Vie de Pier Giorgio Frassati, béatifié par J-P II, déclaré patron des sportifs et des confréries /1 de 2.
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Pier Giorgio Frassati

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Avec Pier Giorgio Frassati, nous commençons une série dans laquelle nous tenterons de faire connaître ou de faire redécouvrir des jeunes qui se sont sanctifiés en vivant leur "quotidien" à la lumière de l'évangile.
Même si les conditions de leur époque ne sont pas tout à fait les mêmes que celles d'aujourd'hui, il ne faut jamais oublier que l'appel d'hier, à la sainteté, n'est pas différent de celui d'aujourd'hui. C'est le même Jésus qui appelle, c'est le même Ciel promis à ceux qui persévèrent, c'est la même grâce qui est offerte. Prions pour nos jeunes, pour leurs parents, pour les éducateurs.
 

ENFANCE

Pier Giorgio Frassati est né à Turin le 6 avril 1901 d'Alfredo Frassati et d'Adélaïde Ametis (épouse Frassati). Son père est agnostique, même s'il n'est pas hostile à l'Église; quant à sa mère, elle est catholique pratiquante, mais sa foi se limite à l'observation scrupuleuse des prescriptions de l'Église.

Pier Giorgio est éduqué de manière assez sévère, son père nourrissant l'espoir que son fils reprenne l'entreprise familiale.

Dès son plus jeune âge, Pier Giorgio se montre très bienveillant envers les pauvres. Selon une anecdote, un jour, un pauvre sonne à la porte des Frassati, mais le maître de maison le congédie au motif que son haleine est celle d'un ivrogne. Pier Giorgio se met alors à pleurer auprès de sa mère, soutenant qu'il s'agit là d'un refus de l'aide qui est due aux pauvres. En 1909, le jeune garçon perd son grand-père maternel Pier Giorgio.

Au cours de ses études, Pier Giorgio éprouve des difficultés scolaires. Il suit des cours particuliers dispensés par un salésien qui n'hésite pas à faire des digressions sur l'évangile. Luciana, sa cadette d'un an, suit les mêmes cours que lui.

Le 19 juin 1911, Pier Giorgio et Luciana font leur première communion. Sa mère l'initie aux excursions en montagne. à onze ans il gravit la montagne Castor à plus de 4 222 mètres en compagnie de sa mère.

Son père, directeur de La Stampa, accède au Sénat en 1913 ; Pier Giorgio est alors malicieusement considéré par ses a-mis comme "le fils du sénateur ".

Pier Giorgio poursuit ses études dans une école tenue par les jésuites, à " l'Istituto sociale " des Jésuites à Turin en 1913-1914, puis au Lycée "Massimo d'Azeglio" jusqu'en 1917 à l'instigation de son père spirituel, Don Lombardi. à l'instar de ce dernier, il communie régulièrement, ce qui est relativement rare à l'époque. Il apprend le piano et poursuit ses études.

Lors du déclenchement de la Première Guerre mondiale, Pier Giorgio défend, comme son père et le journal "La Stampa", une position neutraliste, refusant l'entrée de l'Italie dans un conflit armé.

Dès que la guerre éclate, Pier Giorgio suit des cours d'agriculture et obtient un diplôme en cette discipline. Très vite, il offre le fruit de son travail aux nécessiteux qu'il rencontre. Il se passionne pour les écrits de Dante Alighieri.

à la fin de la Première Guerre mondiale, Alfredo Frassati est nommé ambassadeur d'Italie en Allemagne à Berlin entre 1918 et 1922

Pier Giorgio demeure dans la capitale piémontaise (Turin) et part en vacances régulièrement en montagne à Pollone. C'est à cette époque qu'il veut devenir prêtre, mais sa mère, qui a d'autres ambitions, refuse, affirmant même "Mieux vaudrait qu'il décroche une licence et qu'il meure ensuite". Pier Giorgio vit alors sa foi dans l'indifférence générale de sa famille. Son père s'irrite par ailleurs que son fils refuse de le suivre dans sa carrière de propriétaire et de directeur du quotidien La Stampa.

Pier Giorgio Frassati entre en 1918 à l'école polytechnique de Turin afin de devenir ingénieur des Mines. Il choisit d'intégrer l'école afin de pouvoir côtoyer des ouvriers. Son père, qui ne connaît pas les motivations profondes de son fils, regrette qu'il ne prenne pas la voie nécessaire à la reprise de l'entreprise familiale La Stampa.

