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Réparer les péchés
des autres
est une école d'amour
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La dernière demande de la Sainte Vierge, le 13
octobre, est comme le noyau de tout le message :
« Il faut que les hommes se corrigent, qu’ils
demandent pardon pour leurs péchés.
Que l’on n’offense pas davantage Dieu, notre
Seigneur, qui est déjà trop offensé. »
Et Lucie ajoute dans ses Mémoires :
«Quelle plainte pleine d’amour et quelle tendre
supplication ! Qui me donnera de la faire résonner
dans le monde entier et que tous les enfants de la
Mère du ciel entendent le son de sa voix ! »
Cette demande n’est pas la demande d’une
réparation en général, mais vient tout droit du Cœur
Immaculé de Marie, blessé par les offenses commises
contre lui.
Et pendant qu’elle s’élevait dans le ciel, le
reflet de sa lumière continua de se projeter vers le
soleil qui se mit à danser au-dessus de la Cova da
Iria devant environ 70 000 personnes.
Alors qu’est-ce qu’attend exactement de nous le
Cœur de Marie ? Il est certain qu’elle a les mêmes
intentions spécifiques que celles de Jésus à
Paray-le-Monial, puisque Marie n’a pas d’autre
pensée ni d’autre volonté que celles du divin Cœur
de Jésus.
Si le moment est arrivé, c’est parce que saint
Jean l’évangéliste nous assure qu’à la question de
la mystique sainte Mechtilde :
« Comment se fait-il que toi qui as reposé sur
le Cœur de Jésus tu n’aies pas parlé de son Cœur
dans ton évangile ? »,
l’apôtre répondit :
« Cela était réservé à des temps à venir qui
deviendraient tièdes et bouleversés. »
Là où le péché
abonde, la grâce surabonde. (Rm 5, 20)
Quand l’amour s’est éteint, c’est alors qu’eut
lieu la révélation de la dévotion au Sacré Cœur de
Jésus à sainte Marguerite Marie, qui consiste à
regarder le divin Cœur de Jésus souffrant tellement
à cause de l’ingratitude, de l’indifférence et des
blasphèmes des hommes, à réparer les crimes commis
et à pratiquer les premiers vendredis de neuf mois
consécutifs, afin d’obtenir au dernier moment de la
vie, par le Cœur miséricordieux de Jésus, la grâce
du salut.
Le message de Fatima va dans le même sens, mais
en se tournant vers le Cœur Immaculé de Marie, qui
souffre lui aussi de l’ingratitude, de
l’indifférence et des blasphèmes des hommes. Marie
demande une réparation et promet, par le moyen des
premiers samedis de cinq mois consécutifs,
d’assister chacun, à l’heure de sa mort, avec toutes
les grâces nécessaires au salut.
Jésus-Christ est le Fils de Marie et notre
Sauveur. Marie est la Mère de Jésus et aussi notre
Mère. Par leurs souffrances et par les mérites de
leurs deux Cœurs, le monde a obtenu le remède à tous
les maux qu’il encourt par suite de ses péchés. Par
sa Passion rédemptrice, Jésus unit tous les hommes,
les saints et les pécheurs, en son Corps mystique
qui est l’Église. Ce qui nous blesse dans notre vie
individuelle, ce qui est une pierre d’achoppement
dans le monde, tout cela se trouve fondu dans les
sentiments divino-humains du Cœur de Jésus, comme
aussi dans le Cœur Immaculé de Marie et en nos
cœurs.
Nous sommes les membres du Corps mystique du
Christ. Si nous sommes effrayés par nos péchés et si
les péchés du monde nous affligent, nous devons les
réparer. Les messages de Paray-le-Monial et de
Fatima nous appellent à la réparation. Par notre
peine et notre repentir, nous pourrons parvenir à
cette merveilleuse réparation qu’attendent les Cœurs
de Jésus et de Marie.
