Ses très vives souffrances physiques provoquées par ses stigmates
s’accompagnaient des souffrances morales infligées par les attaques incessantes du démon,
qui, pour ainsi dire, jamais ne cessèrent.
Satan ne pouvait se faire à l’idée de perdre cet homme prédestiné
et rempli d’Amour pour Dieu, dont rien n’entamait la confiance, l’obéissance et les vertus.
À un moment donné, il semblait qu’un seul jour par semaine, le mercredi,
Lucifer le laissait un peu en paix, mais en-dehors de cela, il ne cessait de le battre presque à mort…, écrit-il.
“Du jeudi soir jusqu’au samedi, notre ennemi commun déploie tous ses efforts
pour me prendre et me détruire, comme il le répète souvent… C’est une tragédie douloureuse pour moi.
Il me semble que mon cœur, mes pieds, mes mains sont transpercés par une épée, tant la douleur est forte.
Le démon, pendant ce temps, ne cesse de m’apparaître sous d’horribles formes
et de me frapper d’une façon vraiment épouvantable…”
Satan, devant l’échec des mauvais traitements infligés à Frère Pio,
dont il essayait de broyer les os, changea de tactique: tout en continuant
de le battre avec des chaînes ou des engins de fer, de menacer de le détruire,
de lui faire subir toutes sortes de tortures, il s’efforça, mais en vain, de le convaincre,
par des arguments subtils, de changer de directeur spirituel.
Il effaça l’écriture d’une lettre de ce directeur spirituel et
fit une grosse tache d’encre indélébile sur une autre missive.
Peine perdue, le Frère lisait la feuille blanche ou jetant de l’eau bénite
sur l’encre, réussissait à effacer la tache ! Il multiplia les exorcismes.
Les tentations et supplices diaboliques se produisaient même la nuit,
pendant les heures de repos, où le Frère était arraché du lit pour être “rossé” implacablement:
“Il veut, écrit Frère Pio, que je me perde à tout prix. Il présente, devant mes yeux,
le tableau douloureux de ma vie et ce qui est pire, il m’insinue de désespérer…”
Parfois, devant les brutalités démoniaques, le Saint se demandait comment il n’en mourait pas,
comment son corps fragile et malade pouvait supporter des supplices qui inondaient ses draps de sang !
Parfois, Frère Pio, habitué somme toute à vivre avec Satan et son armée de démons,
engageait le dialogue, avec lui, sur un ton ironique:
- Comme tu plairais davantage à Jésus, dit le démon, si tu interrompais
toute relation avec ton frère spirituel. Il est pour toi un être très dangereux et un prétexte
de grave distraction. Le temps est très précieux. Emploie-le à prier pour ta santé,
qui est en sérieux danger. Si tu continues, l’enfer t’est ouvert…
- Je dois confesser mon tort, lui rétorquait le Frère. Jusqu’à maintenant, je me suis trompé.
Je ne te croyais pas si habile à diriger l’esprit. Je regrette vivement que tu ne puisses assumer
le rôle de mon directeur spirituel, puisque mon frère spirituel exerce cette charge depuis très longtemps,
et nos relations sont arrivées à un tel point que je ne peux pas les tronquer tout d’un coup…
Parcours le monde, tu trouveras bien d’autres personnes qui t’engageront, si tu es capable dans ce domaine…
Et les démons, furieux, se jetaient sur lui, le maudissant et menaçant de le détruire s’il ne leur cédait pas,
ou de lui faire subir ce que l’esprit humain ne pouvait concevoir. Le diable, pour tâcher d’arriver à ses fins,
se déguisait même en prélat, en évêque ou en franciscain…
À propos de ces combats entre Frère Pio et les démons,
on trouve quelques anecdotes dans un cahier de notes du Frère gardien du couvent des Capucins de Foggia:
“Un soir, Piucco [nom familier du Frère Pio] me demanda d’aller se coucher,
car il n’avait pas envie de dîner. Je ne fis aucune difficulté pour lui donner la permission,
d’autant plus qu’il ne prenait aucune nourriture. Un quart de glace que, peu après, il rejetait,
voilà la nourriture dont s’alimentait le jeune Pio !"
