Cette
dévotion, si aimée des Papes, tellement demandée par
le Ciel et étonnamment puissante sur le Coeur de
Dieu puise ses origines complexes très loin dans
l'histoire. Le Rosaire peut être comparé à un grand
fleuve formé par la réunion de plusieurs cours d'eau
originant tous de la même montagne sacrée: les
prières liturgiques de l'Église (en particulier les
Psaumes) et les Évangiles. Voici un abrégé de son
historique.
C'est autour de l'an 1000 que commence à se dessiner
le Rosaire. Prêtres et religieux possédaient le
Bréviaire (ou Liturgie des Heures) pour les aider à
élever leur âme tout au long de la journée.
Notons
que le Bréviaire est composé, en majeure partie, des
150 psaumes de la Sainte Écriture.
L'usage se répandit, parmi les fidèles ignorant le
latin, de remplacer chaque psaume par un
Pater (Notre Père) afin
d'ainsi s'unir, selon leurs capacités, à la prière
officielle de l'Église. Cette coutume avait déjà
cours chez certaines catégories de religieux. Ce fut
le premier "Rosaire" et l'Église Catholique
d'Irlande fut pionnière en ce domaine.
|
Illustration ancienne du
métier de "patenôtrier", précurseur de nos
fabriquants de chapelets d'aujourd'hui. |
C'est également elle qui, la première, divisa le
Psautier biblique (recueil des Psaumes) en trois
groupes de 50, ce qui plus tard inspira la division
du Rosaire en mystères joyeux, douloureux et
glorieux. Très tôt, on prit l'habitude de compter
les Pater sur un cordonnet,
ancêtre de notre chapelet d'aujourd'hui.
Après le psautier de 150
Pater,
se forma, au cours des temps, un psautier de 150
Ave Maria qui, à l'époque,
n'étaient composés que de la première partie du "Je
vous salue Marie" actuel. Il est, en effet, naturel
au coeur de l'homme croyant en l'Incarnation du Fils
de Dieu dans le sein d'une Vierge, de se tourner
vers celle-ci pour lui adresser ses hommages.
D'autre part, les 12e
et 13e
siècles virent surgir différentes séries de 150
louanges à Jésus-Christ composées d'après les
Psaumes bibliques et sa vie terrestre; une sorte de
recueil de courtes "méditations" qu'on appela
"Psautier de Notre-Seigneur Jésus-Christ".
De même que, du "Psautier de
150
Pater" était né le "Psautier de
150 Ave Maria", ainsi le
"Psautier de Notre-Seigneur Jésus-Christ" donna
bientôt naissance à un "Psautier de la Sainte
Vierge": 150 strophes de louanges méditatives à la
Mère de Dieu.
On réunit bientôt les 150
Pater
et les 150 Ave Maria en un seul psautier, qui se transforma en un rosaire
de 150 Ave et 15
Pater, comme le prouve un
document de l'an 1440 qui laisse savoir que les
étudiants d'un collège d'Angleterre devaient réciter
quotidiennement ce rosaire.
Enfin, on fusionna en quelque sorte les psautiers
"de Notre-Seigneur" et " de la Sainte Vierge" pour
former une nouvelle série de 150 mystères; en effet,
comment méditer sur la vie de Jésus sans considérer
Marie, et vice versa! L'usage se répandit
d'appliquer chacun de ces mystères à un des
Ave du Rosaire, ce qui
permettait au peuple qui n'avait pas accès aux
livres de pouvoir ainsi être instruit d'un grand
nombre de vérités de la Foi.
|
Comment méditer sur la vie de
Jésus sans considérer Marie, et vice versa ! |
Parallèlement, d'autres sortes de rosaires ont
foisonné durant le Moyen Âge, formés de
Pater et d'Ave
en différents nombres et combinaisons, accompagnés
ou non de mystères [mystères qui comprenaient
certains éléments qu'on retrouve aujourd'hui dans la
série des "Mystères lumineux" que nous a proposés le
pape Jean-Paul Il). Il y eut même un psautier de 200
mystères.
On croit que du rosaire dit "de sainte Brigitte" de
63 Ave, (en l'honneur des 63
années de vie de la Vierge Marie), et du rosaire de
33 Pater (rappelant les 33
années de vie de Jésus) dérivent le Pater et les 3
Ave Maria
qui précèdent aujourd'hui le rosaire. Il
semble que ce soit vers le 15e
ou 16e
siècle que se répandit l'usage du
Gloire au Père entre les dizaines.
