Découvrez la vie de Marie des Vallées: laïque, mystique, stigmatisée. Surnommée 'la Sainte de Coutances' / 4
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Dans la grande série

Prophètes et mystiques

MARIE DES VALLéES
(4)

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  PAROLES CéLèBRES (suite)

La richesse, à elle seule, lui semblait d’ailleurs, selon l’évangile, le plus grand des périls pour l’âme.

« Peu, disait-elle, sont capables de bien user des richesses. Il faut un bon estomac pour les digérer. »

Mortuus est DIVES et sepultus in inferno ! s’écrie-t-elle ; « d’un ton animé » et frappant du pied, « par un mouvement extraordinaire et qui ne venait point d’elle », en passant devant la maison d’un riche bénéficier mort récemment.

Elle voit damnée la femme pieuse d’un magistrat pour avoir accepté des épices (poules, dindes, quartiers de mouton, etc.), de gens pauvres et nécessiteux.

Mais elle voit une pauvre ivrognesse sauvée, pour avoir recueilli une orpheline que des religieux avaient mise à la porte, croyant qu’elle avait la peste.

La plupart des gens du pauvre peuple sont sauvés ; peu le sont parmi les nobles, les gens de justice, et les belles « demoiselles ».

Voyant un jour passer une pauvre fille mère avec un enfant et qu’on sifflait, elle pria pour elle, et Dieu, à sa demande, lui fit miséricorde.

JESUS déclarait que les belles dames riches et pompeuses, qui vont au bal et passent pour vertueuses et honnêtes, sont bien plus coupables que cette malheureuse fille mère.

Beaucoup de riches, lui dit-il encore, sont damnés pour n’avoir pas pris part aux misères des autres. Beaucoup de marchands le sont pour avoir frelaté leurs denrées.

Elle s'étonnait qu’on ne prêchât point souvent sur ce point.

Elle plaignait fort le pauvre peuple réduit à la révolte par les exactions et auquel on refuse « l’aumône spirituelle et corporelle ».

On venait souvent consulter la sœur Marie des Vallées. Elle répondait toujours avec une grande élévation et sans aucun ménagement humain.

C’est sans doute ce qui lui fit des ennemis car le clerc, qui est chargé de prêcher l’évangile et qui détient la clef des sacrements, n’aime naturellement pas beaucoup qu’un inférieur vienne le rappeler à l’absolu de cet évangile, à l’esprit de ces sacrements ; les lys et les roses sont jaloux de la petite violette qu’ils voient le Maître du Jardin cueillir et respirer amoureusement.

Il y a là une fatalité, une loi mystérieuse qui veut que le Saint soit toujours persécuté et méconnu. Mais c’est la gloire de l’Église catholique que ces saints mêmes, que ses représentants officiels ont maltraités durant leur vie, elle doive un jour, par une autre fatalité non moins mystérieuse, les canoniser.

Les théologiens de Sorbonne condamnent Jeanne d’Arc, l’évêque Cauchon la brûle ; mais Rome doit la placer sur ses autels.

On sait que l’œuvre principale de saint Jean Eudes fut, avec les séminaires, celle des missions. Marie des Vallées attachait une grande importance à celles-ci.

à un prédicateur, elle déconseillait les austérités excessives et le jeûne, dans la mesure où il le gênait pour prêcher, car « l’abstinence n’est pas bonne quand elle empêche un bien public ».

à un autre qui, passant par Coutances, avait l’intention de faire une prédication « foudroyante », la sœur Marie des Vallées dit de la part de Dieu qu’il s’en donnât bien garde, car, ajouta-t-elle, « si vous passiez par un hôpital, voudriez-vous user du fer et du feu et puis laisser tout là ? Il vaut donc mieux user de lénitifs. Ce n’est pas comme si vous demeuriez pour guérir ensuite les plaies que vous feriez ».

Quelle fine psychologie et quel bon sens, chez cette femme dont nous avons décrit les souffrances extraordinaires ! Saint Jean Eudes a reproduit dans son avertissement aux confesseurs, les conseils qu’elle lui avait transmis sur la conduite à tenir avec les pécheurs, en chaire et en particulier.

