Prenez et mangez... avec les mains?
QUESTION: Je n’aime pas cela quand
vous parlez de la communion dans la main, surtout en ces temps de pandémie où il
faut tellement faire attention. J’ai posé la question à un père Jésuite qui m’a
répondu : ‟Jésus a dit "Prenez et mangez" ; quand on prend, on prend avec les
mains”. Cela ne m’inquiète pas du tout de communier ainsi et Jésus m’aime
quand même...
RÉPONSE : Il ne s’agit pas de savoir
si Dieu nous aime, car celui-ci aime toutes ses créatures. Cependant, cela ne
signifie pas qu’Il aime toutes leurs actions ! La question, dans la façon de
recevoir la Sainte Communion, se pose plutôt ainsi : ‟Comment est-ce que je
réponds à cet Amour ?”.
Quand on aime réellement quelqu’un on le
respecte et on évite autant que possible tout ce qui
pourrait lui nuire, lui déplaire, le blesser moralement
ou physiquement. Quand cette personne est Dieu lui-même,
le devoir de respect s’impose au plus haut degré.
Chaque fois qu’on manipule le Corps du
Christ, entièrement pré sent non seulement dans l’hostie
complète, mais aussi en chaque parcelle de cette hostie,
il y a un risque que de telles parcelles d’hostie se
détachent et tombent par terre, s’accrochent aux
vêtements ou aux mains, et se retrouvent à être
piétinées, ou traitées comme si elles n’étaient pas le
Corps du Christ. D’où les nombreuses précautions qui ont
toujours été prescrites aux prêtres par l’Église, à
partir de la Consécration, dans l’administration de la
Sainte Communion, et dans le nettoyage des vases sacrés
après la Messe.
La communion dans la main favorise au
plus haut point la dispersion des Parcelles
eucharistiques (le Corps du Christ) et leur profanation.
C’est pourquoi il est d’usage multiséculaire que la
Communion soit donnée sur la langue, ce qui réduit au
maximum le risque de profanations. L’usage actuel de la
communion dans la main n’est pas la façon normale de
communier. Cette pratique n’a pas été demandée par
Vatican II, ni par le Nouvel Ordo adopté peu après le
concile.
Historiquement, il s’agit d’une
permission spéciale qui fut extorquée au Pape Paul VI
par certains diocèses désobéissants. Cette permission
(Indult) accordée en exception, et non au monde
entier tel qu’on nous l’impose maintenant, n’a que
valeur de "tolérance" envers cette pratique qui s’était
installée contre la volonté du Saint-Père. Le Magistère
ne l’a jamais recommandée, et encore moins imposée. Au
contraire, des papes tels que saint Jean-Paul II et
Benoît XVI s’y sont montrés défavorables.
Si des prêtres, des évêques ou même plus
haut, refusent aux fidèles la communion sur la langue,
ils outrepassent leurs droits et désobéissent à Jésus et
à l’Église. Nous ne devons pas les suivre dans cette
désobéissance qui blesse le Cœur de Jésus.
De plus, refuser la communion sur la
langue au nom de la pandémie est un manque de Foi en la
Toute-Puissance de Dieu. Lui qui a dit
‟Je suis la Vie” peut-Il donner la mort, la
maladie ? Le prétendre est lui faire injure.
Lors de la peste de 1576-1578, l’évêque
saint Charles Borromée visitait les pestiférés pour leur
apporter les sacrements. Il a toujours donné la
communion sur la langue (sans Purell !) et jamais
il n’a contracté la peste. Au contraire, il a été témoin
de nombreuses guérisons physiques accordées lors de la
réception de Jésus-Hostie.
D’autre part, la pratique de la
communion dans la main banalise ce sacrement, lui
enlevant, aux yeux des fidèles, son caractère sacré et
unique. Trop souvent la communion est devenue un rituel
social, "pour faire comme les autres", sans préparation
intérieure, sans attention ni adoration, sans humilité.
On va communier debout parce qu’on est "adulte" (!), en
tendant la main comme on le fait pour réclamer sa paie…
La communion dans la main fait perdre la foi en Jésus
réellement présent sous l’apparence du pain.
Venons-en à cette phrase de Jésus
‟Prenez et mangez”. Tout d’abord, il est inexact
d’affirmer qu’on prend toujours avec les mains.
Si vous prenez votre bain, j’imagine que vous n’arrachez
pas le meuble à deux mains pour le tenir serré contre
vous… tout comme je doute que vous laissiez votre jeune
enfant plonger à pleine main dans la bouteille quand
vous lui intimez de prendre son sirop pour le rhume ! Il
prend réellement son sirop, mais dans la bouche, par
votre main.
Les Évangiles ont été écrits en grec et
en hébreux, puis traduits en latin notamment dans la
Vulgate de saint Jérôme qui est utilisée dans la
Liturgie officielle de l’Église. Certaines nuances de
ces langues anciennes sont difficiles à reproduire dans
les langues modernes.
La traduction française ‟PRENEZ et
mangez-en tous” que la Sainte Liturgie nous présente en
latin par les mots "ACCIPITE et manducate", se traduit
précisément par "RECEVEZ"… D’ailleurs, dans le contexte
de la Dernière Cène, cette invitation s’adresse aux
Apôtres-Ministres (les premiers prêtres et évêques)…
Faut-il rappeler que, à l’exception du
prêtre, seul le diacre, en raison de sa consécration
diaconale qui en fait un ministre officiel au service de
l’Eucharistie, a normalement la permission de toucher au
Corps du Christ ? Les prêtres ont, de plus, une
consécration spéciale des doigts en vue du grand mystère
qui s’accomplit entre leurs mains, lors de la
Consécration, à la Messe.
Il faut savoir que l’institution de la
Sainte Eucharistie s’est déroulée dans le cadre de la
Cène juive, laquelle comporte le rite de la "Bouchée" :
depuis Moïse, le père de famille, dans la Cène juive qui
anticipait la Cène du Messie, réservait le "Pain du
Messie" pour la fin du repas de la Pâque, et il le
donnait à chacun uniquement en le leur déposant dans
la bouche. Voilà pourquoi les Évangiles nous
indiquent que Jésus prit ce Pain, le consacra, et donna
"la bouchée" à ses disciples à l’Institution de la Cène
Nouvelle. ("Comment
recevoir la sainte Communion, Histoire et textes
officiels de l’Église", attribué à l’abbé Christian
Gouyaud)
Un véritable "retour aux sources" serait
donc de reprendre la pratique de la communion sur la
langue et non pas de rétrograder vers un usage plus
risqué au niveau des profanations, moins respectueux
dans son ensemble, occultant passablement la réalité
sacrée qui se cache derrière les apparences du pain et
du vin, et incitant, en bout de ligne, à une perte
progressive de la Foi eucharistique. ■
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