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Le Saint Curé d'Ars
nous enseigne
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Je vous ai dit que je vous montrerais qui sont
ceux qui font de mauvaises confessions, et ce qu'il
fallait faire pour les réparer et n'être pas damné.
J'en trouve sept sortes, de ceux qui profanent ce
sacrement et qui s'abîment au plus profond des
enfers. Écoutez-le bien, afin que vous puissiez
connaître si vous êtes de ce nombre.
D'abord je suis sûr qu'il y en a de ceux qui
m'écoutent qui sont de ce nombre, qui peut-être
n'ouvriront pas encore les yeux aujourd'hui sur cet
état affreux et malheureux, parce qu'ils sont sourds
et aveugles pour comprendre; la parole de Dieu ne
les touche pas; et les lumières de l'Esprit-Saint, à
qui ils ont fermé la porte de leur cœur, ne leur
montrera pas l'état épouvantable où le péché les a
précipités. Ils mourront comme ils ont vécu,
c'est-à-dire «vivre en pécheur et mourir en
réprouvé».
Écoutez-moi bien, et ensuite vous descendrez
dans vos consciences avec le flambeau d'une main et
la balance de l'autre: ensuite vous vous jugerez
vous-mêmes, avant que Dieu ne vous juge.
1° - Les premiers sont ceux qui par honte ou par
crainte ont volontairement caché quelques péchés
dans leurs confessions, ou quelques circonstances
considérables, ceux qui n'ont pas dit le nombre de
leurs péchés mortels; ceux qui n'ont pas déclaré
quelques péchés mortels; ceux qui vont confesser à
un autre quelques gros péchés et reviennent au même
dire leurs petits péchés; ceux qui à confesse
pensent qu'on aura bonne opinion d'eux, s'ils les
conservent, parce qu'ils ont négligé de se faire
instruire ou de profiter des instructions; ceux qui
n'ont déclaré un péché mortel que parce que le
confesseur le leur a demandé, et qui, sans cette
demande, ne l'auraient pas dit.
2° - Je dis que ceux-là font de mauvaises
confessions, qui ne donnent pas tout le temps
nécessaire pour connaître leurs péchés mortels; ceux
qui se confessent par routine, par habitude, sans
avoir une véritable douleur de leurs péchés, ni le
ferme propos de ne plus les commettre, de préférer
la mort même, s'il le faut, plutôt que d'y retomber.
3° - Ceux qui vont choisir certains confesseurs
pour passer plus facilement. Ô mon Dieu! que de
confessions sacrilèges! Ô mon Dieu! que de chrétiens
damnés!
4° - Ceux qui, ayant quelques restitutions, ne
veulent pas ou ne font pas tous leurs efforts pour
les faire; comme ceux encore qui ont été chargés de
faire des aumônes, de faire dire des Messes, et
laissent tout cela de côté.
5° - Ceux qui croient qu'il n'y a point de mal
de tirer intérêt de leur argent, sans avoir les
titres légitimes.
6° - Ceux qui ont continué à vivre dans
l'occasion du péché, pouvant la quitter comme serait
une personne qui est dans une maison où il y a une
peste et qui n'en sort pas; comme ceux qui vont dans
les veilles, où ils sont sûrs de n'y entendre que de
mauvais propos contre la religion et contre la
pureté, qui continuent d'y aller malgré leurs
remords de conscience et la défense de leur
confesseur.
Ceux qui ont continué à vivre dans les habitudes
du péché, comme les pensées volontaires, les désirs,
les paroles et les actions déshonnêtes; qui ne font
pas d'efforts pour se corriger: comme un ivrogne qui
retombe toujours, de même que ceux qui jurent le
saint nom de Dieu; et ainsi pour les autres péchés
mortels.
Ceux qui vivent sans se réconcilier avec leur
prochain, qui ne veulent pas pardonner ou qui ne
pardonnent qu'à moitié.
Ceux qui ont flétri la réputation du prochain et
ne font ce qu'ils peuvent pour la rétablir. Ne
vouloir pas faire sa pénitence, pensant que le
prêtre n'a pas entendu ou compris un péché mortel.
7° - Tous ceux qui fréquentent les sacrements
sans être suffisamment instruits des principaux
mystères de la religion, ou qui ignorent, par leur
faute, ce qui regarde les sacrements qu'ils
reçoivent.
Les pères et les mères, les maîtres et
maîtresses qui ne connaissent leurs devoirs envers
leurs enfants et leurs domestiques, toutes ces
personnes sont indignes d'absolution; et toutes les
absolutions qu'ils ont reçues jusqu'à ce moment sont
autant de sacrilèges qui ne leur serviront qu'à les
jeter plus profond dans les enfers. Ces sortes de
chrétiens ont donc, dans ce moment, la conscience
chargée de mille et mille sacrilèges, et encore sont
couverts de tous les péchés qu'ils ont commis et
confessés jusqu'à présent, comme de ceux qu'ils
n'ont pas confessés.