Il y a un nombre considérable de chemins pour aller au ciel disait-elle non moins judicieusement. Ce qui importe, c’est de suivre la voie dans laquelle on est appelé. Il faut s’appliquer avant tout à connaître la volonté de Dieu : c’est la voie royale. Toutes les faveurs du Christ ne sont pas réservées exclusivement aux vierges.

On comprend qu’avec toutes ses qualités et ses vertus, avec l’intelligence, le don de style et la fraîcheur d’image que manifestent ses révélations, Marie des Vallées ait exercé une vive influence et ait joui peu à peu d’un réel prestige.

Elle obtient plus facilement le salut d’un mauvais prêtre que celui d’un prélat sans malice mais négligent.

« Je n’aurai soin de lui, dit Notre-Seigneur, qu’à proportion qu’il aura soin de mes enfants. » (11944, ch. VI, fol. 307-309)

Elle voit sauvé un homme pauvre, mort d’accident, sans sacrements ; mais damné un ecclésiastique très éminent, qui avait distribué des bénéfices, sans considérer la qualité de ceux auxquels il les donnait.

  PROPHéTIES

Les révélations qui nous ont été conservées à ce propos concordent très exactement avec les textes patristiques et scripturaires ; elles sont, il faut l’ajouter, aussi nettes qu’eux en même temps qu’aussi vagues.

Marie ne souffrait pas seulement pour les âmes de son temps, mais aussi pour celles qui vivraient avant le commencement du Grand Jubilé, c'est-à-dire le temps de la Grande Tribulation.

Puisque Dieu lui avait parlé d'une conversion universelle, elle s'offrit comme victime expiatrice afin que celle-ci puisse se réaliser, « et Dieu, écrivit saint Jean Eudes, exauça sa prière ».

« Je vis, raconta-t-elle, venir la Force sur un cheval blanc, qui symbolise la joie. Elle portait en croupe la Vérité. Elle lui donna un grand papier sur lequel il y avait des inscriptions et lui dit : Voilà le Jubilé que je t'ai promis.
Et Notre-Seigneur m'a dit encore que l'expiation générale ne se fera qu'après un grand et épouvantable signe qui arrivera, mais Il ne m'a pas expliqué quel sera le signe. »

Ces temps derniers sont mon œuvre et ma passion. La fin sera pleine de consolation, glorieuse, digne d'admiration, mais aussi plus désastreuse, plus violente et plus épouvantable qu'on ne le croit.

Elle moissonnera la terre avec trois de ses filles : la foi, l'espérance et l'Église militante.

Quand elle appela Jésus « Roi du ciel et de la terre », Il l'interrompit brusquement :

« Non, pas de la terre, c'est le péché qui y règne. Mais Je le chasserai et le détruirai bientôt ce monstre et Je régnerai dans tout l'univers ».

Marie elle-même a annoncé :

« Le temps viendra, après une crise universelle qui doit arriver, où il n'y aura plus que la justice sur la terre ; le péché sera banni ».

Notre-Seigneur lui dit:

«Je vais vous dire une chose trois fois triste: Spiritus Domini replevit orbem terrarum. Ce qui désigne le temps où le St-Esprit mettra le feu de l’Amour divin par toute la terre, et qu’il fera son déluge car il y a trois déluges, qui tous trois sont tristes, et qui sont envoyés pour détruire le Péché :

1- le premier déluge est celui du Père éternel, qui a été un déluge d’eau ;

2- le second est celui du Fils, qui a été un déluge de sang ;

3- le troisième est celui du Saint-Esprit qui sera un déluge de feu. Mais il sera triste aussi bien que les autres, puisqu’il trouvera beaucoup de résistance et quantité de bois vert qui sera difficile à brûler.

Deux sont passés, mais le troisième reste ; et comme les deux premiers ont été prédits longtemps avant qu’ils n'arrivassent, ainsi sera le dernier, dont Dieu seul connaît présentement le temps. »

Notre-Seigneur dit à Marie des Vallées qu’un temps viendra auquel...