Pier Giorgio s'engage au sein de la Fédération des universitaires catholiques italiens (FUCI) et son cercle de Turin, le Cercle Cesare Balbo. Au sein de la FUCI, il prend connaissance de la doctrine sociale de l'Église, qu'il défend, avec une réforme agraire plus juste, l'Italie étant composée en grande partie de riches propriétaires terriens, beaucoup de paysans ne possédant pas leurs terres.

En 1918, il s'inscrit aux Conférences Saint-Vincent-de-Paul, fondées par Frédéric Ozanam. Cette association qui regroupe des bénévoles cherche à développer l'aide aux plus pauvres, en organisant soit des visites, soit la collecte de dons. L'année suivante il prend contact avec l'ordre de Saint Dominique.

Pier Giorgio participe quotidiennement à la messe, et respecte les prescriptions, comme le jeûne avant la communion, et il participe à des adorations eucharistiques. Il lit souvent les écrits de saint Paul, qu'il admire beaucoup, principalement pour ses écrits sur la charité. Il aime lire des vies de saints, qu'il considère comme des "lectures agréables".

En période de troubles en Italie, Pier Giorgio se livre de plus à une forme d'activisme politique, et cela malgré les dangers liés au contexte politique. Il se forge une pensée démocrate chrétienne, et milite pour le nouveau parti démocrate chrétien, le PPI, collant des affiches lors de la campagne pour les élections de 1919, et écrivant dans le journal du parti "Momento". Il affiche publiquement son appartenance au groupe politique des Jeunesses catholiques.
 

ENGAGEMENT POLITIQUE

En septembre 1921, Pier Giorgio, qui vient d'avoir 20 ans, participe au premier congrès de la Jeunesse catholique italienne, à Rome. Le congrès a l'autorisation de célébrer la messe dans le Colisée le 4 septembre, mais lors de l'arrivée des fidèles au matin, l'autorisation est reportée et les congressistes sont accueillis par la police. Alors qu'ils essaient de déposer une gerbe devant la tombe du Soldat inconnu, la manifestation est interdite par les autorités. La police exige que tous les drapeaux soient retirés, mais Pier Giorgio défend celui du Cercle Cesare Balbo. Il finit par être arrêté avec ses camarades et emprisonné. Au cours d'un interrogatoire musclé, les policiers apprennent qu'il est le fils de l'ambassadeur d'Italie à Berlin, lui présentent leurs excuses et veulent le remettre en liberté mais Pier Giorgio refuse de sortir de prison sans ses camarades, et tous les détenus sont relâchés.

En 1921, Pier Giorgio s'est inscrit au Parti populaire italien de don Sturzo qui se réclame des idées de la Démocratie chrétienne.

Au cours du mois d'octobre 1921, Pier Giorgio rend visite à sa famille à Berlin. Il en profite pour passer plusieurs semaines à Fribourg-en-Brisgau où il étudie, auprès du professeur Karl Rahner, la langue et la culture allemandes. C'est au cours de cette période, et au cours de discussions avec Karl Rahner, qu'il renonce au sacerdoce: "Je veux pouvoir aider, par tous les moyens possibles, les gens de mon pays, et j'y parviendrai mieux en conservant mon état laïc plutôt qu'en devenant prêtre, parce que chez nous, les prêtres n'ont pas, comme en Allemagne, de contacts avec le peuple. Un ingénieur des mines peut, en donnant le bon exemple, avoir une action plus efficace."

De retour dans sa famille, Pier Giorgio fuit les mondanités nécessaires à la vie d'un fils de diplomate, préférant soutenir les nécessiteux, leur distribuant de la nourriture ou fleurissant leurs tombes avec les fleurs qu'il récupère après les réceptions à l'ambassade. Sa mère, Adélaïde Ametis, peintre reconnue et recherchée, qui ne comprend ni les raisons de ses retards aux réceptions ni son refus des mondanités, en conclue qu'il dispose d'une intelligence médiocre; de fait, elle le considère de plus en plus comme un "raté" incapable de se plier aux exigences de la vie mondaine.

Pier Giorgio, quant à lui, se passionne de plus en plus pour la montagne, organisant régulièrement des excursions avec ses amis en altitude. En 1921, l'un d'eux se tue lors d'une de ces sorties à la placca Santi. En 1922, lui-même est pris dans une tempête alors qu'il tente de gravir le col du Petit-Saint-Bernard. Pendant la période du Carnaval, il part avec son groupe faire du ski et des promenades en montagne.

