Les paroles de Jésus disent-elles de communier dans la main?
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Titre "Une question... une réponse!"

Une série de questions-réponses sur la Foi Catholique.
Toutes ces réponses ont été vérifiées et approuvées par l'abbé J.-Réal Bleau, prêtre catholique et docteur en théologie.


Prenez et mangez... avec les mains?

QUESTION: Je n’aime pas cela quand vous parlez de la communion dans la main, surtout en ces temps de pandémie où il faut tellement faire attention. J’ai posé la question à un père Jésuite qui m’a répondu : ‟Jésus a dit "Prenez et mangez" ; quand on prend, on prend avec les mains”. Cela ne m’inquiète pas du tout de communier ainsi et Jésus m’aime quand même...

RÉPONSE : Il ne s’agit pas de savoir si Dieu nous aime, car celui-ci aime toutes ses créatures. Cependant, cela ne signifie pas qu’Il aime toutes leurs actions ! La question, dans la façon de recevoir la Sainte Communion, se pose plutôt ainsi : ‟Comment est-ce que je réponds à cet Amour ?”.

Quand on aime réellement quelqu’un on le respecte et on évite autant que possible tout ce qui pourrait lui nuire, lui déplaire, le blesser moralement ou physiquement. Quand cette personne est Dieu lui-même, le devoir de respect s’impose au plus haut degré.

Chaque fois qu’on manipule le Corps du Christ, entièrement pré sent non seulement dans l’hostie complète, mais aussi en chaque parcelle de cette hostie, il y a un risque que de telles parcelles d’hostie se détachent et tombent par terre, s’accrochent aux vêtements ou aux mains, et se retrouvent à être piétinées, ou traitées comme si elles n’étaient pas le Corps du Christ. D’où les nombreuses précautions qui ont toujours été prescrites aux prêtres par l’Église, à partir de la Consécration, dans l’administration de la Sainte Communion, et dans le nettoyage des vases sacrés après la Messe.

La communion dans la main favorise au plus haut point la dispersion des Parcelles eucharistiques (le Corps du Christ) et leur profanation. C’est pourquoi il est d’usage multiséculaire que la Communion soit donnée sur la langue, ce qui réduit au maximum le risque de profanations. L’usage actuel de la communion dans la main n’est pas la façon normale de communier. Cette pratique n’a pas été demandée par Vatican II, ni par le Nouvel Ordo adopté peu après le concile.

Historiquement, il s’agit d’une permission spéciale qui fut extorquée au Pape Paul VI par certains diocèses désobéissants. Cette permission (Indult) accordée en exception, et non au monde entier tel qu’on nous l’impose maintenant, n’a que valeur de "tolérance" envers cette pratique qui s’était installée contre la volonté du Saint-Père. Le Magistère ne l’a jamais recommandée, et encore moins imposée. Au contraire, des papes tels que saint Jean-Paul II et Benoît XVI s’y sont montrés défavorables.

Si des prêtres, des évêques ou même plus haut, refusent aux fidèles la communion sur la langue, ils outrepassent leurs droits et désobéissent à Jésus et à l’Église. Nous ne devons pas les suivre dans cette désobéissance qui blesse le Cœur de Jésus.

De plus, refuser la communion sur la langue au nom de la pandémie est un manque de Foi en la Toute-Puissance de Dieu. Lui qui a dit ‟Je suis la Vie” peut-Il donner la mort, la maladie ? Le prétendre est lui faire injure.

Lors de la peste de 1576-1578, l’évêque saint Charles Borromée visitait les pestiférés pour leur apporter les sacrements. Il a toujours donné la communion sur la langue (sans Purell !) et jamais il n’a contracté la peste. Au contraire, il a été témoin de nombreuses guérisons physiques accordées lors de la réception de Jésus-Hostie.

D’autre part, la pratique de la communion dans la main banalise ce sacrement, lui enlevant, aux yeux des fidèles, son caractère sacré et unique. Trop souvent la communion est devenue un rituel social, "pour faire comme les autres", sans préparation intérieure, sans attention ni adoration, sans humilité. On va communier debout parce qu’on est "adulte" (!), en tendant la main comme on le fait pour réclamer sa paie… La communion dans la main fait perdre la foi en Jésus réellement présent sous l’apparence du pain.

Venons-en à cette phrase de Jésus ‟Prenez et mangez”. Tout d’abord, il est inexact d’affirmer qu’on prend toujours avec les mains. Si vous prenez votre bain, j’imagine que vous n’arrachez pas le meuble à deux mains pour le tenir serré contre vous… tout comme je doute que vous laissiez votre jeune enfant plonger à pleine main dans la bouteille quand vous lui intimez de prendre son sirop pour le rhume ! Il prend réellement son sirop, mais dans la bouche, par votre main.

Les Évangiles ont été écrits en grec et en hébreux, puis traduits en latin notamment dans la Vulgate de saint Jérôme qui est utilisée dans la Liturgie officielle de l’Église. Certaines nuances de ces langues anciennes sont difficiles à reproduire dans les langues modernes.

La traduction française ‟PRENEZ et mangez-en tous” que la Sainte Liturgie nous présente en latin par les mots "ACCIPITE et manducate", se traduit précisément par "RECEVEZ"… D’ailleurs, dans le contexte de la Dernière Cène, cette invitation s’adresse aux Apôtres-Ministres (les premiers prêtres et évêques)…

Faut-il rappeler que, à l’exception du prêtre, seul le diacre, en raison de sa consécration diaconale qui en fait un ministre officiel au service de l’Eucharistie, a normalement la permission de toucher au Corps du Christ ? Les prêtres ont, de plus, une consécration spéciale des doigts en vue du grand mystère qui s’accomplit entre leurs mains, lors de la Consécration, à la Messe.

Il faut savoir que l’institution de la Sainte Eucharistie s’est déroulée dans le cadre de la Cène juive, laquelle comporte le rite de la "Bouchée" : depuis Moïse, le père de famille, dans la Cène juive qui anticipait la Cène du Messie, réservait le "Pain du Messie" pour la fin du repas de la Pâque, et il le donnait à chacun uniquement en le leur déposant dans la bouche. Voilà pourquoi les Évangiles nous indiquent que Jésus prit ce Pain, le consacra, et donna "la bouchée" à ses disciples à l’Institution de la Cène Nouvelle. ("Comment recevoir la sainte Communion, Histoire et textes officiels de l’Église", attribué à l’abbé Christian Gouyaud)

Un véritable "retour aux sources" serait donc de reprendre la pratique de la communion sur la langue et non pas de rétrograder vers un usage plus risqué au niveau des profanations, moins respectueux dans son ensemble, occultant passablement la réalité sacrée qui se cache derrière les apparences du pain et du vin, et incitant, en bout de ligne, à une perte progressive de la Foi eucharistique. ■
 

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