L'Immaculée Conception: Marie fut-elle conçue d'Anne et de Joachim ou du Saint-Esprit? / partie 1.
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L'Immaculée Conception
de Marie

 

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Nous fêtons en 20081 le 150ème anniversaire où la Vierge Marie a dit le 25 mars 1858 à Bernadette Soubirous, dans la Grotte de Massabielle à Lourdes : « Je suis l’Immaculée Conception ». En cette solennelle occasion nous voulons vous aider à mieux connaître ce mystère de Dieu qui fut dévoilé par Jésus et Marie à de grands mystiques. Quatre ans avant cette révélation à Bernadette, « le Bienheureux Pape Pie IX proclama le dogme de l’Immaculée Conception avec tant d’évêques des quatre coins du monde », a rappelé le Pape Jean-Paul II en 2004 quand il a fêté la promulgation du dogme.

Il a également précisé (ZENIT.org) que « L’origine du dogme de l’Immaculée conception se retrouve dans des écrits des premiers siècles comme les évangiles apocryphes.

La fête de l’Immaculée, que l’on célébrait déjà autour du Xème siècle, fut introduite dans le calendrier universel par Sixte IV. »
 

    Pourquoi un dogme ?

Un dogme est une vérité de foi solennellement proclamée par le Pape pour être accueillie par toute l’Église. Le 8 décembre 1854, dans la Bulle Ineffabilis Deus, le Pape Pie IX dit au monde entier :

« Nous déclarons, prononçons et définissons que la doctrine qui tient que la bienheureuse Vierge Marie a été, au premier instant de sa conception, par une grâce et une faveur singulière du Dieu tout-puissant, en vue des mérites de Jésus-Christ, Sauveur du genre humain, préservée intacte de toute souillure du péché originel, est une doctrine révélée de Dieu, et qu’ainsi elle doit être crue fermement et constamment par tous les fidèles. »
 

Dieu avait besoin que le don de son amour rencontre une foi parfaitement pure, une âme sans péché. Seule la grâce (don gratuit de Dieu) pouvait ainsi la préparer, et comme l’Archange Gabriel le lui a dit (St Luc 1, 28) :

« Réjouis-toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi. »
 

Comme un fruit anticipé du pardon offert par Jésus sur la Croix, Marie, qui a été conçue normalement, par l’union de son père Joachim et de sa mère Anne, est immaculée, pure de tout péché, et préservée de cette séparation d’avec Dieu qui marque l’homme dès le début de son existence à cause du péché originel. En effet, lors de la conception d’un enfant par l’union charnelle du père et de la mère, telle que demandée par la Genèse, le corps provient des deux parents, alors qu’à l’instant même de l’union du germe du père avec l’ovule de la mère, l’âme est donnée directement par Dieu. Mais, du fait du péché originel d’Adam et d’ève, cette âme est instantanément entachée de ce péché et est donc coupée de Dieu.
 

    Lourdes et l’Immaculée

Les apparitions de Lourdes ont eu lieu quatre ans après la proclamation solennelle du dogme de l’Immaculée Conception par le Pape Pie IX, le 25 mars 1858, dans la grotte humide et sombre de Massabielle. Marie converse familièrement avec Bernadette qui l’interroge. C’est alors qu’elle lui dit son nom en patois : « Che soy l'Immaculada con-cepciou ».

Bernadette ne comprend ces paroles et se précipite voir le Curé pour lui répéter ce qu’elle a entendu.
 

    La position de l’Église

Le Catéchisme de l’Église Catholique dans son § 488 nous dit : « Dieu a envoyé son Fils » (Ga 4, 4), mais pour lui « façonner un corps » (cf. He 10, 5) il a voulu la libre coopération d’une créature. Pour cela, de toute éternité, Dieu a choisi, pour être la Mère de Son Fils, une fille d’Israël, une jeune juive de Nazareth en Galilée, « une vierge fiancée à un homme du nom de Joseph, de la maison de David, et le nom de la vierge était Marie » (Lc 1, 26-27) : Le Père des miséricordes a voulu que l’Incarnation fût précédée par une acceptation de la part de cette Mère prédestinée, en sorte que, une femme (ève) ayant contribué à l’œuvre de mort, de même une femme (Marie) contribuât aussi à la Vie (Lumen Gentium 56 ; cf. 61).

Dans son § 503, le CEC affirme : La virginité de Marie manifeste l’initiative absolue de Dieu dans l’Incarnation. Jésus n’a que Dieu comme Père (cf. Lc 2, 48-49). « La nature humaine qu’il a prise ne l’a jamais éloigné du Père (...) ; naturellement Fils de son Père par sa divinité, naturellement fils de sa mère par son humanité, mais proprement Fils de Dieu dans ses deux natures ».
 

    L’histoire de sainte Anne

La basilique Sainte-Anne d’Apt, oà sont exposées ses saintes reliques, porte en elle-même une merveilleuse histoire qui est un joyau de notre foi dans le Christ : c'est l'histoire de notre mère Anne. Cette histoire ressemble aux histoires ordinaires de toutes les familles. Anne et Joachim ne nous sont pas connus par la Bible, mais par des traditions qui remontent au moins à la première moitié du 11ème siècle, à savoir le "Protévangile" de Jacques, repris et complété par Eusèbe de Césarée, saint Jérôme, saint Jean Damascène et Jacques de Voragine.

