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TU ES UNIQUE
La forme individuelle normalement requise pour
le sacrement du Pardon est en soi une catéchèse.
Elle nous enseigne que chaque personne est unique et
compte pour Dieu, qu’Il prend le temps de regarder
son enfant et tout son vécu, y compris ses
faiblesses, les circonstances atténuantes ou
aggravantes de ses péchés, la sincérité de son
repentir, les grâces qui peuvent l’aider à maintenir
ses bonnes résolutions…
Le pardon de Dieu n’est pas un armistice légal
donné à l’aveugle à un groupe de personnes en guise
de cadeau de Noël... mais une réconciliation réelle
entre le Père et son enfant prodigue. Jésus, dans
les Évangiles, nous donne des exemples de telles
absolutions individuelles où la relation personnelle
entre Dieu et le pécheur est nettement démontrée et
vraiment touchante.
Les absolutions collectives, même lorsque
données conformément aux directives de l’Église,
n’offrent pas cet enseignement. Ce sont des
solutions d’urgence.
POURQUOI L’AVEU AU PRÊTRE?
En confessant nos péchés, nous n’apprenons rien
à Dieu qui les connaît déjà. Mais l’aveu verbal et
explicite devant le prêtre nous est utile pour
pratiquer l’humilité qui est une pénitence
nécessaire, étant donné que le péché est une
rébellion envers Dieu.
Paradoxalement à nos yeux modernes, l’humilité
est une vertu qui rend fort : contre Satan, contre
le monde et contre nos mauvais penchants. La Vierge
Marie fut la plus humble de toutes les créatures, et
la plus forte aussi.
D’autre part, le prêtre est chargé par
Notre-Seigneur de bien administrer le sacrement du
Pardon. Établi comme médecin des âmes, le prêtre
doit cerner les problèmes de son pénitent, afin de
pouvoir lui procurer les conseils nécessaires, et
donner une "pénitence" adaptée à son cas personnel.
Le confesseur a aussi l’obligation stricte de
donner une absolution valide. Autrement, le pénitent
repartirait faussement convaincu qu’il est pardonné.
(C’est un avantage que nous envient plusieurs
Protestants qui, en se confessant directement à
Dieu, n’ont jamais cette certitude d’être
pardonnés.)
Il doit juger si le pénitent a les dispositions
intérieures requises pour recevoir réellement le
pardon divin. Ainsi, le confesseur est obligé de
refuser ou de différer l’absolution à quiconque
serait manifestement incapable de la recevoir (par
ex.: par manque de contrition).
Dans ce cas, il essaiera d’amener le pénitent à
de telles dispositions qu’il puisse finir par
pouvoir être absous. Ce rôle de juge est, en
définitive, un bienfait inexprimable pour les âmes.
Pour mener à bien ces deux missions, le prêtre
doit entendre les aveux du pénitent personnellement
présent.
VALIDITÉ DES
ABSOLUTIONS COLLECTIVES
Disons-le franchement : actuellement il n’existe
pas, dans nos paroisses, de cas qui répondent aux
critères pour que de telles absolutions
(collectives) soient valides. Voici ces critères,
détaillés dans le Catéchisme de l’Église
Catholique :
‟En des cas de nécessité grave on peut recourir
à la célébration communautaire de la Réconciliation
avec confession générale et absolution générale. Une
telle nécessité grave peut se présenter lorsqu’il y
a un danger imminent de mort sans que le ou les
prêtres aient le temps suffisant pour entendre la
confession de chaque pénitent. (Par ex.: un
naufrage, un départ subit pour le front, une vaste
catastrophe mortelle... NDLR)
La nécessité grave peut exister aussi lorsque,
compte tenu du nombre des pénitents, il n’y a pas
assez de confesseurs pour entendre dûment les
confessions individuelles dans un temps raisonnable,
de sorte que les pénitents, sans faute de leur part,
se verraient privés pendant longtemps de la
grâce sacramentelle ou de la sainte communion.
(Par ex.: une mission éloignée où le prêtre ne peut
se rendre que très rarement et pour une durée qui ne
lui permet pas d’entendre tous les pénitents en
confession. NDLR)
Dans ce cas les fidèles doivent avoir, pour la
validité de l’absolution, le propos de confesser
individuellement leurs péchés graves en temps voulu
(cf. CIC, can. 962, § 1). (Ce qui veut
dire : avant la prochaine absolution collective, si
possible ; et dans un délai d’un an, car le
commandement de l’Église ‟Tous tes péchés
confesseras à tout le moins une fois l’an”
s’applique à ces pénitents aussi, sauf s’ils en sont
vraiment empêchés. NDLR)
C’est à l’Évêque diocésain de juger si les
conditions requises pour l’absolution générale
existent (cf. CIC, can. 961, § 2).
Un grand concours de fidèles à l’occasion de grandes
fêtes ou de pèlerinages ne constitue pas un cas
d’une telle grave nécessité (cf. CIC,
can. 961, § 1) ”. (À plus forte raison le
nombre de fidèles fréquentant actuellement nos
paroisses… NDLR)
___________________
Au civil, un juge ne peut inventer des lois ou
des clauses au gré des cas qui se présentent à lui.
Il doit juger selon les lois en vigueur. S’il
s’écarte du droit, son jugement sera déclaré nul.
De même, l’Évêque n’a pas le droit d’outrepasser
les limites que lui assigne l’Église pour asseoir
son jugement. C’est pourquoi, si un Évêque autorise
l’absolution collective sans respecter les
conditions d’admissibilité que lui prescrit la loi
de l’Église, cette "permission" non seulement est
invalide, mais elle constitue un acte de
désobéissance envers le Magistère.
De ce fait, les
absolutions collectives données dans ce contexte
sont invalides.
Comment dois-je réagir?
"Ayant participé à de telles absolutions
collectives invalides, dois-je refaire mes
confessions ?”
Si l’on n’avait que des fautes vénielles
(légères) sur la conscience, on n’est pas tenu de
refaire ces confessions. La
raison est qu’il existe d’autres façons d’obtenir le
pardon pour les fautes vénielles (contrition,
communion…).
Si, pour des fautes graves, on a eu recours DE
BONNE FOI à une telle "absolution", la miséricorde
divine a suppléé aux manques du prêtre, en raison de
notre contrition.
Cependant, on reste lié par
l’obligation de confesser individuellement toutes
nos fautes graves dès que possible, tel qu’expliqué
dans le chapitre précédent. En attendant, on peut
communier.
Si on a participé à de telles cérémonies en
sachant qu’elles étaient invalides, pour ne pas
avoir à s’humilier en confession, ou autres raisons
mauvaises, alors nous devons non seulement reprendre
ces confessions invalides (en confessant nos fautes
graves individuellement à un prêtre), mais également
accuser le fait d’avoir tenté d’abuser du sacrement
du Pardon, et d’avoir communié dans cet état (si
c’est le cas). On doit faire cette bonne confession
avant de communier à nouveau.
Dans tous les cas, on aura
compris qu’il ne faut plus participer à ces
simulacres de sacrement. ■
Marie Chantal