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Le Saint Curé d'Ars
nous enseigne
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Oui, mes frères, lorsque vous pensez de vous
approcher du sacrement de pénitence, il faut
apporter, si vous le pouvez, la même diligence et la
même rigueur que celle avec laquelle Jésus-Christ
nous examinera au grand jour. Oh! qu'il y a de quoi
trembler, puisque Dieu nous y demandera compte même
d'une parole inutile!
Hélas! que vont devenir ceux qui seront
coupables de tant de blasphèmes, de jurements et de
scandales? Oui, mes frères, craignez, avec le saint
roi David, que, malgré tous les soins que vous
prendrez pour vous examiner, vous ne laissiez encore
bien des péchés que vous ne connaîtrez qu'à la mort
pour en rendre compte. Dites souvent avec le roi
David:
«Mon Dieu pardonnez-moi les péchés que je ne
connais pas.»
Oui, mes frères, soyons parfaitement sûrs qu'il
y a beaucoup de péchés que nous ne connaîtrons
jamais en ce monde. Comme, par exemple, un homme qui
se livre à l'ivrognerie ne saura qu'au jugement de
Dieu toutes les suites de ses intempérances et de
ses excès. Celui qui se sera abandonné au vice
infâme d'impureté ne saura jamais qu'au moment où il
paraîtra devant son souverain Juge, les péchés sans
nombre qu'il aura commis. Une fille mondaine ne
connaîtra bien qu'après sa mort toutes les suites
malheureuses de sa vanité, de ses immodesties et de
son peu de pudeur. Les parents, les maîtres qui
auront négligé de veiller sur leurs enfants et leurs
domestiques et ne les ont pas instruits, qui les ont
laissés courir dans les jeux, les cabarets et les
danses, ne sauront qu'au tribunal de Dieu les suites
funestes de leur négligence, et de tous les
désordres dont ils ont été la cause et l'occasion. ô
mon Dieu, quelle sera pour lors leur surprise!
Quel désespoir effroyable d'un pécheur qui
n'ouvre les yeux sur l'état de son âme qu'après sa
mort, quand il n'y a plus de remède! Mes frères,
n'attendons pas ce moment malheureux qui nous
causera tant de regrets; profitons du temps que Dieu
veut bien encore nous donner pour purifier notre
conscience, afin de la faire connaître au ministre
du Seigneur telle qu'elle est. Faisons comme dit
saint Paul: jugeons-nous rigoureusement nous-mêmes,
afin que Dieu nous épargne dans son jugement.
Cependant, mes frères, malgré qu'il soit si
difficile de connaître nos fautes, si nous agissons
de bonne foi, si nous faisons ce que nous pouvons
pour nous montrer tels que nous sommes, soyons
tranquilles: Dieu est un père plein de miséricorde,
qui nous aime infiniment et qui ne nous demandera
jamais ce que nous n'avons pas pu faire.
Que devons-nous faire, mes frères, après nous
être bien examinés? Le voici: c'est de demander à
Dieu de tout notre cœur la contrition de nos fautes
et un ferme propos, c'est-à-dire une bonne
résolution de n'y plus retomber. Voilà, mes frères,
ce qui regarde l'examen de conscience.
Que devons-nous faire après cela? Le voici,
c'est de nous approcher du tribunal de la pénitence
avec respect et une espèce de tremblement, et ne pas
faire comme les enfants qui tournent la tête, qui
parfois rient et parlent. Cela annoncerait que vous
ne comprenez pas mieux qu'eux la grandeur de
l'action que vous allez faire. Au contraire, mes
frères, imitez le publicain qui se regardait indigne
de porter ses yeux vers le ciel, baissait les yeux
vers la terre, avec une profonde humilité.
En attendant de vous confesser, repassez dans
votre mémoire tous les péchés que vous avez trouvés
dans votre examen; renouvelez votre contrition,
prenez-là de bonnes résolutions de mieux vivre, que
vous n'avez fait jusqu'à présent; priez avec ferveur
le bon Dieu, afin qu'il daigne avoir pitié de vous.
Prenez garde de ne jamais ni pousser, ni presser les
personnes qui se confessent; ni vous tenir trop près
du confessionnal, de crainte d'entendre la
confession des autres. Si vous aviez entendu
quelques péchés, n'oubliez pas que vous êtes obligés
au même secret que le prêtre; mais si vous les aviez
écoutés exprès et que vous les disiez à un autre,
c'est un gros péché qui vous damnerait, si vous
aviez le malheur de ne pas vous en accuser avant de
mourir. Il faut encore dire si vous avez eu la
volonté d'entendre les péchés des autres.
Lorsque vous êtes au confessionnal, ne regardez
que Jésus-Christ dans la personne du prêtre qui
tient sa place. Faites le signe de la croix avec
respect et un peu incliné, en disant:
«Mon Père, bénissez-moi parce que j'ai beaucoup
péché» ;
et là, pénétré du regret que doivent vous donner
vos péchés et la grande charité de Jésus-Christ qui
veut bien, tout coupable que vous êtes, vous
souffrir à ses pieds, pensant que vos crimes vous
mériteraient d'être précipité dans les enfers,
récitez votre "Je Confesse à Dieu"
jusqu'à ces mots: C'est ma faute.
