Les absolutions collectives sont-elles permises et valides? Comment s'y retrouver et discerner?/ 1 de 2.
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Absolutions collectives et cie:

sont-elles valides? (1 de 2)

(Le texte de ce document a été vérifié et approuvé par l'abbé J.-Réal Bleau, prêtre catholique et docteur en théologie)

Absolutions collectives, célébrations communautaires du Pardon avec ou sans rencontre du prêtre... C'est devenu la mode: tout... sauf la confession individuelle au confessionnal !

Si certains prêtres sont enchantés d'échapper à la "corvée des confessions", et si certains fidèles sont ravis de ne plus devoir s'humilier "dans la p'tite boîte" (le confessionnal), d'autres par contre sont troublés de ces innovations qui ne correspondent ni à ce qu'ils ont appris au catéchisme, ni à leurs besoins spirituels.

La question se pose:
ces confessions sont-elles valides?

 


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QU'EST-CE QUE L'ABSOLUTION COLLECTIVE?

L'absolution collective consiste à absoudre sacramentellement plusieurs pénitents ensemble, sans confession individuelle préalable. Ce mode d'absolution n'est valide que sous certaines conditions que nous expliquerons plus loin.

QU'EST-CE QUE LA CÉLÉBRATION
communautaire du Pardon?

On peut diviser ces célébrations en 2 catégories principales :

1– La première forme, permise par l'Église, consiste à offrir une préparation commune aux fidèles réunis : lecture des Saintes Écritures, prière, explications pour guider l’examen de conscience, incitation à la contrition et au ferme propos de ne plus pécher. Chaque fidèle rentre en lui-même pour découvrir ses propres péchés, avant de rencontrer individuellement le prêtre, lui faire l'aveu de ses fautes et recevoir l'absolution individuelle. Reçue dans de bonnes dispositions intérieures, cette absolution est valide, il y a vraiment un sacrement.

2- La seconde catégorie regroupe toute cérémonie, faite à l'intérieur ou en dehors de la Messe, au cours de laquelle le prêtre prétend donner l'absolution sacramentelle sans aveu des péchés. En certains endroits, il n'y a carrément pas de rencontre avec le prêtre : ‟Dans le panier, jetez un caillou représentant vos fautes. Elles seront automatiquement pardonnées”, a-t-on pu entendre dans certaines paroisses...

Ce simulacre de "confession" dans lequel il n’y a aucun sacrement ni absolution valide, est tout à fait interdit par l'Église, comme nous l’expliquerons plus loin.

D’OÙ VIENNENT LES SACREMENTS ?

Tous les sacrements ont été institués directement par Notre-Seigneur, en vue de la sanctification des hommes. Ils font partie du "dépôt divin", et ont été confiés à l'Église à qui il revient de préciser (mais non d’inventer) ce qui est requis pour leur validité, suivant les enseignements donnés par Jésus Lui-même. Ces enseignements ont été transmis, jusqu'à nos jours, par les Saintes Écritures et par la Tradition (1). Ces critères de validité ne peuvent pas être changés, même par le Pape, car ils appartiennent, pour ainsi dire, à l'essence même de chaque sacrement.

Les rituels (prières, gestes...) entourant ces sacrements peuvent varier légèrement d'un rite catholique à l'autre, mais non les points essentiels à la validité, qu'on appelle, en langage d'Église "la matière et la forme".

MATIÈRE DU SACREMENT

Pour le sacrement du Pardon (ou de Réconciliation, de Pénitence, ou Confession… divers noms pour le même sacrement) la "matière" n’est pas physique. Elle est formée des éléments suivants, tous nécessaires à la validité du sacrement :

Les péchés (selon S. Thomas, ST III, q. 84, a. 2).

Péchés graves ou véniels, tous sont matière à être pardonnés. C’est pourquoi on ne peut donner l’absolution à un nouveau-né, puisqu’il n’a pas encore de péché personnel sur la conscience. Quant au péché originel, c’est le Baptême qui l’efface et non la Confession.

La contrition, incluant le ferme propos de ne plus pécher.