Que conclure de cela, mes frères? Rien autre,
qu'après tant de sacrilèges, après tant de péchés
cachés ou confessés sans contrition, ni résolution
de préférer même la mort que de les recommettre, ils
ne craignent pas si la mort les attrape dans cet
état malheureux, d'être précipités dans les flammes
pendant toute l'éternité.
Ô mon Dieu, que de chrétiens qui sont dans cet
abîme et qui ne le croient pas, parce qu'ils ne
veulent pas prendre la peine de descendre dans
l'intérieur de leur cœur pour y reconnaître les maux
infinis que le péché leur a faits! Hélas! que la
lumière du grand jour des vengeances va faire
trouver de sacrilèges!
D'après cela, mes frères, il vous est donc
extrêmement nécessaire de vous examiner avec soin,
si vous n'êtes pas dans quelques-uns des cas dont je
viens de vous parler. Si vous doutez de la moindre
chose, ne vous endormez pas là-dessus, enfoncés dans
vous-mêmes. Peut-être qu'examinant bien, vous verrez
ce que vous n'avez jamais vu; peut-être qu'au
premier coup d'œil vous allez frémir et trembler de
trouver des crimes auxquels vous n'aviez jamais
réfléchi.
Revenez, mes frères, sur vos pas; si vous doutez
de toute votre vie, refaites vos confessions de
toute votre vie, ou au moins considérez bien depuis
quel temps vous êtes coupable: si c'est toute votre
vie, il faut redire tous vos péchés mortels que vous
avez commis, le nombre et les circonstances autant
que vous pourrez, accusez toutes vos confessions et
communions qui sont autant de sacrilèges.
Je ne doute pas, mes frères, que si vous n'avez
pas encore entièrement perdu la foi, cela vous
trouble et vous inquiète sur vos confessions et
communions passées. Comment pouvoir me rappeler de
tout ce que j'ai fait à quatorze ou vingt ans, et
peut-être à cinquante ou soixante ans? Mes frères,
ce qui nous paraît tout à fait impossible à
nous-mêmes, nous est non seulement possible, mais
facile avec la grâce de Dieu.
Est-ce l'examen de votre conscience qui vous
effraie? Maintenant vous allez voir qu'il n'est pas
si difficile que vous vous le représentez. Je vous
dirai que pour faire une confession générale il
n'est pas nécessaire d'accuser ses péchés véniels en
particulier, c'est-à-dire d'en dire le nombre,
toutes les circonstances, comme sont les petites
désobéissances, les mensonges, les médisances qui ne
portent perte à personne, c'est-à-dire en matière
légère, les distractions dans ses prières, faute de
s'y être bien préparé, et autres péchés semblables.
Il vous suffira de vous en accuser en général à la
fin de votre confession.
Votre examen ne va donc rouler que sur vos
péchés mortels. Tous vos péchés sont ou des péchés
que vous ne commettez que rarement, ou sont des
péchés d'habitude: ou votre habitude n'a duré qu'un
certain temps, ou elle a duré toujours depuis que
vous l'avez commencée.
1°- Si vous n'avez commis certains péchés que
rarement, comme serait par exemple de jurer le saint
nom de Dieu, de vous mettre en colère, de maudire
votre travail, vos enfants ou vos bêtes, il n'est
pas bien difficile de dire combien de fois à peu
près vous y êtes tombé par année, par mois ou par
semaine.
Si c'est un péché d'habitude, vous savez bien
combien d'années a duré cette habitude, à quel âge
vous l'avez commencée, à peu près quel temps elle a
duré, si vous l'avez perdue pendant quelque temps
dans le temps que vous tombiez; il n'est pas
difficile de dire combien vous avez commis ce péché
par mois et par semaine et par jour. Eh! bien mes
frères, voilà tout ce qu'il faudrait faire pour
avoir le bonheur de réparer toutes vos confessions
et communions mauvaises, en les accusant en disant:
« Mon père, je m'accuse d'avoir fait tant de
confessions et de communions pendant ma vie, ou par
année ou par mois. »
Lorsque vous ne pouvez vous rappeler au juste,
dites seulement:
« Mon père, je m'accuse à peu près tant de
fois. »
Dieu n'en demande pas davantage: pourvu que vous
ayez donné à votre examen tout le temps et tous les
soins qu'il faut et que vous soyez de bonne foi,
c'est-à-dire sincère dans vos accusations et dans
votre repentir, vous êtes sûr que quand toutes vos
confessions et communions seraient des sacrilèges,
que le bon Dieu vous pardonnera et que vous serez
sauvés. D'un autre côté, le confesseur, qui désire
autant que vous le salut de votre bonne âme, ne
manquera pas de faire tout ce qu'il pourra pour vous
aider, soit par ses interrogations, soit par ses
prières, surtout pendant la sainte Messe, en
demandant à Dieu pour vous les grâces et les forces
qui vous sont nécessaires pour bien faire votre
confession.