Il n’est pas difficile d’aimer Dieu pour une âme
généreuse qui vit dans la grâce de Dieu. Il n’est
pas difficile d’aimer Jésus, qui est né de la Vierge
Marie et qui a vécu notre condition humaine en toute
chose, à l’exception du péché. Il n’est pas
difficile d’aimer le Cœur Immaculé de celle que
Jésus nous a donnée pour qu’elle soit notre Mère.
Cependant, rien ne nous surprend autant que de
connaître leur désir. Et leur désir, c’est que notre
amour pour eux soit un amour de compassion, c’est
que nous éprouvions de la peine à leur égard. Ils
attendent que nous soyons attentifs à leurs
souffrances et que nous les consolions.
Mais comment comprendre que ces Très Saints
Cœurs puissent rechercher notre consolation, qu’ils
soient assoiffés de notre réparation et attendent
notre compassion ?
Que pouvons-nous donner à l’Amour infini ? Le
cœur ne trouve aucune difficulté à comprendre cela,
parce qu’il sait par expérience qu’en notre monde
tout suit un chemin de contradiction et de lutte. Il
sait que le Fils de Dieu et sa Mère, en venant dans
le monde, ont aimé et qu’ils ont eu à souffrir. Et
plus ils ont aimé, plus ils ont eu à souffrir. En
venant dans notre monde, ils sont entrés en relation
d’amour, de souffrance, de lutte, de victoire et de
compassion.
Jésus-Christ a ses lois et celles-ci peuvent
être méprisées. S’il y a des âmes qui ressentent
l’horreur du péché, il en existe d’autres qui ne
respectent pas Dieu et s’habituent au péché.
Qu’est-ce que Dieu peut faire de ces âmes ? Faire
tomber sur elles la foudre, comme le souhaitaient
certains apôtres ? La volonté de Dieu sur cette
terre dépend de chacun : si tu veux, fais ce que
Dieu désire ; mais si tu ne veux pas, méprise Dieu
et offense-le ! C’est la même chose avec l’Église,
le Corps mystique de Jésus. Là aussi, quelle grande
lutte !
Malheureusement, le Corps mystique n’est pas
mieux traité que le Verbe incarné. De plus, le sort
du Fils est aussi celui de sa Mère. Les épines, qui
représentent les péchés, grandissent en abondance
autour de leurs deux Très Saints Cœurs et il semble
même que ce soit autour d’eux qu’elles poussent le
mieux !
Il n’y a pas d’amour sans souffrance. Et plus
l’amour est grand, plus profonde est la souffrance.
Ces épines d’amour n’ont peut-être pas encore
encerclé notre cœur. Mais quand notre âme aura
atteint la transparence, notre conscience con naîtra
aussi la peine, le repentir et la compassion par
rapport aux intérêts de Dieu qui sont partout
méprisés. Un cœur aimant connaît la souffrance.
Jésus a clairement déclaré que le mépris des
hommes le touche. Il a dit à sainte Marguerite Marie
combien il en souffre. Il lui a montré, dans sa
gloire, son Cœur infiniment heureux. Mais il lui a
en même temps montré la couronne d’épines qui
l’entourait et l’ombre d’une croix qui recouvrait la
plaie du côté.
On ne peut imaginer que la vie, même dans la
gloire, soit insensible à tout ce qui lui est cher.
On ne peut imaginer qu’un cœur glorifié, y
compris les Très Saints Cœurs de Jésus et de Marie,
ne ressente pas les offenses et n’en souffre pas.
Mais il est tout aussi certain que cette souffrance
n’est pas une torture comme celle du martyre sur la
terre. Leur tristesse est incluse dans la joie
éternelle et l’échec est porteur de la victoire
définitive : c’est ainsi qu’ils voient, dans la
lumière de Dieu qui se projette sur notre monde, le
déroulement des luttes et même le péché qui blesse
leurs Cœurs pourtant déjà dans la gloire.
Nous ne saurions comprendre comment leurs Cœurs
glorifiés peuvent connaître simultanément la
souffrance et le bonheur. Mais nous croyons que ces
Cœurs qui aiment tant les hommes reçoivent en retour
beaucoup de mépris et d’indifférence.
