
encore complètement détruit. Certains sentirent des
odeurs suaves s’en dégager. Plusieurs hommes d’armes
parlèrent d’une « forte odeur de romarin », mais
d’autres déclarèrent que le corps ne sentait « ni
bien ni mal » ; d’autres se plaignirent même,
paraît-il, d’une « mauvaise odeur » assez semblable
à celle du « fromage pourri ».
Quand on avait ouvert le cercueil dans l’église
Saint-Nicolas, pour identifier le corps, on avait
trouvé celui-ci intact et ne portant qu’une légère
tache noire au-dessus de l’œil.
Mais les ennemis se firent de plus en plus
bruyants, et les attaques, toujours plus perfides...
Pourtant les miracles se multipliaient. D’étonnantes
guérisons ont été signalées et répertoriées.
Après sa mort, les miracles se multipliaient.
D’étonnantes guérisons ont été signalées et
répertoriées.
– Le 14 novembre 1922, la guérison d’une
religieuse de Notre-Dame de la Charité à Marseille.
– Le 13 septembre 1925, le blanchiment
miraculeux de cinquante robes de religieuses
irrémédiablement tachées, et irrécupérables.
– Le 23 novembre 1927, la guérison d’un prêtre
malade depuis 1908.
– Le 15 mars 1929, la guérison d’un enfant de
dix ans et demi.
Saint Jean Eudes lui restera toujours fidèle, et
la défendra même après sa mort, malgré les moqueries
des Jansénistes qui ne manquent pas de critiquer sa
« crédulité ».
Rassemblant ce qu'il sait d'elle, saint Jean
Eudes rédige en 1655 un ouvrage en 3 volumes qui a
pour titre " La vie admirable de Marie des
Vallées et des choses prodigieuses qui se sont
passées en elle ", qui n'est pas publié mais
circule de main en main parmi les proches du prêtre.
PAROLES CéLèBRES
Marie des Vallées disait au démon :
« Est-ce là tout ce que tu peux faire ? Tu n'as
pas grande force... Garde-toi bien d'omettre la
moindre des peines que Dieu te permet de me faire
endurer... Mais prends bien garde à ce que tu
feras ! Tu es un lion, et je ne suis qu'une
misérable fourmi. Quand le lion vaincrait la fourmi,
on se moquerait de lui de s'être armé pour combattre
une si faible et si chétive bête. Mais si la fourmi
surmonte le lion, comme elle le fera assurément,
parce qu'elle est fortifiée de la grâce de Dieu, la
confusion en demeurera éternellement sur le lion.
N'es-tu donc pas bien insensé de faire ce que tu
fais ? Fi, fi de la bête à dix cornes. »
(Manuscrit de Québec, L. I, ch. IV)
Les conseils qu’elle donne sont toujours
judicieux et souvent pleins de saveur, unissant à
l’élévation surnaturelle de la sainte le robuste bon
sens de la paysanne normande. Ses pires ennemis
reconnaissent qu’elle est vraiment « fort
éclairée », fertile en belles et « solides
instructions ».
Elle s’affligeait des discordes qui sévissent
trop souvent parmi les dévots ; « l’envie, la
jalousie et les divisions qui règnent dans les
cloîtres sont une pierre d’achoppement pour les
fidèles ».
La moquerie lui semblait un grand péché.
Plusieurs de ses visions sont une satire très
dure des divers défauts des religieux. Elle pensait
que sur les ecclésiastiques, qui ont charge d’âme,
pèse une lourde responsabilité.
« Ils seront,
lui dit JESUS, jugés plus sévèrement que les
autres.
Ceux qui manquent à leur mission seront punis
pour tous, pour le peuple, pour les nobles et les
magistrats (ou officiers de justice) ; les nobles et
les hommes de justice seront punis pour le peuple,
les gens du peuple ne le seront que pour eux-mêmes.
Des malheurs sont prêts à tomber sur l’Église,
car il y a plus de justice parmi les soldats
qu’entre les prêtres, et de toutes les conditions du
monde, ce sont eux qui peuplent mieux les enfers.
Les évêques devront répondre de toutes leurs
ouailles d’une manière prodigieusement exacte. »
Les bénéfices sont choses très dangereuses pour
le salut. Il faut éviter soigneusement d’entrer et
de faire entrer sans vocation dans les ordres.
Accumuler les bénéfices, s’enrichir avec les
biens de l’Église qui ne doivent servir qu’aux
pauvres et aux stricts besoins du culte et de ses
desservants, est un des péchés les plus abominables.
Se disputer ces biens, plaider pour les avoir
est un scandale affreux.
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1 Jansénistes :
personnes qui font preuve d'une rigueur excessive
dans leurs idées.
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