Ensuite, sans attendre que le prêtre vous
interroge, dites depuis quel temps vous ne vous êtes
pas confessé, si vous avez reçu l'absolution ou si
vous ne l'avez pas reçue, en lui disant pourquoi on
vous l'a refusée; si vous avez fait votre pénitence
dans le temps qu'on vous l'avait commandée; de même
si vous avez manqué de faire les aumônes, les
restitutions, les réconciliations que vous deviez
faire avant de revenir vous confesser; si vous avez
laissé quelques péchés mortels dans vos dernières
confessions; si c'est involontairement, par
négligence, faute de ne vous être pas assez examiné,
ou si c'est par honte ou par crainte; bien lui
expliquer tout cela.
Ensuite, autant bien que vous le pourrez, lui
accuser tous les péchés que vous avez commis depuis
votre dernière confession, vous rappelant qu'il faut
les avouer humblement, entièrement, avec simplicité
et avec prudence; et après avoir déclaré tant que
vous pouvez vos péchés, vous dites:
Mon Père, je m'accuse de tous ces péchés et
de tous ceux de ma vie, tous ceux dont je ne me
souviens pas; j'en demande bien pardon à Dieu de
tout mon cœur et à vous la pénitence et
l'absolution, si vous le jugez à propos .
Votre confession étant faite, le prêtre vous
fera les interrogations qu'il vous croira
nécessaires. Il faut lui répondre avec vérité. S'il
vous donne quelques avis, il faut les écouter avec
attention sans vous occuper à chercher vos péchés
que vous pourriez avoir oubliés et ne jamais
l'interroger mal à propos.
Lorsque vous recevez votre pénitence, il faut la
recevoir avec un ferme désir de l'accomplir le mieux
que vous pourrez. S'il vous refuse l'absolution, il
faut s'y soumettre avec humilité, parce que s'il
vous la donnait lorsque vous ne la méritez pas, il
vous perdrait et se perdrait lui-même, c'est-à-dire
que vous vous damneriez tous les deux. Faites bien
attention aux raisons pourquoi il vous refuse
l'absolution afin de bien employer le temps que vous
devez passer sans revenir vous confesser, à vous
corriger, afin qu'il ne soit pas obligé de vous la
refuser encore une fois.
S'il jugeait à propos de vous la donner, achevez
votre "Je confesse à Dieu". Dans ce moment
précieux, mes frères, renouvelez tous les sentiments
de piété dont vous êtes capables; faites votre acte
de contrition de tout votre cœur, unissez votre
douleur à celle que Jésus-Christ eut de vos péchés
au jardin des Olives. Demandez ardemment à Dieu
qu'il veuille bien ratifier dans le ciel
l'absolution que le prêtre vient de vous donner.
Après cela, il faut se retirer du confessionnal
avec modestie, se prosterner humblement aux pieds du
bon Dieu, le remercier de la grâce qu'il vient de
vous faire. Rappelez-vous bien des moyens que le
prêtre vous a donnés pour vous corriger; et puis
vous prenez de bonnes résolutions de les mettre en
pratique.
Avant de sortir de l'église, commencez à faire
votre pénitence qui vous a été imposée. Prenez une
bonne résolution de veiller désormais sur vous-même,
pour ne pas perdre la grâce précieuse que vous venez
de recevoir. Et que faut-il faire pour cela? Mes
frères, le voici: c'est de se défier beaucoup de
soi-même, et se tenir continuellement sur ses
gardes. Oui, la vue de notre faiblesse doit nous
faire trembler. Non seulement nous sommes
continuellement portés au mal ; mais le démon, après
une bonne confession, redouble tous ses efforts afin
de nous faire retomber dans les péchés que nous
avons con fessés. Cette seule pensée faisait
trembler les plus grands saints.
Hélas! que devons-nous faire, nous qui tombons
presque chaque fois que le démon nous tente? Que
devons-nous faire encore? C'est d'éviter, autant que
nous pouvons, les occasions et les personnes qui
nous ont portés au mal ; sans quoi, jamais nous
n'exécuterons nos bonnes résolutions. Hélas! mes
frères, combien de pécheurs qui, aidés de la grâce,
sont rentrés dans le bon chemin du salut, mais qui,
n'ayant pas fui les occasions, sont retombés, et ne
sont sortis du péché que pour aller brûler dans les
enfers!
Troisièmement, il faut avoir grandement recours
à la prière et Jésus-Christ nous le dit lui-même:
« Veillez et priez sans cesse, de crainte que
vous ne succombiez à la tentation. »
Enfin, si vous aviez le malheur de retomber,
hâtez-vous de vous relever ; parce que plus vous
resterez dans votre péché, plus il vous sera
difficile d'en sortir. Oui, mes frères, si nous
employons tous ces moyens, nous sommes sûrs de nous
corriger, quelque forte que soit notre mauvaise
habitude. Il n'en est pas des maladies de l'âme
comme de celles du corps. Celles-ci quelquefois
n'ont point de guérison, mais celles de l'âme ne
sont jamais sans remède, si le pécheur le veut
sincèrement ; et cette guérison vous sera très
certainement accordée, si vous le voulez. ô mon
Dieu! quel bonheur pour un pécheur qui désire de
regagner le ciel et l'amitié de Dieu qu'il a perdus
par le péché, d'être sûr de réussir dans son
entreprise! Voilà donc, mes frères, ce que vous
devez faire avant et pendant votre confession.
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