Qu’il nous suffise de savoir qu’ils nous
demandent de faire acte de réparation et d’avoir
compassion d’eux. Tel est pour nous le message le
plus important de Paray-le-Monial et de Fatima.
Voilà pourquoi notre amour doit devenir un amour
compatissant. Les hommes offensent les Très Saints
Cœurs parce qu’ils offensent Dieu. Et nous, nous
pleurons sur Dieu offensé lorsque nous pleurons sur
les Cœurs offensés.
Le monde charnel ne comprend pas, il outrage et
blasphème les Très Saints Cœurs, il se comporte avec
ingratitude à leur égard ; ce comportement nous fait
mal à nous aussi et nous voulons réparer ces
outrages.
Soyons convaincus que ce sentiment est l’amour
parfait, le véritable amour de Dieu, l’école de
l’amour le plus saint. Celui qui veut apprendre à
aimer commence par compatir. Et pour le cœur qui
veut aimer, il est important de s’émouvoir. Dieu a
voulu conquérir les cœurs des hommes.
Les
théologiens expliquent que Jésus a beaucoup souffert
pour que nous comprenions mieux la gravité de
l’offense faite à Dieu et pour émouvoir le cœur de
l’homme.
« Vous qui passez par le
chemin, prêtez attention et voyez comme est grande
ma souffrance » ; et en la voyant,
laissez votre cœur s’attendrir. Pour Dieu, une
petite souffrance suffisait, parce que même la plus
petite souffrance a une valeur infinie. Mais une
petite souffrance ne suffit pas pour être une école
d’amour. C’est pour cela qu’il fallait une grande
souffrance qui soit capable d’ouvrir une brèche dans
le cœur humain (…)
Attristons-nous de savoir que Dieu est outragé.
Jésus a souffert pour que le cœur humain ait
compassion de lui. Il cherchait un amour
compatissant et voulait conquérir notre cœur.
Soyons donc compatissant envers les Cœurs de
Jésus et de Marie et offrons-leur notre amour
réparateur. Et si nous voulons vraiment aimer Dieu,
réparons non seulement nos péchés, mais aussi ceux
des autres, et notre réparation sera désintéressée.
En pleurant sur la chute des autres, notre cœur
souffre de façon désintéressée.
En voyant l’indifférence du monde devant le feu
d’amour des Très Saints Cœurs, une sainte horreur
nous saisit. Attristons-nous de savoir que Dieu est
outragé. Prenons exemple sur le saint François, lui
qui voulait consoler Jésus. Voilà comment notre cœur
peut s’élever au-dessus de lui-même.
C’est par ce chemin que le prophète Nathan a
conduit David vers le parfait repentir. Nathan n’a
pas reproché à David ses péchés, pas plus qu’il ne
l’a blâmé au nom de Dieu. Mais il lui a montré ses
crimes et la dureté de son cœur, en lui racontant
l’histoire de la tyrannie d’un homme contre qui il
s’est aussitôt emporté. Un sentiment de compassion
s’est alors éveillé en lui, mais à cause du péché de
qui ? Justement, à cause de son propre péché.
La même chose nous arrive, à nous aussi, comme
si on nous disait : âme chrétienne, regarde ce que
fait le monde avec Dieu ! Ses sentiments les plus
bas (ceux du monde) sont pour lui plus importants
que les intérêts de Dieu !
Si tu as un cœur généreux, présente-toi et
répare l’amour de Dieu qui est offensé. Là où se
trouve le péché, que fleurisse la vertu ! Là où se
répandent les vils sentiments du monde, que
jaillisse ton désir de réparation !
Faire acte de réparation envers les Très Saints
Cœurs, être triste à cause des péchés des autres,
ressentir vivement la bassesse du monde, c’est le
plus sûr chemin pour arriver au saint amour de Dieu.
Le cœur qui répare participe à la Passion de
Jésus et se réjouit de faire des sacrifices qui sont
agréés par les Très Saints Cœurs. En compatissant
ainsi, l’âme gagne en force, parce que l’amour donne
toujours plus, offre tout à Dieu sans rien se
réserver. ■
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