La souffrance, cette grande méconnue: que nous enseigne Dieu sur elle?
En-tête 1 du site de la revue En Route. En-tête 2 du site de la revue En Route.
En-tête 3 du site de la revue En Route.
sommaire_general

Retour haut de page

Pour la version PDFde ce document,
cliquez sur l'icône. 
(recommandé pour imprimer ou partager par courriel)

La souffrance

Lorsque Dieu créa le monde, Il le disposa dans l'harmonie parfaite où il n'y avait pas de place pour le péché et ses suites: souffrance, maladie, mort. En péchant, nos premiers parents détruisirent cette harmonie première et furent chassés du Paradis Terrestre pour assumer le choix qu'ils avaient fait: celui de se détourner librement de la Volonté de Dieu et de Son Amour.

Mais Dieu eut pitié d'eux et de leurs descendants: Il leur promit un Rédempteur.

De plus, la Genèse nous apprend qu'en perdant leur innocence, Adam et Ève avaient maintenant conscience et honte de leur nudité, de leur dépouillement physique et spirituel devant Dieu. Le Père Céleste leur fabriqua alors une tunique de peau dont Il les revêtit. (Gen. 3, 6-24)

On pourrait comparer cette peau de bête à la souffrance qui "colle à la peau" de tout homme dès sa naissance et qui, permise par Dieu dans nos vies, devient un vêtement servant à recouvrir le dépouillement spirituel de nos âmes devant le Créateur. La souffrance acceptée et offerte en union avec celles de Jésus-Christ, est comme une tunique de peau de bête que l'on échange, auprès de Dieu, pour un riche et beau vêtement nommé "mérite". Le Père Éternel ne permet la souffrance, dans notre vie, que dans un dessein d'amour.

C'est pourquoi la souffrance vécue sans cet échange divin est un gaspillage. Au contraire, la souffrance vécue chrétiennement rend notre existence féconde. Par elle, la personne souffrante fait plus pour le salut du monde que si elle avait parcouru l'univers en prêchant car, dans cette maladie qu'elle n'a pas choisie, elle est certaine de faire la Volonté de Dieu en étant là où Il la veut. "Il n'y a pas que les ressorts qui font fonctionner une horloge. Il faut aussi des poids, et j'en suis un", répondait avec humour une grande malade à des infirmières.

Notre Sauveur nous dit: "Que celui qui M'aime prenne sa croix, qu'il se renonce à lui-même et qu'il Me suive." (Mc 16,24) C'est donc que l'acceptation amoureuse de la Croix est possible, avec l'aide de Dieu. "Ne dis pas: c'est impossible... Dis: je ne l'ai pas encore fait." (Proverbe japonais)

Dieu n'envoie jamais de croix au-dessus de nos forces; les forces qui semblent nous manquer, on les obtient par la prière, et "UNE CROIX PLEINEMENT ACCEPTÉE PERD LA MOITIÉ DE SON POIDS." (Bx Edouard Poppe, ptre)

Mais ne nous y trompons pas: c'est l'AMOUR qui donne à nos croix valeur et mérite. Car seul l'amour peut consoler l'AMOUR (Dieu) de nos innombrables péchés et tiédeurs. "Pas de plus grand AMOUR que de donner sa vie pour ceux qu'on aime"... donner sa vie pour Dieu, goutte à goutte, croix par croix, chaque jour, sereinement et avec courage, le plus souvent dans l'ombre: n'est-ce pas imiter Jésus et Marie? Contemplons souvent Jésus dans Sa Passion, imitons Marie au pied de la Croix et imprégnons-nous de son amour maternel littéralement "labouré" par la souffrance de son Enfant martyrisé pour nous.

Et espérons, car... "la Croix est l'échelle du Ciel". (Saint Curé d'Ars) Après avoir été à l'école de Jésus Crucifié, nous partagerons un jour Sa Gloire qui ne finira jamais car la croix vécue dans l'amour conduit à LA CROIX GLORIEUSE.