De la fin du 15e
jusqu'au 17e
siècle, un changement s'opéra en faveur d'un
abaissement du nombre des mystères jusqu'à 15, ce
qui facilitait davantage la mémorisation et la
récitation en commun. Depuis 2002, ce nombre est
passé à 20 mystères (joyeux, lumineux, douloureux,
glorieux).
En résumé...
On peut affirmer que le
Rosaire fut d'abord une prière "numérique": on
récitait Pater ou
Ave, et on les comptait, en
donnant aux nombres un symbolisme précis.
Puis,
le Rosaire devint "prière corporelle": à chaque
Pater ou Ave,
on faisait une génuflexion, une inclinaison, on se
tenait les bras en croix, etc. Cette pratique très
en honneur en Irlande se répandit sur le continent
européen avec les missionnaires irlandais, écossais
et anglo-saxons. On raconte qu'un ermite nommé
Aybert récitait chaque jour 150 Ave.
À chacun des cent premiers, il faisait une
génuflexion; pour les cinquante autres, il se
prosternait le front contre terre.
Avec l'apparition de longues
séries de mystères, le Rosaire devint "prière lue":
on "lisait", en privé ou public, les mystères (dont
chaque énoncé était intégré dans un Ave) sur une liste écrite à la main ou
imprimée.
De
prière lue, le Rosaire devint une "prière en images"
(un peu comme nos Chemins de Croix d'aujourd'hui),
pour faciliter les choses aux fidèles sachant peu ou
pas lire. Déjà une tendance s'affirmait de vouloir
réduire le nombre des mystères, pour une plus grande
commodité. La série des 15 mystères aujourd'hui en
usage (mis à part les "Mystères lumineux") semble
venir d'Espagne: une gravure sur bois, datée de l'an
1488, constitue le plus ancien document que nous
possédions à ce sujet.
Enfin,
le Rosaire aboutit à une prière vocale en commun. En
1569, le pape Pie V déclara obligatoire,
pour gagner les indulgences du Rosaire,
de joindre à la prière vocale la méditation des
mystères.
En 1573 fut inscrite au
calendrier liturgique la Fête du Rosaire qu'on
célèbre aujourd'hui le 7 octobre.
Le mois d'octobre
est désigné,
dans l'Église, comme étant le Mois du Rosaire.
Puissance du Rosaire,
d'hier à aujourd'hui
Prière
officielle de l'Église à Marie, le Rosaire est,
malgré son apparence humble, si puissant sur les
Coeurs de Jésus et Marie que soeur Lucie de Fatima
déclara, un jour:
«Il
n'est pas de conflit, guerre ou autre problème qui
ne puisse être résolu par la récitation du
chapelet.»
• Au 12e
siècle, les hérésies (graves erreurs doctrinales
telles celles des Cathares ou Albigeois) ravageaient
la France. Le Bx Alain de La Roche témoigne que
Notre-Dame apparut à S. Dominique en 1214 et lui
dit:
«Une des principales armes dont la Sainte Trinité
s'est servi pour réformer le monde a été le
«Psautier Angélique» qui est le résumé du Nouveau
Testament. Si tu veux gagner à Dieu les coeurs
endurcis, prêche mon Rosaire.»
Saint
Dominique réussit, par cette prière, à convertir 300
000 hérétiques. Plus tard, S. Grignon de Montfort
déclarera:
«Jamais un pécheur ne m'a échappé quand je lui ai
mis la main au collet avec le Rosaire.»
• En 1614, une violente persécution éclata contre
les Catholiques du Japon. Noyée dans le sang des
martyrs, sans clergé durant plus de deux siècles, on
aurait pu croire cette église anéantie. Mais la
dévotion à la Vierge Marle, par le Rosaire, a été
fortement implantée par les missionnaires, dans le
coeur des premiers Chrétiens japonais. C'est ce qui
sauva la chrétienté nippone.
En
1865, un missionnaire revint au Japon et c'est alors
qu'il découvrit que, grâce au Rosaire, des
générations de Chrétiens clandestins avaient
conservé intacte leur foi, durant 250 ans, sans
prêtres.
• La fête de Notre-Dame du Rosaire a été fixée au 7
octobre, dans le calendrier liturgique de l'Église.