La Tradition fait naître sainte Anne à Bethléem, vers l'an 55 avant notre ère. Les parents d'Anne, Akar et sa femme, vivaient à Bethléem. Ils étaient issus de la tribu de Lévi, une des douze tribus d'Israël, qui était mise à part pour être consacrée au culte. Ils ne possédaient pas de patrimoine, seulement des troupeaux qu'on leur autorisait à faire paître à proximité de leur habitation. Akar, un jour ensoleillé, surveillait son troupeau sur une colline voisine de Bethléem. Apparut dans le ciel un nuage rougeoyant qui attira son attention. Puis une voix se fit entendre, incompréhensible d'abord, puis distincte : « Akar, rentre chez toi. Tu verras trois lettres, non faites de main d'homme, se former au-dessus de ton lit. Ces lettres composent le nom de l'enfant que bientôt te donnera ton épouse, par la sainte volonté du Très-Haut ». Akar, étonné et songeur, fixait le ciel ; mais le nuage disparut à ses yeux. Vite, il rassembla ses brebis, dévala la pente et rentra en hâte à Bethléem. Au même moment, la mère d'Anne était en prière dans sa chambre et elle repensait à un événement vécu quelques années avant son mariage. Elle se revoyait avec ses compagnes gravissant un sentier caillouteux qui menait à la grotte d'un pieux ermite. Tout le monde connaissait ses révélations étonnantes et les jeunes filles Juives d'alors, souhaitant être la mère du Messie attendu, venaient lui demander si un fils leur était promis.

Sa rencontre avec le vieillard devint à cet instant très présent à son esprit. Le vieillard posa sur elle un regard profond et lui dit : « Tu n'auras pas de fils ; mais tu seras la mère d'une fille prédestinée, dont la fille à son tour sera la mère du Messie annoncé ». A cet instant, Akar passa la porte de la chambre et trouva sa femme agenouillée, en prière. Au-dessus du lit brillaient trois lettres d'or, écrites en Hébreux formant le mot Ana qui signifie: « la grâce ».

Quelques mois plus tard naquit une petite fille dans la famille d'Akar et ils lui donnèrent le nom de Anne.
 

  Que nous disent
quatre Docteurs de l’Église ?

Saint Augustin, un Père de l’Église, nous dit : « La Vierge n'a pas été conçue en sa mère de la même façon que le Christ a été conçu en Elle ». Tandis que Saint Jean Damascène affirme : « Bienheureux les flancs de Joachim, de qui est sortie une semence très pure », et Saint Thomas d'Aquin précise que : « La Vierge fut conçue de l'union d'un homme et d'une femme ».

Saint Bernard est très explicite en disant : « Qui donc oserait dire : Marie a été conçue de l'Esprit-Saint, non d'un homme ? S'il est permis de formuler ce que pense l'Église, car son sentiment est vrai, je dis que la glorieuse Vierge a conçu du Saint-Esprit, mais nullement qu'elle a été conçue du Saint-Esprit... sinon oà serait le privilège de la Mère de Dieu... si l'on accorde la même faveur à sa mère ? »

Ils affirment donc très clairement que Marie est une créature conçue suivant le processus humain, voulu par Dieu (Gn 1, 28) d'union du père avec la mère. Ici, ce qui diffère dans la conception de Marie par Anne et Joachim, et qui rend Marie, leur fille, Immaculée, est la Volonté de la Très Sainte Trinité et la Grâce de Dieu que son Esprit et son âme fussent exempts de la tache originelle que toute créature reçoit à la suite de la faute commise par ève et Adam. Cette pureté de Marie, voulue par Dieu, lui permettait une union permanente avec la Volonté de Dieu. Cela lui a permis de répondre immédiatement OUI, à la demande faite par l’Archange Gabriel d’être la Mère de Jésus, le Fils du Très-Haut. (Luc 1, 30-32)

Nous allons voir les « Visions de la bienheureuse Anne-Catherine Emmerich » qui illuminent le mystère de la Conception Immaculée de Marie, ainsi que sa naissance. (Tome 1, chapitres VIII à XII)


  La purification d’Anne

Le soir venu, elle jeta sur sa tête un grand voile, descendit dans la cour et se rendit vers l’arbre dont le feuillage retombait en berceaux de verdure : elle alluma une lampe et se mit à lire des prières écrites sur un rouleau.

Anne pria longtemps sous cet arbre, qui ressemblait beaucoup à l’arbre défendu du paradis terrestre, conjurant le Seigneur de ne pas tenir plus longtemps éloigné d’elle son pieux époux : n’était-elle pas assez punie déjà par sa stérilité ? Tout à coup un ange de Dieu lui apparut, disant : « Tiens ton cœur en paix, Dieu a exaucé ta prière ; rends-toi demain au Temple pour y offrir des colombes ; Dieu a pareillement exaucé la prière de Joachim ; il ira au Temple de son coté ; vous vous rencontrerez tous deux sous la porte Dorée. » Et l’ange ajouta : « L’offrande de Joachim sera acceptée, et tous les deux vous serez bénis ; tu connaîtras bientôt le nom de ton enfant. J’ai porté à ton époux la même bonne nouvelle. » à ces mots il disparut.