LA SOUFFRANCE
POUR LE SALUT DES AMES

Saint François de Sales disait avec humour: "On va au Ciel avec un caillou dans le soulier". Et la Bible s'écrie: "Celui qui n'a pas souffert, que sait-il ?" Car la souffrance, inévitable dans nos vies, devient une école de sagesse et un outil de Salut lorsque vécue chrétiennement. Elle engendre la paix intérieure, un accroissement de l'Amour et de la Charité en notre âme et, par conséquence, nous donne une puissance d'intercession incroyable sur le Cœur de Dieu, en particulier pour le salut des pécheurs.

Nous connaissons tous au moins quelqu'un de notre entourage qui vit loin de Dieu, embourbé dans les fausses maximes d'un monde sans-Dieu et souvent complètement "anesthésié" dans sa conscience; bref, un être cher qui chemine vers l'Enfer... Irrémédiablement? Non, car nous avons le POUVOIR DE CHANGER LES CHOSES. Comment? Par nos PRIÈRES et nos CROIX acceptées et offertes au Père, en union avec celles du Christ, pour délivrer de l'emprise de Satan ces personnes aimées de nous et tellement AIMÉES DE DIEU.

Dieu seul convertit les âmes, mais Il veut avoir besoin de nous comme autant d'humbles coopérateurs au salut du monde.

La prière est puissante, mais la souffrance, les mortifications volontaires ou non, ACCEPTÉES AVEC AMOUR, sont souvent indispensables pour chasser certains démons, ainsi que l'affirme Jésus Lui-même dans l'Évangile (Mt 17,21).

Aux personnes handicapées ou dont la vie ressemble à un cauchemar tant leurs souffrances morales ou physiques sont grandes, Notre-Seigneur pourrait adresser ces paroles de consolation:

"Ne jugez pas votre Créateur qui vous laisse vivre ainsi, enclins à la colère et à toutes les injustices de ceux qui se croient parfaits. Vous vous voyez misérables, rampant pour vous déplacer, ou munis de prothèses douloureuses, ou encore dans des chaises roulantes. Je n'ai exercé sur vous ni punition, ni injustice. Personne de vous n'est puni par Dieu. Si Dieu consent à voir Ses enfants vivre si misérablement, c'est parce que dans le Royaume Éternel ils seront les plus beaux, ayant tout donné à Dieu pour sauver les âmes en perdition."

Voilà un prodige de l'Amour du Père: tirer le Bien du Mal, la Force de la Faiblesse... De là vient la beauté et la fécondité spirituelle de toute personne souffrante unie à son Rédempteur crucifié et ressuscité pour nous. Prières et souffrances offertes pour le salut éternel des pécheurs: voilà la plus belle et la plus utile des pratiques...

..."car les justes sont sur le chemin du Ciel, les âmes du Purgatoire sont sûres d'y entrer, mais les pauvres pécheurs..." (Curé d'Ars)

"Priez beaucoup et faites des sacrifices pour les pécheurs car beaucoup d'âmes vont en enfer parce qu'il n'y a personne qui se sacrifie pour elles." (Notre-Dame à Fatima)

L'ESSENTIEL, C'EST LE CIEL, même "attrapé par le coin du manteau" à la dernière extrémité de notre vie; c'est la grâce ultime que nous devons désirer et obtenir pour nos amis, nos ennemis et l'humanité entière.

Le pécheur restera toujours libre d'accepter le Pardon Divin, mais les grâces obtenues par nos croix quotidiennes seront, pour plusieurs d'entre eux, le coup de main nécessaire pour rompre avec le Mal et s'élancer dans le Cœur Miséricordieux du Père, au jour de leur passage dans l'Éternité.

VOTRE SOUFFRANCE
POUR LES ÂMES DU PURGATOIRE

Appuyée sur les Saintes Écritures, la Tradition et la raison, l'Église a défini comme dogme l'existence du Purgatoire dans lequel les âmes des défunts, morts en état de grâce mais dont les suites du péché n'ont pas été suffisamment expiées sur terre, se purifient pour pouvoir ensuite accéder à la pleine jouissance de Dieu, dans le Ciel.