Le 28 mai 1922, Pier Giorgio, après avoir étudié la spiritualité pendant plus de quatre ans, devient membre laïc du Tiers Ordre dominicain. Il explique ainsi son choix : "Dans l'état laïc, j'aurai plus facilement des contacts quotidiens avec le peuple, je pourrai plus facilement assister mes frères." L'année suivante, il fait profession perpétuelle comme laïc dominicain sous le nom de Frère Jérôme en l'honneur de Jérôme Savonarole, qu'il admire pour sa volonté de réforme démocratique et de lutte pour la chasteté. Il continue son engagement auprès des pauvres, dans lequel il voit "briller autour de ces êtres misérables et défavorisés une lumière que nous n'avons pas."

L'arrivée du parti de Benito Mussolini au pouvoir le 28 octobre 1922 est pour Pier Giorgio source d'une grande tristesse, mais aussi d'un sentiment de révolte dans la mesure où le Parti populaire italien ("les Populaires"), présidé par Alcide De Gasperi, s'allie aux fascistes dès le mois de septembre 1922. L'union est de courte durée : le PPI est dissout en 1926 et Alcide De Gasperi, devenu un opposant sérieux, condamné à 4 ans de prison. De Berlin, que sa famille s'apprête à quitter, Pier Giorgio écrit à ses amis : "J'ai donné un coup d'œil au discours de Mussolini et tout mon sang bouillait dans mes veines. Je suis vraiment déçu par l'attitude des Populaires ! Où est la foi de nos hommes ?[…] Il fait bon vivre ici où l'on est tranquille, loin du pays tombé entre les mains d'une bande de fripouilles."

Le père de Pier Giorgio, Alfredo Frassati, lui aussi profondément anti-fasciste, démissionne et, quittant Berlin avec sa famille, s'en retourne vivre à Turin, se consacrant à La Stampa. Quelques mois plus tard, le pouvoir en place l'oblige à quitter le monde de la presse et à vendre son journal pour un prix dérisoire à Giovanni Agnelli, patron de Fiat. 

En janvier 1923, Pier Giorgio se montre très préoccupé par la crise internationale que provoque l'occupation de la Ruhr par les troupes françaises. Il écrit une lettre à la Jeunesse catholique de la Ruhr le 13 janvier 1923 ; publiée dans le journal "Deutsche", elle tend à soutenir la population : "En ces moments tragiques et douloureux où un pied étranger foule le sol de votre patrie et vos foyers, nous vous envoyons, nous étudiants catholiques, l'expression de notre amour fraternel […] La paix véritable naît de l'amour chrétien pour le prochain et non pas tant de la justice. Or, ces gouvernements préparent pour toute l'humanité un avenir fait de nouvelles guerres. La société moderne s'enlise dans les passions humaines et s'éloigne de tout idéal d'amour et de paix. Nous devons, vous et nous qui sommes catholiques, faire souffler l'esprit de bonté qui naît seulement de la Foi dans le Christ."

Toujours en 1923, il rencontre Laura Hidalgo, qui sera sa grande histoire d'amour. Orpheline et étudiante en mathématiques, vue pour la première fois pendant le carnaval de 1923, elle devient pour lui un guide et un soutien. Il ne parle à personne de cet amour, qu'il garde secret pendant plusieurs mois et auquel l'opposition de sa famille le fera renoncer. Le 23 août 1923, il apprend la mort de son oncle Pietro et de l'un de ses amis lors d'une ascension en montagne le 13 août 1923.

En octobre, le journal auquel il participe, "Momento", soutient désormais le Duce et sort le drapeau du cercle "Momento" en son honneur lors de sa venue à Turin. Pier Giorgio écrit alors une lettre de démission du Cercle Cesare Balbo auquel appartient le journal : "Je suis vraiment révolté d'apprendre que ce drapeau, que j'ai tant de fois porté dans les cortèges religieux, tu l'aies exposé au balcon pour rendre hommage à cet homme qui détruit les œuvres pies, ne met aucun frein aux fascistes, laisse assassiner les ministres de Dieu comme Don Minzoni, permet que l'on commette d'autres vilenies et cherche à couvrir ces méfaits en rétablissant le crucifix dans les écoles […] Je prends toute la responsabilité de mon acte ; j'ai enlevé le drapeau et je t'adresse mon irrévocable démission […] "
 

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