“Un de ces soirs, tandis que la communauté était réunie au réfectoire,
on entend une forte détonation dans la cellule de Pio, qui se trouvait au-dessus de la voûte du réfectoire.
Ne sachant pas de quoi il s’agissait, j’envoyai le Frère Francesco de Torremaggiore dans sa cellule,
imaginant que le jeune Pio, ayant besoin de quelque chose, avait jeté une chaise au milieu
de la pièce pour se faire entendre.
Le Frère monte à l’étage supérieur et demande à Frère Pio s’il a besoin de quelque chose.
Celui-ci répond d’une voix irritée: “Je n’ai pas appelé et n’ai besoin de rien.” Le dîner reprend…
Les soirs suivants les détonations se produisirent également.
Les Frères commençaient à faire des suppositions et à discuter.
Les uns disaient que c’était l’esprit follet et que même une de nos locataires l’avait vu.
Les autres affirmaient qu’il s’agissait de forces énergétiques et magnétiques…
En somme, chacun avançait son hypothèse."
“Après le réfectoire, on allait dans la cellule du jeune Pio pour passer
la demi-heure de récréation, autorisée par la règle, récréation que l’on prenait avec plaisir.
Nous jouissions volontiers de la compagnie du jeune Pio."
“Il était toujours gai et puis, quand il racontait quelque histoire,
il était si heureux qu’on ne se lassait jamais de l’entendre, on y trouvait plutôt du plaisir."
“Il faut dire aussi qu’après les détonations, dont j’ai parlé,
Frère Pio se trouvait dans un bain de sueur et il fallait le changer de la tête aux pieds !
Je me rappelle qu’un jour – et je n’exagère pas –, je remplis presque une bassine d’eau avec ses caleçons !…"
“Qu’étaient ces détonations? Par précaution, les Frères tiraient le verrou
de leur porte quand ils se retiraient dans leur cellule, car la terreur régnait dans le couvent."
“Un soir arrive d’Agostino, l’évêque d’Ariano (évêché suffragant de l’archevêché de Bénévent).
Je l’informe de ce qui se passe et lui me répond: " Frère gardien, le Moyen Âge est fini et vous,
vous croyez encore à ces balivernes ! "
Je pensais en moi-même: Très bien.
Celui-ci est comme l’apôtre Thomas qui, s’il ne voit pas, ne croit pas… Il y croira…
La cloche du dîner sonne et nous allons au réfectoire.
Je dispense du silence de règle pour honorer l’hôte et tandis que nous parlions,
j’entendis un bruit de pas sur la voûte du réfectoire, un piétinement que j’entendais
toujours avant la détonation. J’imposai donc à tous le silence et le bruit éclata.
Le domestique de l’évêque, qui mangeait dans l’hôtellerie, se précipita au réfectoire,
épouvanté, les cheveux dressés sur la tête. L’évêque eut si peur que ce soir-là il ne voulut pas dormir seul…
Le lendemain, il quitta le couvent et ne revint plus…
Évidemment, la fuite de l’évêque ne mit pas un terme à l’affaire.
Un jour où tous les Frères, à l’exception de F. Pio et de moi-même,
étaient sortis du couvent pour un office funèbre, une nouvelle et plus forte détonation retentit.
Je me précipite à l’étage: “Je ne sais rien, Frère précepteur”, répondit Pio.
Je commençais à en avoir assez. Je devais essayer d’empêcher cette détonation.
Les religieux de la communauté étaient épouvantés. Ceux de passage s’en allaient
immédiatement avec l’intention de ne plus passer par Foggia.
Je mis donc mon surplis et l’étole et j’exorcisai toutes les pièces.
Quand j’arrivai chez Frère Pio, je le trouvai assoupi. Je le réveillai donc,
mais me voyant avec le seau d’eau bénite, il éclata de rire !