Ces âmes (nos parents et amis défunts, entre autres) aiment Dieu passionnément: à cause de cet amour, elles souffrent d'une manière indicible car elles sont attirées par Lui encore plus que la personne mourant de soif n'est attirée par le puits. Au Purgatoire, que le saint Curé d'Ars appelait "l'infirmerie du Bon Dieu", les âmes brûlent d'amour et souffrent, selon la nature et la gravité de leurs fautes, de peines ressenties comme si elles avaient encore leur corps physique. "Les peines que l'on endure au Purgatoire, dans le temps d'un simple clin d'œil, sont pires que celles du plus douloureux martyre." (S. Augustin)

Mais comme un jeune homme très amoureux ne voudrait pas se présenter devant sa fiancée couvert de fumier et dégageant une odeur nauséabonde, ainsi l'âme qui se voit encore sale des traces du péché même "léger" ne veut pas paraître devant son Bien-aimé avant d'être totalement purifiée.

Et cette purification peut être très longue; à Fatima, Notre-Dame révéla à Lucie que son amie Amélia était au Purgatoire jusqu'à la fin du monde... (Fatima, 13 mai 1917)

D'autre part, "la Providence de Dieu fournit toujours à chacun les purifications nécessaires durant sa vie sur la terre, pour lui permettre d'aller droit au Ciel à l'heure de la mort." (S.Jean de la Croix) C'est le "régime de la Miséricorde divine".

Mais, passé le voile de la mort, vient le temps de la récompense ou du châtiment, suivant notre réponse ultime et définitive à l'Amour de Dieu: c'est alors le "régime de la Justice". Nos défunts ne peuvent plus mériter car ils ont DÉFINITIVEMENT fixé leur liberté sur Dieu ou sur Satan:

"Les souffrances sur la terre n'ont pas la même valeur qu'au Purgatoire. Quand on souffre sur la terre, on peut grandir dans l'amour, on peut gagner des mérites, ce qui n'est pas le cas au Purgatoire où celles-ci servent seulement à nous purifier du péché." (Maria Simma, dans "L'étonnant secret des âmes du Purgatoire")

Les âmes du Purgatoire ont besoin de nous pour abréger l'intensité et la durée de leurs souffrances.

"De mon souvenir ou de mon oubli dépend en partie le bonheur ou le malheur de celui qui m'a été cher et qui est maintenant passé sur l'autre rive, mais ne cesse pas d'avoir besoin de mon amour". (Cardinal Joseph Ratzinger, Entretiens sur la Foi)

Quelle cruauté consiste à "envoyer" trop vite nos défunts au Ciel, au risque de négliger de les secourir par des Messes, prières, aumônes, jeûnes et par toutes nos souffrances patiemment supportées et offertes à Jésus en leur faveur...

"Je souffre la nuit pour les âmes du Purgatoire et, le jour, pour la conversion des pécheurs."

Saint Curé d'Ars

"La pratique de la prière pour la délivrance des âmes du Purgatoire est, après celle pour la conversion des pécheurs, la plus agréable à Dieu". (S. Curé d'Ars)

À plus forte raison, celle de l'offrande de nos souffrances... Pour soulager les membres de l'Église souffrante, la bienheureuse Christine l'Admirable (après avoir vu le Purgatoire, par permission divine) choisit, à la proposition de Dieu, de revenir souffrir ici-bas. Dieu la ressuscita donc en présence de ceux qui déjà l'ensevelissaient! Miracle qui démontre à quel point Dieu a souci de tous ses enfants dans la peine...

Nous pouvons même aller jusqu'à céder, en faveur des âmes du Purgatoire, tous les mérites satisfactoires (1) de nos bonnes œuvres accomplies durant cette vie, toutes les indulgences déjà gagnées (par nous) et à venir, ainsi que tous les secours spirituels et indulgences qui nous seront obtenus par autrui après notre mort: c'est ce qu'on appelle " l'acte héroïque de charité ". Il est certain que, face à un tel débordement d'amour de notre part, Dieu ne saurait résister puisque "au soir de notre vie, nous serons jugés sur l'amour" et que, nous étant fait pauvres spirituellement pour Lui, Il ne pourra qu'incliner son Divin Cœur vers nous, suivant Sa Parole: "Le Seigneur délivrera l'indigent qui l'implore, le pauvre sans appui qui l'appelle; Il prendra en pitié le faible et l'indigent, Il sauvera la vie des malheureux (...) et à Ses Yeux leur épreuve aura du prix." (Ps 71, 12-14)

