Vie édifiante de Gérard Raymond, jeune du Québec, mort à 20 ans en odeur de sainteté / Partie 2.
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GéRARD RAYMOND

(suite et fin)

  LA TUBERCULOSE

C'est au milieu de ces préoccupations de Sainteté et de dévouement pour la Foi que le terrible mal qui devait l'emporter est venu le chercher. Le jeune homme était atteint de la tuberculose pulmonaire. Progressant lentement, le mal ne faisait tout d'abord que l'affaiblir. C'était pour lui des occasions de pratiquer la résignation, et avec quelle ferveur il acceptait la souffrance !

« Vers le soir, écrit-il le 26 juin 1930, je me suis blessé : j'ai marché sur un clou. Et ce matin je suis incapable de marcher. Hier au soir, la douleur m'a gardé longtemps éveillé, Dieu soit béni ! Aujourd'hui je suis donc malade, ce qui ne m'arrive pas souvent : Dieu soit béni ! Il m'est si peu souvent donné l'occasion de souffrir, je dois accueillir avec joie et empressement cette occasion qui se présente. Quand la douleur est trop forte et que je veux me réveiller, je regarde mon Crucifix. »
 

Le 11 septembre 1930, au lendemain de l'ouverture de la Retraite, il écrit :

« ô Jésus, je veux Vous ressembler davantage. Je veux passer ma vie à travailler pour sculpter Votre Image en moi. Dans l'Ordre Franciscain surtout, si c'est là que Vous m'appelez, je tâcherai de Vous ressembler. Comme Vous, je veux souffrir et mourir, après avoir vécu dans la pauvreté, l'humilité et la chasteté. Mon rêve Vous le connaissez, ô Jésus. C'est de pouvoir, un jour, Vous ressembler complètement, si possible, en versant comme Vous mon sang pour les pécheurs. Accordez-moi, je Vous en prie, la grâce du martyre. Pour aujourd'hui, je m'offre à Vous en victime pour mes quelques confrères qui ne veulent pas faire une bonne Retraite. Pour eux mes sacrifices. Bénissez-moi et faites que ma Retraite soit bonne et fructueuse. »
 

On ne peut qu'admirer les préoccupations apostoliques bien réelles de ce grand cœur.

Le lendemain, le 12 septembre, il reprend avec autant d'ardeur :

« Depuis quelque temps, je sens continuellement un malaise dans le corps, du côté droit. Appendicite ? Je ne sais pas. Mais ce mal est bien tenace. Comme Vous voudrez, ô mon Dieu, faites de moi ce qu'Il vous plaira. J'accepte avec joie la souffrance que Vous m'envoyez, aggravez-la si Vous le voulez ou faites-la disparaître. Je me livre à Vous tout entier, jusqu'au bout. Vous savez que certains de mes confrères ne font pas leur Retraite, ceux-là surtout que je Vous recommande si souvent. Je Vous en prie, ô Jésus, sauvez-les. à l'occasion de cette Retraite, attirez-les à Vous. S'ils Vous fuient, ils ne savent pas ce qu'ils font, sauvez-les donc malgré eux. Vous êtes si puissant. S'il Vous faut quelqu'un pour souffrir à leur place, pour expier, me voici, je suis prêt jusqu'au bout. (…)
 
ô Jésus, j'ose à peine formuler ce désir, recevez-le s'il Vous plaît comme un témoignage de mon amour. Si Vous voulez, je suis prêt. Je Vous offre ma vie, je Vous sacrifie ma vie avec mes espoirs de Sacerdoce et de martyrs pour qu'en échange, de tous les élèves qui suivent avec moi cette Retraite, aucun, aucun ne soit perdu éternellement. Pour que tous Vous aiment et travaillent à l'extension de Votre Règne sur cette terre.»
 

Et encore le 14, jour de la clôture de la Retraite, il supplie encore pour la conversion de certains confrères :

« Vous n'avez pas pour aujourd'hui accepté mon offrande, ce sera donc pour une autre fois. Mais, ô Jésus, si vraiment quelques confrères n'étaient pas encore avec Vous, je Vous prie, acceptez mon offrande ; ou bien, accordez-moi de souffrir toute ma vie, et recevez mes souffrances unies aux Vôtres pour cette même fin. »
 

à partir de cette Retraite, ses immenses désirs de sacrifice s'enflamment toujours plus, aussi, il se rend compte de sa faiblesse. Sans cesse il se reproche son inconstance à suivre son règlement, sa paresse, son peu de volonté. à ce sujet, un Prêtre écrivit après la lecture du journal du jeune séminariste :