« ...Il fera pleuvoir un déluge de grâces sur toute la terre, etc. et qu’Il donnera de très beaux vases d’or à l’Église, ce qui est la figure des bons pasteurs dont elle sera ornée et enrichie pour lors. Pour la conversion générale, tous les amis de Dieu à la fois se répandront sur la terre pour faire le siège des âmes. »

Qui sont-ils ces amis de Dieu ? Gaston de Renty* rapportant les paroles de Marie, précise :

« Ce seront de grands martyrs quoique les bourreaux ne les touchent point, mais ils seront martyrs de l’Amour divin. Ce sera le divin Amour qui les martyrisera. Ils seront brûlés dans la fournaise de l’Amour et ils seront plus grands martyrs que quantité d’autres des premiers martyrs qui souffrirent le martyre par l’espérance des couronnes et de la gloire ; mais ceux-ci ne regardent point la récompense mais la seule gloire de Dieu. Et c’est la Sainte Vierge qui soutiendra les forces de ces fidèles en ces terribles combats. »
« Ne vous mettez point en peine de cela, lui disait Notre-Seigneur, mais sachez que quand ma Miséricorde viendra au temps de la Grande Tribulation, Elle jettera tous les enfants par les fenêtres et Elle les écrasera. C’est-à-dire qu’elle tuera tous les péchés qui sont les enfants des pécheurs. Et ce sera ma Divine Miséricorde qui fera ce massacre et qui exécutera les châtiments qui se feront alors. Mais on ne la connaîtra pas pour telle. On croira que ce sera la Justice, parce qu’elle sera revêtue de la robe de la Justice. »

Un jour que Marie des Vallées priant le Christ, l’appelait « roi du ciel et de la terre » :

- «Non, pas de la terre, interrompit-Il brusquement. C’est le Péché qui y règne. Mais Je chasserai et Je détruirai bientôt ce monstre, et Je régnerai dans tout l’univers ».

Marie des Vallées voyait les « misères du peuple » sous la forme de cordes qui tiraient vers la terre la colère de Dieu, afin de punir les crimes, détruire le Péché et établir le règne de la Grâce.

Un jour, Jésus-Christ fit faire à la Sœur Marie des Vallées, une étrange procession symbolique.

  • Elle devait d’abord aller réciter les litanies du Père au beau milieu de la grande place de la ville,

  • puis les litanies du Fils dans le plus sale cloaque qu’elle pourrait trouver,

  • enfin celles du Saint-Esprit devant un crucifix, à l’église.

Elle s’acquitta consciencieusement de tout cela ( « Je fus bien étonnée, dit-elle, de ce commandement, et même je vis la Sainte Vierge pleurer tendrement ; cependant il fallut l’accomplir » ), non sans exciter l’étonnement des passants et les moqueries des enfants qui, la voyant s’agenouiller dans un cloaque malodorant, sous les remparts de la ville, la couvrirent de huées et lui jetèrent même quelques pierres.

Les bons bourgeois pour la plupart hochaient la tête et la blâmaient.

Mais la Vierge, qu’elle avait d’abord vue pleurer amèrement, vint la consoler, lui disant d’un ton joyeux :

« ô ma fille ! nous voilà bien. Dites maintenant : Regina coeli lætare, alleluia. »

Et Notre-Seigneur lui dit qu’en la conversion Générale les âmes ne pécheraient plus,

« et que son Amour divin ferait de toutes (les âmes) une guirlande au crucifix, c’est-à-dire qu’il couronnerait non seulement la Passion que Jésus-Christ a soufferte en son corps, mais aussi celle qu’il a renouvelée en sœur Marie des Vallées. »

C’est en effet pour la conversion générale d’un monde mauvais que Marie avait prié.

Les premières litanies sur la place étaient pour appeler les Infidèles. Les secondes, dans le cloaque, étaient pour la conversion des mauvais chrétiens et spécialement des mauvais prêtres ; car, dit le Christ,

« Je suis dans mon église comme un homme dans un infâme cloaque, qui serait forcé d’y demeurer par les liens dont il serait garrotté, car ma Charité divine m’y nécessite. »


Les troisièmes litanies enfin, devant le crucifix,

« étaient pour obtenir le déluge et l’effusion des grâces au temps de la grande conversion ».