Anne, ravie de joie, bénit Dieu de ses miséricordes. Elle rentra dans sa maison, fit, avec ses servantes, les préparatifs du voyage, et après une courte prière, elle se coucha.

A peine eut-elle fermé les yeux, qu’une vive lumière parut descendre des cieux vers elle, et prit, en s’approchant, la forme d’un jeune homme resplendissant de beauté : c’était encore l’ange du Seigneur. Il lui dit qu’elle concevrait une enfant toute sainte, et, portant au-dessus d’elle son bras étendu, il écrivit sur le mur, en grandes lettres lumineuses, le nom de Marie ; puis il rentra dans la lumière et disparut.
 

  La purification de Joachim
du péché originel

La bienheureuse Anne-Catherine Emmerich nous la décrit comme elle l’a vue dans l’une de ses visions. « Plein du souvenir des outrages qu’il avait essuyés, des prêtres du Temple, il hésitait à aller à Jérusalem porter ses offrandes et assister à la fête des Tabernacles. Or, pendant qu’il priait avec cette pensée, voilà qu’un ange lui apparaît tout à coup, et lui dit : "Prends courage, rends-toi au temple sans retard, ton offrande sera accueillie et ta prière exaucée". L’ange ajouta qu’il rencontrera Anne sous la Porte Dorée.

A cause de la fête, le Temple apparaissait orné de guirlandes de fleurs et de fruits. Au moment oà s’éleva la fumée de l’encens, un rayon de lumière tomba sur le prêtre qui l’offrait, et sur Joachim, qui se tenait dans le parvis. L’étonnement causé par cette manifestation surnaturelle fit suspendre un instant la cérémonie. Tout à coup deux prêtres, poussés comme par une inspiration divine, se rendent auprès de Joachim dans le parvis, et l’amènent à l’autel d’or des parfums. Le prêtre chargé du sacrifice place de nouveau l’encens sur l’autel. La fumée s’en élève, répandant la plus suave odeur devant le voile du Saint des saints. Le prêtre quitte alors le tabernacle, et Joachim reste seul.

Pendant que l’encens se consume, Joachim se tient agenouillé les bras étendus et dans l’extase. Bientôt une forme éclatante se montre ; un ange descend auprès de lui, semblable à celui qui vint plus tard annoncer à Zacharie la naissance du Précurseur. Il présente à Joachim une feuille sur laquelle se lisent les noms d’Hélia, d’Anna, et de Miriam : une forme d’arche ou de tabernacle paraît à côté du dernier de ces noms. L’ange dépose cet écrit sur la poitrine de Joachim, lui dit que la stérilité de son mariage n’est pas sa honte, mais sa gloire, car sa femme va concevoir le fruit immaculé de la bénédiction que Dieu a répandue sur lui, le couronnement de la bénédiction d’Abraham.

Joachim ne pouvait comprendre ces choses. L’ange le conduit derrière le voile du Saint des saints ; il en retire une sorte de globe ou cercle lumineux qu’il lui présente, et lui ordonne de souffler dessus et d’y regarder. Au souffle de Joachim plusieurs images parurent dans le cercle lumineux, sans que son haleine l’eût terni. "Aussi pure que ce globe sous ton haleine, lui dit l’ange, sera la conception d’Anne ton épouse."

L’ange toucha de l’index et du pouce, comme pour l’oindre, le front de Joachim ; il lui fit manger d’un aliment lumineux et boire d’une liqueur transparente, contenue dans une coupe brillante, d’une forme semblable à celle du calice de la sainte Cène. Et Joachim devint pur de toute concupiscence et de toute corruption.

Je vis ensuite l’ange lui communiquer le plus haut degré et la plus sainte fleur de cette bénédiction donnée par Dieu à Abraham, transmise au moyen du saint et mystérieux objet de l’arche d’alliance, et devenue avec lui le siège de Dieu au milieu de son peuple.

Lorsque Dieu donna sa bénédiction à Abraham, il l’en fit comme le dépositaire, bénissant par lui le peuple futur dont il le consacrait père, préparant en lui ces pierres vivantes qu’il devait en tirer et qu’il destinait à la construction de son temple. Mais lorsque Joachim la reçut, c’était comme si l’ange retirait du tabernacle de ce temple le gage sacré de la bénédiction et le donnait à un prêtre, pour en faire le vase saint dans lequel le Verbe devait être fait chair. Mais ces choses sont inexprimables, car il s’agit de la sainteté sans tache souillée par l’homme au jour de sa chute.

suite


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1 NDLR: Bien que ce texte ait été rédigé en 2008 (150ème anniversaire des apparitions de la Vierge à Lourdes), il est plus que jamais d'actualité.
 

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