La contrition doit englober le passé et l’avenir : pour le passé, c’est le regret d’avoir offensé Dieu ; pour l’avenir, c’est la ferme résolution de ne plus l’offenser et de prendre les moyens pour y parvenir.

L’aveu (confession) des fautes.

Seul l’aveu de toutes les fautes graves commises depuis la dernière bonne confession est nécessaire à la validité de la confession. Cependant, il est bon de se confesser même si l’on n’a que des fautes vénielles, afin de recevoir les grâces du sacrement qui donnent force et lumière pour mieux résister aux tentations.

Au sujet de la nécessité d’avouer toutes les fautes graves et leurs circonstances aggravantes, voici ce qu’a déclaré le Concile de Trente :

‟Si quelqu'un dit que, dans le sacrement de pénitence, pour la rémission des péchés, il n'est pas nécessaire de droit divin (2) de confesser tous et chaque péché mortel, même secrets, même ceux qui sont contre les deux derniers préceptes du décalogue (3), dont on a le souvenir, après une préméditation voulue et diligente (4), ainsi que des circonstances qui changent l'espèce de péché, qu'il soit anathème.(5) ” (Ses. 14, can. 7)

Notons que seul un cas d’impossibilité physique ou morale peut dispenser de l’aveu verbal et intégral des fautes (par ex.: un mourant entouré d’infirmières ne pouvant le quitter n’est pas obligé de se diffamer en détaillant ses péchés devant elles. Une accusation générale suffira. Le prêtre l’absoudra sous réserve que le pénitent répond à tous les autres critères).

L’acceptation de la réparation de nos fautes (pénitence ou satisfaction).

Tout scandale, diffamation, vol, blessure… doit impérativement être réparé, dans la mesure du possible.

Le péché blesse aussi l’âme du pécheur et l’Église tout entière, à cause du lien invisible mais réel qui nous relie tous, par la Communion des Saints. Cette blessure doit être guérie. C’est le sens de la "pénitence" donnée par le confesseur, qui consistera souvent en une prière, un acte de charité, une Communion offerte… Si la pénitence imposée nous est impossible à réaliser (par ex.: si on ne connaît pas la prière prescrite), le mentionner au confesseur qui verra à adapter sa "prescription".

FORME DU SACREMENT

La "forme" du sacrement du Pardon consiste en la formule de l’absolution. Dans l’Église catholique latine (c’est-à-dire le rite occidental de la plupart de nos paroisses) le prêtre doit dire : ‟Je t’absous (ou ‟je te pardonne” (6))... au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit”.

Le prêtre emploie le "je" car, à travers sa bouche, c’est Jésus lui-même qui pardonne. Dans notre rite, ne serait pas valide une formule qui dirait uniquement, par exemple : ‟Que Dieu te pardonne tes péchés”.
 

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(1) La Tradition (avec un «T» majuscule) : enseignements de Jésus qui n'ont pas été mis par écrit mais qui nous sont fidèlement parvenus via les enseignements des apôtres et de leurs successeurs légitimes.

(2) De droit divin: requis par la loi de Dieu. Est de droit divin toute sentence ou toute obligation fondée sur l'autorité suprême de Dieu. Ainsi, les rites essentiels des sacrements relèvent du droit divin et non purement du droit ecclésiastique (c'est-à-dire des lois édictées par l'Église).

(3) Les 2 derniers Commandements de Dieu, qui sont : ‟L’œuvre de chair ne désireras qu’en mariage seulement” et ‟Le bien d’autrui tu ne désireras pour les avoir injustement.”

(4) Préméditation voulue et diligente : façon ancienne de dire ‟examen de conscience bien fait”.

(5) Anathème : déclaré hérétique ou excommunié.

(6) Le mot "absous" est plus précis, car seul le prêtre peut dire ‟Je t’absous”, tandis que n’importe qui peut dire ‟Je te pardonne”. Cependant, si le prêtre utilise "pardonne" au lieu de "absous" à l’intérieur du sacrement, l’absolution est quand même tout à fait valide.

 


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