- Pourquoi ris-tu? lui dis-je.
- Pour rien.
- Comment pour rien? hurlai-je.
Dis-moi tout de suite de quoi il s’agit, sinon je te rappelle le commandement d’obéissance.
Il se décida alors à m’avouer qu’il était contraint d’engager
un furibond corps à corps avec Satan et qu’à la fin de la lutte,
le diable furieux faisait du tapage et crevait !
Je demandai à Frère Pio si je pouvais assister à une de ces
luttes avec le démon. Il me répondit: “Je ne vous le conseille pas.”
Je n’insistai pas, craignant de succomber en m’exposant volontairement à la tentation,
mais je dis au Frère Pio: “Piuccio, cette situation ne peut pas durer.
Tu diras à Jésus qu’Il ne te permette plus cette détonation.
S’Il veut consentir à la tentation de Satan, qu’Il le fasse, mais sans faire peur aux religieux.”
Depuis lors, le calme revint au couvent.”
Ces tentations et ces combats avec le démon étaient, bien sûr,
tout à fait réels et non imaginaires. L’existence de Satan et des autres démons,
que certains ignorants ont actuellement tendance à nier, est certaine et fait partie
de la Révélation de Dieu et donc aussi
de l’enseignement doctrinal de l’Église.
C’est un article de Foi catholique.
“Si quelqu’un décide de penser que Dieu ou Satan n’existe pas,
ce n’est pas pour autant qu’il cesse d’exister !”
(Sr Emmanuel de la Communauté des Béatitudes).
Chacun croit ce qu’il veut bien croire et refuse de croire ce qui
le dérange ou ne lui convient pas. Les idées que l’homme se forge
sur l’existence ou l’inexistence de ceci ou de cela, – sans parler de
son ignorance, qui est souvent si grande ! –, ne changent rien à la réalité
des êtres et des choses, qui n’en restent pas moins ce qu’ils sont, indépendamment de toute pensée humaine…
La pensée de l’homme est toujours en évolution, assez souvent changeante
et fluctuante au gré de ses découvertes ou des connaissances nouvelles qu’il parvient à acquérir. (Pierre Aldéric)
Lucifer et les anges déchus ne cessent de tenter et de persécuter les hommes.
En punition de leur faute, ils ont été condamnés à l’enfer sans fin, qui a été
préparé pour eux et pour les autres damnés, ceux qui préfèrent le mal et Satan
au Bien et au Souverain Bien qu’est Dieu.
La volonté des démons est tellement obstinée, endurcie et confirmée dans le mal,
qu’ils ne peuvent accomplir aucun Bien. Dans tous leurs actes, ils ne cherchent et
ne veulent que le mal, la ruine et la destruction, la mort et la damnation des hommes.
Tous leurs actes visent la guerre contre Dieu et, par suite, contre tout ce qui est Bien,
Bon et Beau, en un mot, contre tout ce qui est de Dieu et vient de Lui. D’une manière
ou d’une autre, ils sont tournés vers le mal pour l’imposer, le faire triompher, de sorte
qu’il règne partout dans le monde.
Mais comme le mal est haine et mort et conduit à la haine et à la mort,
ainsi qu’à la destruction de toute Vie, les démons et leurs divers complices
– qui sévissent avec eux –, constituent une force négative, qui tend à tout ramener au néant…
Ils correspondent à l’antimatière et aux trous noirs dans l’Univers physique. (P. Aldéric)
Les démons, sortant de l’enfer et venant sur la Terre, pour faire la guerre aux hommes,
et les entraîner à leur perte, peuvent leur nuire en les poussant au péché par la tentation;
en les affligeant de divers maux; en leur procurant certains avantages matériels pour
mieux les séduire; en usurpant, auprès d’eux, la place de Dieu et de tout ce qui est
de Dieu, et en s’imposant à leur adoration.