C’est d’ailleurs un fait remarquable que la plupart des mystiques et des saints ont été tout particulièrement sensibles aux imperfections du clergé et ont dénoncé vigoureusement les abus dans l’Église. Ce ne sont pas seulement les « Réformés » qui ont réclamé de tous temps sa réforme ; et c’est même lui faire injure que de ne pas perpétuellement exiger d’elle cette réforme puisque, aussi bien, n’étant pas de ce monde, sa vie en ce mon de ne peut être qu’une lutte continuelle pour éliminer les principes de lourdeur, se purifier de tout ce qu’elle a d’humain, se dégager des forces d’inertie.

Dieu permet les mauvais prêtres pour des raisons qu’Il connaît seul, dit la Vierge Marie à la sœur Marie en lui faisant faire quelques prières pour abréger le temps durant lequel « les mauvais pasteurs doivent régner dans l’Église, selon les ressorts de la divine Providence »
.

Un jour, Notre-Seigneur lui dit :

« Mon épouse est devenue lépreuse. Qu’elle aille donc se laver sept fois au Jourdain ; prenez cette chemise que ma Mère lui donne, et la lui portez. »

Il expliqua ensuite que son épouse, l’Église, couverte de la lèpre du péché, doit guérir des sept péchés capitaux dans le Jourdain de la pénitence. La chemise, c’est Son Humanité dont les chrétiens se doivent revêtir. (Revêtez-vous de Jésus-Christ, dit saint Paul.) La sœur Marie des Vallées la porte, car elle dispose le monde à faire pénitence et à faire usage de cette grande tribulation dont il a été question.

La faisant prier (en 1646) pour une affaire de grande conséquence qui touchait l’Église, sans lui dire laquelle, Il promet à cette Église « trois choses singulières : la première est une bague d’or avec une pierre d’aimant attirant le feu ; la seconde sera Mon Cœur ; la troisième la connaissance des écritures et d’un sens qu’elle n’a point encore connu. »

On ne lui a pas encore expliqué cela, note saint Jean Eudes, qui pense que la bague signifie pour sœur Marie, la pierre "JESUS", qui attire les cœurs dans la grande conversion, que son Cœur, c’est sa Passion, et que le sens des textes scripturaires non encore connu, concerne les textes qui peuvent s’appliquer à Marie des Vallées et à la fin des Temps.

Sainte Catherine de Sienne s’occupait, elle aussi, simple femme du peuple, des plus grands intérêts de l’Église.

Un jour, Marie des Vallées vit le Péché sous la figure d’un serpent dont le corps faisait un triple tour (le péché des prêtres, celui des chefs d'état, et celui du peuple) qui se mordait la queue, c'est-à-dire qui se détruisait lui-même.


La vie de Marie des Vallées est, même pour elle-même, un mystère. Un jour, ayant demandé à Jésus quelques éclaircissements, elle obtint cette réponse :

“... que ces choses étaient trop hautes pour mon esprit, et que pour cela, il était obligé de me dire beaucoup de choses par figures, afin de s’accommoder à moi, et de me les faire entendre.”

Il n’en demeure pas moins que la vie de Marie des Vallées est l’une des plus étonnantes de l’histoire des mystiques et de la mystique.

Marie des Vallées est admirable, mais, incontestablement, elle est inimitable, car constamment ponctuée de phénomènes extraordinaires, voire rarissimes.

Marie des Vallées nous surprend, et parfois nous scandalise. Ne la rejetons pas d’emblée pour autant. Le Seigneur a peut-être des choses à nous dire par l’intermédiaire de cette mystique hors normes. D’ailleurs, le fait qu’on ait recommencé à en parler à la fin du XXe siècle, après plus de trois siècles de silence, est certainement le plus grand des faits extraordinaires associés à la vie de Marie des Vallées. ■


_____________________

*Gaston de Renty voulait, dans sa jeunesse, devenir chartreux. Ses parents et Dieu en avaient disposé autrement et Gaston accepta de fonder une famille… Il vivait dans le monde comme un véritable religieux, tout donné à Dieu.


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