"Dans
un monde sécularisé, il est important de rappeler
aux femmes que leur rôle de mère a une valeur
infinie aux yeux de Dieu", affirme la femme du
célèbre philosophe Dietrich von Hildebrand.
Alice von Hildebrand est
égaIement philosophe et est l'auteur de "The
Privilege of Being a Women" (Le privilège d'être
femme). Elle a expliqué à Zenit comment, selon elle,
toute femme peut trouver une force surnaturelle dans
ce que le féminisme considère comme étant une
faiblesse, et prendre Marie comme modèle de la
féminité parfaite. Alice von Hildebrand a obtenu un
doctorat en philosophie à l'Université de Fordham et
est professeur émérite du Hunter College de la City
University of New York.
"Le poison de la
sécularisation a pénétré en profondeur dans notre
société, explique Alice von Hildebrand. La
pénétration a eu lieu par étapes. L'homme a été sa
première victime : il s'est laissé convaincre de
plus en plus que, pour être "quelqu'un", il devait
réussir dans la vie. Le succès signifie l'argent, le
pouvoir, la célébrité, la reconnaissance, la
créativité, l'esprit inventif, etc. Beaucoup
d'hommes ont sacrifié leur vie de famille pour
atteindre ce but : ils rentraient à la maison pour
se reposer ou s'amuser. Le travail était la partie
sérieuse de leur vie. De nombreux mariages ont été
détruits par cette attitude. Les femmes ont senti à
juste titre, qu'elles n'étaient que des appendices,
une relaxation nécessaire. Les maris avaient peu de
temps pour les échanges amoureux, puisqu'ils étaient
trop occupés. Les enfants voyaient peu leur père. Le
fait que les femmes souffrent n'était pas seulement
compréhensible mais légitime."
"La chose étonnante, poursuit
Alice von Hildebrand, est que le féminisme, au lieu
d'aider les femmes à prendre davantage conscience de
la beauté et de la dignité de leur rôle en tant que
femmes et mères, et du pouvoir spirituel qu'elles
peuvent exercer sur leurs maris, les a convaincues
qu'elles aussi devaient adopter une mentalité
'sécularisée' ; qu'elles aussi devaient entrer dans
le monde du travail ; qu'elles aussi devaient
prouver à elles-mêmes qu'elles étaient 'quelqu'un'
en obtenant des diplômes, en entrant en compétition
avec les hommes sur le marché du travail, en
montrant qu'elles étaient égales à eux, et quand
l'opportunité se présentait qu'elles pouvaient être
plus malignes qu'eux."
"Elles se sont laissées
convaincre que féminité signifiait faiblesse,
poursuit Alice von Hildebrand. Elles ont commencé à
mépriser les vertus comme la patience, le
désintéressement, le don de soi, la tendresse et ont
cherché à devenir comme les hommes en tout. (...)
Elles sont devenues aveugles au fait que les hommes
et les femmes, bien qu'égaux en dignité ontologique,
ont été créés différents par choix de Dieu : homme
et femme Il les créa. Différents et complémentaires.
Chaque sexe a ses propres
forces et ses propres faiblesses. Selon le plan
admirable de Dieu, le mari doit aider sa femme à
surmonter ces faiblesses afin que tous les trésors
de sa féminité puissent s'épanouir pleinement, et
vice versa. "
"Combien d'hommes deviennent
vraiment 'eux-mêmes' grâce à l'amour de leur femme ?
Combien de femmes sont transformées par la force et
le courage de leur mari ?" s'interroge la femme de
Dietrich von Hildebrand.
"La tragédie du monde dans
lequel nous vivons est que nous sommes devenus des
apostats. Beaucoup ont abandonné les trésors qui
nous ont été donnés par la révélation - le
surnaturel ", estime-t-elle.
"Le péché originel était
essentiellement une attaque de la hiérarchie des
valeurs : le corps de l'homme s'est révolté contre
son âme. Aujourd'hui, ce renversement de la
hiérarchie des valeurs va si loin que Peter Singer
nie la supériorité de l'homme sur l'animal, et que
l'on sauve les bébés des baleines pendant que l'on
tue les bébés des hommes", explique-t-elle. Alice
von Hildebrand est convaincue que la soi-disant
faiblesse des femmes peut devenir une source de
force.