Mais à côté de ces êtres malfaisants et nuisibles,
notre Créateur place des myriades de saints Anges, Êtres de Lumière et d’Amour,
qui ont pour mission de nous protéger et de nous aider, de nous inspirer et de nous fortifier,
de nous encourager, consoler, réconforter et assister en permanence et de toutes les façons…
Les démons ont naturellement horreur des Puissances divines et de la Religion chrétienne,
auxquelles se rattache le souvenir de leur défaite perpétuelle…
C’est pourquoi, à la seule vue du Crucifix ou du signe de la Croix, à la simple invocation
du Nom tout-puissant de Jésus, de ceux de Marie et de St Michel, ils souffrent et s’enfuient.
Et c’est pourquoi aussi, par les exorcismes, on se débarrasse d’eux. Ces exorcismes,
avec les aspersions d’eau bénite, c’est la prière de l’Église demandant à Dieu et
obtenant de Lui la fuite des démons.
St Jean de la Croix, parlant des bêtes féroces que sont les tentations,
les tribulations et les épreuves de toutes sortes que
“le Seigneur envoie aux hommes qu’Il destine à une haute perfection”, déclare qu’ainsi
“Dieu les éprouve et les épure comme l’or dans la fournaise”, selon cette parole de David:
“Nombreuses sont les tribulations des Justes, mais le Seigneur les délivre de toutes.”
Simple explication proposée en attendant mieux…
Pour résister aux tentations et livrer ses combats contre le démon,
le Frère Pio se servait de son arme: le chapelet, la prière, le recours à Jésus.
Dans toutes les lettres où il parle des attaques de Satan et des tentations,
il ne manque jamais d’ajouter, avec plein de reconnaissance, la manière dont il était consolé:
“Mon Seigneur et d’autres célestes et nobles Personnages me réconfortent
avec leurs fréquentes visites. Vive Jésus ! répétons-nous toujours…
Que vivent toujours l’Amour et la Miséricorde de Jésus.
Ce Jésus me demande presque toujours de la Charité.
Et mon Amour plus que ma bouche Lui répond: Oh ! mon Jésus, je T’aime !
À ce moment-là, je sens aussi le besoin de T’aimer davantage.
Mais Jésus, de l’Amour dans mon cœur je n’en ai plus, Tu le sais: Je Te l’ai tout donné.
Si tu veux, prends mon cœur et remplis-le de ton Amour, et puis commande-moi
de T’aimer et je ne refuserai pas. Je Te prie même de le faire, je le désire…
Vive l’Amour de Jésus qui, avec ses visites, me récompense de tout.”
PADRE PIO (1)
EXTRAITS DE SA VIE MYSTIQUE
Il disait, à propos de la fin de ses combats avec le diable:
“Jésus, sa Mère, le petit Ange [gardien] et le frère Saint François sont presque toujours avec moi…
Jésus est toujours généreux envers moi, arrivant même, parfois, à me lever de terre et à me coucher sur mon lit.”
À l’issue d’une habituelle visite du démon, il écrit:“C’était une épreuve qui était bien au-dessus de mes forces,
mais le bon Jésus, qui permit à Barbe Bleue (Satan) de me traiter de cette façon, ne manqua pas, par la suite,
de me consoler et de raffermir mon esprit.
Je pus avec peine me rendre chez le divin Prisonnier pour célébrer la Messe.
Oh ! comme fut suave le dialogue que je tins avec le Paradis, ce matin-là, lorsque,
ayant terminé la Messe, je m’entretins avec Jésus et Le remerciai. Ma Joie fut telle que,
même en voulant essayer de tout raconter, je n’y réussirais pas.
Il y a des choses qu’on ne peut pas traduire en un langage humain
sans qu’elles perdent leur profond sens céleste. Le Cœur de Jésus et le mien se sont fondus.
Ce n’étaient plus deux cœurs qui battaient, mais un seul. Le mien avait disparu comme une
goutte d’eau se perd dans la mer… L’homme ne peut comprendre quand le Paradis se
répand dans un cœur, ce mortel – faible et affligé – ne peut le supporter sans pleurer”.
PAGE SUIVANTE
Page
1
2