Cette
date rappelle la mémorable victoire de Lépante, un
détroit de Grèce par lequel, en 1571, une flotte de
500 vaisseaux turcs islamiques menaçait de s'emparer
de l'Europe chrétienne. Le pape S. Pie V ne
disposait à cette époque que de 200 navires pour les
repousser.
Il
ordonna alors une croisade de Rosaires, fit
distribuer le chapelet à tous les combattants qui le
passèrent à leur cou avant la bataille. Et la Vierge
Marie fit le reste!
Une
épaisse brume se leva subitement: dans leurs habits
blancs de Croisés, les Chrétiens semblèrent des
fantômes, au yeux des Turcs affolés qui firent tant
et si mal que leurs propres vaisseaux s'emboutirent
les uns les autres sans que les Chrétiens n'aient à
combattre ...
La
vénérable Catherine de Cardone reçut alors la
révélation céleste que cette victoire était due à
l'offrande de tous les Rosaires récités à ce
moment-là dans l'Église entière.
• Le Bx Jean Massias, frère dominicain au Pérou,
récitait autant de Rosaires qu'il le pouvait, pour
les défunts. Sur son lit de mort, et par ordre de
son confesseur qui seul put vaincre son humilité, il
déclara avoir délivré par ce moyen un million quatre
cent mille âmes des flammes du Purgatoire!
Ce
chiffre a été consigné dans le document de
béatification, par le pape Grégoire XVI.
• Le 6 janvier 1810, le futur Curé d'Ars cheminait
tristement sur la route menant au camp militaire,
pour son service obligatoire (car l'évêché avait
oublié de l'inscrire sur la liste des étudiants
ecclésiastiques).
Soudain, n'y tenant plus, Jean-Marie prit son
chapelet et implora la Vierge Marie de s'en mêler!
Aussitôt, un inconnu l'accosta et apprenant la
détresse de notre séminariste, le guida vers une
maison isolée dont les propriétaires acceptèrent de
cacher Jean-Marie pendant environ une année. Ce
dernier put ensuite reprendre ses études en vue de
la prêtrise.
Quand
à l'inconnu, le Curé d'Ars n'en entendra plus jamais
parler ni ne saura jamais qui il était...
• En 1879, la paroisse du Cap-de-la-Madeleine
(Québec, Canada), voulait bâtir une église. La
pierre nécessaire se trouvait sur l'autre rive du
fleuve St-Laurent, large de 40 arpents à cet
endroit.
Chapelet en main, les paroissiens implorèrent Marie
de «fabriquer un pont de glace». Le 14 mars,
leur voeu fut exaucé. Pendant 8 jours, plus de 100
traîneaux à chevaux furent employés à transporter la
pierre sur ce pont miraculeux, sans qu'aucun
accident ne se produise.
Une
fois la pierre transportée, ce pont, le Pont des
Chapelets, se désagrégea de lui-même.
• Au 19e
siècle, une actrice de 22 ans nommée Burtie Carr
agonisait, inconsciente, dans une chambre d'hôtel.
On avait aperçu un chapelet sur sa table. La croyant
Catholique, on avait donc appelé le prêtre à son
chevet.
Lorsque Burtie s'éveilla et aperçut le représentant
de Dieu, elle désira se confesser. Mais au moment de
recevoir l'absolution, elle demanda d'abord à être
baptisée, au grand étonnement du religieux! En
effet, elle n'était pas même chrétienne et sa vie
errante d'actrice ne lui avait pas fourni d'occasion
pour le devenir. Mais elle avait été éduquée au
pensionnat des Soeurs, et elle se souvenait
parfaitement de la doctrine catholique reçue alors.
Elle allait à la Messe le dimanche et récitait son
chapelet.
Elle
put donc, selon son grand désir, non seulement être
baptisée, mais encore recevoir les derniers
sacrements avant de mourir, une heure plus tard,
réconciliée avec Dieu et avec elle-même. Tout cela
grâce à un simple chapelet laissé sur une table ...
Reine du Très Saint Rosaire, priez
pour nous.■
Vous aimerez aussi...
-
Le Rosaire expliqué aux jeunes
Un album à colorier pour faire connaître le Rosaire
et ses bienfaits, pour les jeunes d'âge ou de
coeur! Un des ouvrages les mieux documentés de ce
genre.
- En téléchargement gratuit
ICI.
- Pour acheter le cahier déjà imprimé ICI.
- La
prière du Rosaire
Comment réciter le chapelet, les Mystères, quelles
sont les Promesses faites par Marie en faveur de
ceux qui récitent le chapelet, etc.