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SUICIDE ASSISTÉ et EUTHANASIE:
Abus de fin de vie
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La Presse / Opinions,
2010-09-13, par le Dr André Bourque, chef du
département de médecine générale du CHUM et
président de Vivre dans la Dignité.
Le débat actuel sur l'euthanasie se centre
principalement sur la question de l'autonomie de la
personne. Il s'illustre d'anecdotes et de
témoignages poignants qui mobilisent nos émotions.
Aussi est-il nécessaire de se rappeler à tête
refroidie qu'une valeur importante doit souvent
donner préséance à une autre, prioritaire.
L'euthanasie mettra en danger les personnes malades
et dépendantes et surtout celles qui se retrouvent
seules et démunies.
Des milliers de personnes vieillissantes et malades,
à domicile et en centre hospitalier de longue durée,
ne reçoivent ni l'attention ni les soins de qualité
auxquels elles ont droit dans les dernières années
de leur vie et en toute fin de vie. Leur nombre va
bientôt croître de façon exponentielle. Le denier
public est étiré au point de rupture, et nous devons
beaucoup compter sur l'aide des familles et des
bénévoles.
L'euthanasie rendue légale va entraîner une
dépréciation de la valeur de cet investissement
généreux. Elle réduira l'élan pour l'entraide, la
solidarité et le bénévolat. Quelle valeur
accordera-t-on à l'effort investi pour accompagner,
soigner, nourrir et laver le patient âgé en fin de
vie quand, dans une autre famille, on aura opté pour
donner la mort?
Les patients, les familles et les soignants vont se
questionner sur l'option de l'euthanasie de toute
personne vieillissante et malade. La personne
faible, qui a déjà une piètre estime de soi, se
sentira davantage dévalorisée. Elle sentira qu'elle
est de trop et percevra la pression subtile qui
s'exercera sur elle, surtout si elle est
incontinente, malpropre, désagréable et seule dans
la vie. Il pourra y avoir des personnes peu
scrupuleuses qui prendront les moyens pour que
l'euthanasie puisse s'imposer: elles apprendront
comment faire favoriser le consentement.
On brandit l'étendard de l'efficacité des balises
alors que le bon sens et l'expérience des pays ayant
dépénalisé l'euthanasie indiquent qu'aucune mesure
de contrôle ne va empêcher les abus.
Les principaux abus n'apparaissent pas dans les 72
statistiques et restent toujours difficiles à
démasquer. Il faut un regard de plusieurs décennies
avant de pouvoir évaluer les retombées réelles de
l'introduction de l'euthanasie: nous ne l'avons pas.
Dans la pratique médicale, tout se déroule très
vite, les médecins peuvent être manipulés et les
consentements des personnes démunies sont assez
faciles à obtenir.
On réclame l'euthanasie surtout parce que les
malades ne reçoivent pas les soins efficaces
appropriés, que les familles ne sont pas
suffisamment accompagnées. Elle va engendrer des
problèmes plus graves que ceux qu'elle prétend
régler.
Faisons le choix de protéger les personnes
vulnérables. Vivre dans la Dignité. ♦
Note: Bien que publiée dans le journal imprimé La
Presse, cette lettre d’opinion, curieusement, n’est
pas accessible via Cyberpresse.
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