QUESTION:
J'ai vu des femmes bénir des chapelets dans certains sanctuaires, des religieux
bénir des médailles, des laïcs ministres de la communion bénir des enfants, des
gens qui imposent les mains sans être prêtres... En ont-ils vraiment le pouvoir?
Qui peut bénir quoi?
RÉPONSE : En premier lieu, le
prêtre peut bénir les gens, les objets, les lieux. Certaines bénédictions
sont réservées au Pape, d’autres aux évêques (dédicaces ou consécrations
d'églises, vases sacrés, tabernacles, cloches, orgue d'église, etc.) ; ces
bénédictions peuvent, dans certains cas, être déléguées à des prêtres. Mais
jamais pour la consécration du Saint Chrême.
Le diacre peut bénir les personnes, et
certains objets : pain, cierges, eau baptismale, cendres, rameaux, alliances,
statuettes, médailles, chapelets, incluant les bénédictions spéciales telles que
chapelet rosarié, bénédiction avec exorcismes (Croix de Saint Benoît). Il peut
également procéder à la bénédiction du Saint-Sacrement ainsi que bénir les
sépultures.
Ces bénédictions données par les prêtres
et les diacres sont des sacramentaux. Ce sont des canaux
par lesquels Dieu passe pour octroyer des bienfaits aux hommes qui les reçoivent
(bénédictions) ou en usent (objets bénits) avec foi. Elles produisent leurs
effets par la prière de l’Église et, selon le cas, par les bonnes dispositions
des sujets qui en bénéficient.
Évidemment, des situations, lieux ou objets mauvais en
eux-mêmes, ou qui sont destinés à un usage mauvais ne peuvent pas être bénits
validement (par ex.: amulette, bombe, union homosexuelle, clinique
d'avortement…).
Un laïc ne peut pas bénir au même titre qu’un prêtre car il n’a
pas le pouvoir du sacrement de l’Ordre. Même "autorisé" par l'évêque, il ne peut
pas bénir des objets se rapportant au culte: chapelet, eau, médaille, églises,
etc. Une telle "bénédiction" ne sera pas un sacramental et n’aura pas plus
d’efficacité qu’une pieuse intention ! Le laïc peut cependant aider à la
distribution des Cendres préalablement bénites par un prêtre ou un diacre.
Le père (et, en son absence, la mère)
de famille peut bénir ses enfants, pour la raison qu’il
est investi d’une autorité déléguée par Dieu sur sa famille. Sa bénédiction est
plutôt une prière d’intercession, et son efficacité dépend à la fois de la
sainteté et ferveur de celui qui la donne, et des dispositions de ceux qui la
reçoivent. Ce n’est pas la même bénédiction qu’un prêtre car le
prêtre bénit au nom de l'Église, tandis que le laïc bénit en son propre nom de
baptisé. Mais par la bénédiction paternelle, le père "dit du bien" de ses
enfants à Dieu, et cette prière a un pouvoir particulier sur le Cœur de Dieu. Un
père devrait souvent bénir ses enfants, et pas seulement au Jour de l’An.
Il en va de même pour le supérieur d’une communauté religieuse,
ou pour une abbesse envers ses moniales : quoique non sacramentale, leur
bénédiction a une efficacité particulière car ils tiennent de l’Église une
juridiction spéciale sur leurs sujets.
En certains endroits existe encore la belle coutume de bénir le
pain avant le repas, habituellement par le père ou la mère de famille. Là
encore, il s’agit d’inclure Dieu dans cette nécessité de la vie, en lui
demandant sa protection et en reconnaissant que tout bien vient de Lui. Il
s’agit d’une prière, et non d’un sacramental comme la bénédiction du prêtre.
Toute personne peut, en son cœur, en bénir une autre en
demandant à Dieu de veiller sur cette âme. Mais encore là, il ne faut pas
confondre cette prière d’intercession avec la bénédiction sacerdotale. On
notera, au passage, que le geste d'imposer les mains sur la personne est réservé
aux ministres ordonnés (prêtres et diacres).
Enfin, nous pouvons et devons bénir Dieu souvent. Cette
bénédiction qui monte vers Lui a un sens non pas d'intercession en faveur de
Dieu, mais de prière de louange et d’action de grâce pour tous ses bienfaits et
pour ce qu'Il est. ‟Soyez béni Seigneur pour vos merveilles !”
Sachons donc bien distinguer les différentes applications du
terme "bénédiction", car toutes ne produisent pas les mêmes effets. ■
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