« Dans sa profonde humilité, il attribue à la négligence ce qui n'est que l'effet de la maladie ; car déjà, il est sournoisement travaillé, sans le savoir, par le mal mystérieux qui le conduira au tombeau quelques mois plus tard. »

Les notes des derniers mois de sa vie font de fréquentes allusions à la mort prochaine qu'il entrevoit. Le 19 juin 1931, il écrit :

« L'affaire du Salut est personnelle. Dieu nous a fait sans nous... Je veux être prêt à mourir n'importe quand ; aujourd'hui je suis prêt, ô Jésus venez si c'est le temps... Vous savez, ô mon Dieu, la mort que je Vous demande, malgré mon indignité. Puissé-je mourir martyr ! Tout comme Jésus, jusqu'au bout... Pour Vous, pour Votre amour et pour sauver les âmes. C'est là le seul moyen que j'aurai de répondre un peu à Votre amour, et encore ce ne serait pas assez. Je veux me mortifier toute ma vie, vivre en Saint pour mériter cette faveur, cette mort si belle... Je veux Vous suivre, je veux Vous aider pour ramener les pécheurs... Vous donnez Votre vie, je Vous donnerai la mienne ; Vous souffrez, je souffrirai ; Vous mourez pour eux et pour moi, je mourrai pour eux et pour Vous. Dès ce moment, attachez-moi à Vous pour toujours. ô Jésus, et avec Vous, avec Vous seulement, je monterai jusqu'aux sommets. »
 

Le dernier jour de décembre de cette année 1931, il est seul à la maison parce que ses parents sont partis à Montréal pour assister à la Profession Religieuse de leur fille aînée, Sœur Marie-Camille, de la Congrégation Notre-Dame. Il écrit dans son journal :

« Un mot avant que l'année se termine. Ma dernière année complète dans le monde n'a pas été ce que j'aurais souhaité qu'elle fût au point de vue spirituel. Depuis le début des vacances de Noël, je vivote vaille que vaille. D'abord je suis malade : fièvre, grippe, mal de tête, mal d'estomac, etc. Aujourd'hui je suis un peu mieux, mais encore assez mal. Je pourrais me servir de ces jours de maladie pour m'élever vers Dieu, je reste collé au sol. »
 
« Je vois bien des points noirs dans l'année qui s'en va. Je veux que celle qui s'en vient soit toute blanche. Blanche... ou rouge, car je suis prêt. J'accepte toutes les douleurs, tous les sacrifices que pourra m'apporter 1932. Résignation joyeuse, conformité à la Volonté de Dieu, c'est bien le moins que je puisse faire quand mes résolutions sont si faibles, ma volonté si débile. Acceptez, Jésus, ma bonne volonté, et transformez-la en volonté durable et constructive. »


Et voici les dernières lignes de son journal, à la date du 2 janvier 1932 :

« Je suis encore malade un peu. En ce début de l'année je viens de cracher ce soir, pour la première fois de ma petite vie, un peu de sang. Il se peut que cela ne soit pas grave du tout... Il se peut que ce soit grave... peu importe. Je suis prêt à tout accepter. Donner mon sang en pleine vigueur de jeunesse, cela vaut bien le martyre lointain et problématique d'un vieillard de demain ? Faites de moi, Bon Jésus, tout ce que Vous voudrez. Faites-moi souffrir si cela Vous plaît, je suis si lâche pour acquérir des mérites autrement. D'avance, Jésus, j'accepte tout, tout... Et je suis fort, avec vos souffrances. »
 

 Les 8 et 9 janvier Gérard va encore au Séminaire ; ces sont ses deux derniers jours de classe. Le 22, une assez forte hémorragie survient. Son état s'aggrave et le 15 février, il doit prendre le chemin de l'Hôpital Laval. Et quittant ses parents, il dit tout simplement :

« C'est la Volonté du Bon Dieu ».
 

Pas un mot de plus. Le 5 juillet il s'éteignit paisiblement durant la nuit, après une hémorragie. ■

Texte extrait du journal
« Magnificat » n° 42 - Nov. 2007
 
PRIèRE
pour la béatification de
GéRARD RAYMOND

Seigneur Jésus, qui avez comblé de grâces Votre fidèle Serviteur Gérard Raymond, c'est en toute confiance que nous recourons à son intercession. Faites qu'en considération de ses mérites, nous puissions obtenir la faveur (…) que nous Vous demandons et toute soumission à la Volonté de Votre Père. Alors nous aurons la joie de témoigner de son crédit auprès de Vous dans le Ciel et de contribuer ainsi à sa Glorification sur la terre. Amen.

Imprimatur : Paul Nicole V.G.
Québec, 16 août 1982
 

 

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