Prenez bien garde de ne pas vous laisser prendre
à ce piège du démon qui en perd un grand nombre, qui
est de leur faire commencer à accuser tous leurs
petits péchés les premiers, afin qu'ils n'aient pas
la force de dire les gros ensuite. Commencez, mes
frères, à dire au contraire tous vos plus gros
péchés les premiers, alors, vous ôtez tout au démon.
– Mais, me direz-vous, cela est bien aisé à
dire, mais le faire c'est bien autre chose. Comment
avoir la force de dire tant de péchés, si affreux
qui font horreur rien que d'y penser?
Voulez-vous, mes frères, une vérité bien claire?
C'est que ce n'est qu'un orgueilleux qui a honte de
dire ses péchés ou qui les a cachés. ôtez cet
orgueil de votre cœur, et vous vous accuserez de vos
péchés tels que vous voudriez les avoir accusés à
l'heure de la mort.
Toute personne qui désire véritablement à cœur
son salut, ne craint nullement d'en faire
l'accusation. En voici un exemple bien frappant,
rapporté par saint Jean Climaque:
Me trouvant un jour, nous dit ce grand saint,
dans un monastère, il vint un homme se présenter
afin de passer sa vie dans la pénitence; pendant
toute sa vie il n'avait fait que brigandages. Le
supérieur lui ordonna de passer sept jours à la
porte du monastère.
Voyant qu'il persévérait, il lui ordonna de
déclarer devant tout le monde tous les péchés qu'il
avait commis. Ce voleur avoua sincèrement tout ce
qu'il avait fait. Le supérieur, pour éprouver si sa
conversion était bien sincère, lui commanda de les
accuser encore devant les religieux du monastère.
Cet homme, qui était véritablement touché, qui ne
cherchait que les moyens de fléchir la justice
divine, répondit au supérieur que non seulement il
était prêt à les déclarer devant les religieux, mais
au milieu de toute la ville d'Alexandrie.
Alors le supérieur fit assembler tous les
religieux qui étaient plus de trois cents. Comme
c'était un dimanche, après l'évangile, il commande
qu'on lui amène ce coupable déjà justifié, les mains
liées, revêtu d'un cilice, la tête couverte de
cendres, conduit par plusieurs religieux qui le
frappaient à coups de verges.
Ce spectacle attendrit si fort les assistants
que tous fondaient en larmes. Le supérieur lui dit
de rester à la porte de l'église, qu'il ne méritait
pas d'y entrer.
Ces paroles le frappèrent si fortement qu'il
tomba la face contre terre. Le supérieur, le voyant
en cet état, lui commanda de dire publiquement ses
péchés. Il le fit avec tant de larmes et de douleur,
qu'il lui semblait perdre la vie, tant la douleur de
ses péchés était grande. L'on fut obligé de lui dire
de cesser.
Voyez encore saint Augustin: a-t-il craint,
a-t-il eu honte de faire l'aveu de ses péchés, non
seulement à un prêtre, mais à tout l'univers? Mes
frères, non, nous n'aurons point de honte et de
crainte, si nous avons l'humilité et la connaissance
de nous-mêmes.
De là je conclus que tout chrétien qui, après
avoir péché, craint de s'accuser, n'est qu'un
orgueilleux. Voyez-vous, mes frères, un motif bien
capable de nous engager à une confession de toute
notre vie, si vous vous sentez coupable; c'est de là
que dépend votre bonheur ou votre malheur éternel.
Ce soir, lorsque vous serez au lit, mettez-vous
dans la posture où vous serez un jour dans la bière
(cercueil), le corps étendu, les mains croisées sur
la poitrine, les yeux fermés et tout enveloppé dans
un suaire, ensuite dites-vous à vous-même:
Que voudrai-je avoir fait lorsque je me
trouverai à ce moment? Mon âme est souillée de tant
de péchés qui ne me sont pas pardonnés, voudrais-je
bien paraître devant le tribunal de Dieu en cet
état? Reverrai-je un confesseur à l'heure de la
mort?
Si je venais à mourir de mort subite et que je
n'aie pas le temps de le faire, il faudrait tomber
en enfer!
Non, mon Dieu, plus de retard, je vais commencer
aujourd'hui à m'y préparer et je le ferai tant, que
je pourrai regagner votre amitié et mériter le ciel
à la fin de ma vie, en assurant mon salut.
Amen. ♦
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