"Étant donné que du point de
vue de la nature les hommes sont plus forts, non
seulement parce qu'ils sont physiquement plus forts
mais aussi parce qu'ils sont plus créatifs, plus
inventifs et plus productifs, la plupart des grandes
œuvres en théologie, en philosophie et dans les
beaux arts ont été réalisées par des hommes. Ils
sont les grands ingénieurs, les grands architectes.
Mais le message chrétien dit que, sans nier la
valeur de toutes ces inventions, elles ne sont que
poussière et cendres comparé à tout acte vertueux.
Puisqu'une femme de par sa nature, est maternelle -
car toute femme mariée ou non, est appelée à la
maternité biologique, psychologique ou spirituelle -
elle sait de manière intuitive que donner, nourrir,
prendre soin des autres, souffrir avec et pour eux -
car la maternité implique la souffrance - a
infiniment plus de valeur aux yeux de Dieu que de
conquérir des nations ou d'aller sur la lune",
affirme-t-elle.
"Lorsqu'on lit la vie de
sainte Thérèse d'Avila ou de sainte Thérèse de
Lisieux, on est frappé par le fait qu'elles font
continuellement référence à leur 'faiblesse'. La vie
de ces femmes héroïques - et il y en a beaucoup -
nous enseigne que la conscience et l'acceptation de
sa propre faiblesse, associée à une confiance sans
limite dans l'amour et la puissance de Dieu, donne à
ces âmes privilégiées une force extraordinaire parce
que surnaturelle", poursuit-elle.
"La force naturelle ne peut
pas se mesurer à la force surnaturelle. C'est
pourquoi Marie, la femme bénie, est 'aussi forte
qu'une armée prête pour le combat'. Et pourtant
elle est appelée 'clemens, pia, dulcis Virgo
Maria' [Vierge clémente, charitable et douce].
La force surnaturelle explique, comme l'indique Dom
Prosper Gueranger dans 'The Liturgical Year', que
le diable craint cette humble Vierge
plus que Dieu car sa force surnaturelle, qui écrase
sa tête, est plus humiliante pour lui que la force
de Dieu."
"C'est pour cela que le
Mauvais est aujourd'hui en train de lancer la pire
des attaques qui aient été lancées contre la
féminité au cours de l'histoire du monde. Se
rapprochant de la fin des temps et sachant que sa
défaite finale approche, il redouble d'efforts pour
attaquer son grand ennemi : la femme. On lit dans la
Genèse 3, 15 : «Je mettrai une
hostilité entre toi et la femme». La victoire
finale appartient à la femme, comme on le voit dans
la femme couronnée de soleil ", explique Alice von
Hildebrand.
"Le
féminisme a commencé dans les pays protestants, pour
la simple raison qu'ils avaient tourné le dos à la
mère du Christ, comme si le Sauveur du monde devait
se sentir privé de l'honneur donné à sa Mère
bien-aimée. Marie - que l'Apocalypse entoure de tant
de gloire - est le modèle des femmes. C'est en se
tournant vers elle, en la priant et en contemplant
ses vertus, que les femmes retrouveront le chemin de
la beauté et de la dignité de leur mission",
estime-t-elle.
"Marie nous a enseigné deux
voies conduisant à la sainteté. La première :
«Je suis la servante du Seigneur. Qu'il me soit fait
selon ta parole». Ceci indique que la mission
de la femme est de se laisser féconder par la grâce,
la sainte réceptivité. La deuxième :
«Faites tout ce qu'il vous dira». C'est le
saint programme que l'Église nous offre. Il est
évident que si les femmes comprenaient ce message,
le mariage, la famille et l'Église surmonteraient la
crise terrible que nous traversons. Comme le dit la
liturgie, 'Dieu a mis le salut entre
les mains d'une femme' ", conclut Alice von
Hildebrand. ■