"Tout ce que nous donnons par charité aux âmes des défunts, se change en grâces pour nous, et après notre mort, nous en trouvons le mérite cent fois "doublé". (S. Ambroise)

Et n'oublions pas que si les âmes du Purgatoire ne peuvent rien pour elles-mêmes, elles peuvent cependant beaucoup auprès de Dieu en faveur de leurs bienfaiteurs de la terre, une fois introduites dans la Céleste Patrie: "L'union d'amour contractée avec elles au temps de l'épreuve se fortifiera et s'épanouira pour nous en grâces de sainteté après leur entrée dans la gloire." (F. Ernest Mura, "Le Corps mystique du Christ")

LA SOUFFRANCE HUMANISE DIEU
ET DIVINISE L'HOMME

La croix est inévitable. Mais la souffrance vécue chrétiennement est source de mérites pour soi-même, de grâces de conversion pour autrui, et de soulagement pour les âmes du purgatoire.

Plus encore, elle identifie l'être humain à son Maître bien-aimé en le rendant semblable à Lui jusqu'en l'étape ultime, celle qu'II appelait "mon heure": la Passion. Si Dieu s'est fait l'un de nous en tout (hormis le péché) jusqu'à la mort, Il nous a également demandé d'être parfaits à son image, et cette image ne saurait être complète sans la souffrance. Mais attention: pas la souffrance pour elle-même, mais pour les bienfaits de sanctification qu'elle procure, pour l'amour qu'elle exprime.

"On apprend à aimer et on aime vraiment que dans la souffrance et par la souffrance." (Marthe Robin, stigmatisée, 1927)

Y a-t-il, en effet, une plus grande preuve d'amour que de TOUT DONNER, jusqu'à la dernière goutte de son Sang, jusqu'à sa volonté humaine, jusqu'à sa propre Mère, pour un être aimé souvent ingrat et infidèle? JÉSUS L'A FAIT POUR CHACUN D'ENTRE NOUS...

Et nous? Savons-nous perdre notre vie pour la gagner? Perdre notre vie, c'est-à-dire accepter nos limites physiques, intellectuelles, psychologiques, spirituelles, matérielles... devoir obéir à des supérieurs fâcheux, être la proie de calomnies, médisances, humiliations, mauvais coups... subir l'abandon de nos proches et amis... toutes ces choses qui nous font parfois pleurer des larmes de sang, comme en un second Gethsémani?

En septembre 1930, Jésus apparaissait à Marthe Robin qui n'était pas encore stigmatisée, lui demandant: "Veux-tu être comme Moi?" On connaît la suite et les fruits spirituels abondants qui ont découlé du ministère de souffrance de Marthe Robin qui a fondé les "Foyers de Charité" qu'on retrouve aujourd'hui en maints endroits dans le monde.

Jésus doit être le modèle de l'âme souffrante. Sa sainte image doit être gravée au plus profond du cœur, comme l'ancre qui empêche le bateau de dériver dans la tempête.

"Un jour, un homme était entré avec quelques jeunes missionnaires dans une maison de thé, en Chine. A titre d'exemple, après qu'on leur eût servi à chacun un bol de thé, l'homme donna un coup de poing subit sur la table et le thé jaillit des bols et se répandit sur le meuble. «En Chine», dit-il alors, «vous allez recevoir les coups les plus variés, et ce qui est en vous jaillira au dehors. Si le Christ est votre vie, chaque fois que vous serez frappés, c'est la vie de Jésus qui jaillira de votre souffrance sur votre prochain, comme le thé s'est répandu du bol sur la table.»

Cette "Chine", c'est notre vie à chacun, et notre champs de mission est le monde entier, à commencer par notre milieu familial et social. Ainsi, la personne souffrante toute remplie de Dieu ne peut que donner Dieu à ses frères, comme Jésus l'a fait durant toute sa vie terrestre.

Les saints, qui voient les choses au-delà des apparences, considèrent la souffrance comme une grâce:

"Si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers: héritiers de Dieu, et cohéritiers du Christ, puisque nous souffrons avec Lui afin d'être glorifiés aussi avec Lui. (...)

Toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qu'II a appelés selon son dessein. Car ceux que d'avance Il a connus, Il les a aussi prédestinés à être conformes à l'Image de son Fils. " (Rom. 8, 17 et 28-29)

Ce qui faisait dire, à sainte Thérèse, avec humour: "Ah! Seigneur, je ne suis pas surprise que Vous ayez si peu d'amis! " Elle qui écrivait aussi, par ailleurs: "Le Bon Dieu t'aime et te comble de ses grâces... Il te trouve digne de souffrir pour son amour et c'est la plus grande preuve de tendresse qu'II puisse te donner, car c'est la souffrance qui nous rend semblables à Lui." (LT 173)

La souffrance est souvent vue comme "inutile" et donc "injuste", lorsqu'elle frappe les enfants, les innocents; mais Jésus n'était-II pas l'Innocence personnifiée? Et pourtant Sa souffrance a accompli l'œuvre la plus extraordinaire de tous les temps: la Rédemption.

Mais, dira-t-on, les enfants ne savent pas encore s'offrir... Savons-nous quand Dieu parle en eux? Le langage de Dieu est un langage spirituel. L'Âme le comprend et l'Âme n'a pas d'âge. L'Église nous enseigne que le Salut est offert à tous sans exception. ("d'une façon que Dieu connait" (2) pour ceux qui ne peuvent recevoir le Sacrement de Baptême (3) ), et ce Salut ne s'obtient pas sans une adhésion libre et surnaturellement éclairée de l'âme avant d'entrer dans l'éternité; alors, si Dieu offre à tous cette opportunité, ne peut-on pas penser qu'II leur offrira aussi celle d'offrir leur souffrance pour en faire un instrument de salut et de réparation pour eux et le monde entier? Pensons aux Saints Innocents qui, rappelons-le, n’avaient pas plus de deux ans lors de leur exécution, et que l’Église considère comme parés de la couronne et de la récompense des martyrs ayant versé leur sang pour Jésus-Christ.

Lorsque Jésus mourut les pieds et les poignets cloués sur la croix, l'œil humain ne pouvait que constater un échec, une mort les mains vides... Mais l'œil de Dieu et de ceux qui Le suivront par la suite, voyant au-delà du terrestre, savent que cette crucifixion humiliante a été, en faits, l'humiliante défaite de Satan; et que ces Mains apparemment vides étaient en réalité pleines du trésor de grâces, de pardons, de bénédictions, d'Amour, de Salut... répandu sur les âmes, du haut de la Croix, à travers les âges: "Lorsque Je serai élevé de terre, J'attirerai tout à Moi."

Ressembler à Jésus jusque dans Sa Passion, c'est partager son apparente inutilité, son apparent anéantissement; mais c'est aussi, et surtout, participer efficacement à la cuisante défaite des forces du Mal: "Lorsque je suis faible, c'est alors que je suis puissant." (2 Cor 12, 10)

C'est collaborer réellement au salut des âmes (à commencer par la mienne !) pour la plus grande gloire de Dieu.

C'est permettre à l'humanité de donner sa pleine mesure d'amour: "Au soir de cette vie, vous serez jugés sur l'amour".

NOUS APITOYER
SUR NOTRE SORT?

Si la souffrance est inévitable, si on peut en expliquer la naissance par le péché originel et nos péchés personnels, si on peut entrevoir les effets salutaires de la souffrance vécue chrétiennement, il n'en demeure pas moins qu'elle constitue à nos yeux un grand mystère. Mais, pour un Chrétien, un mystère n'est pas un "manque de signification" mais plutôt un "excès de sens", comme une lumière si éblouissante que l'œil humain est physiquement incapable d'en supporter l'éclat.

C'est pourquoi, lorsque notre souffrance ne peut plus être soulagée par la science humaine, et que la douleur morale ou physique est si aigüe qu'elle est à peine supportable, l'heure n'est plus aux explications, mais à l'abandon entre les Mains de Dieu.

L'enfant qui a mal n'analyse pas sa douleur mais, en pleurant, il court se jeter dans les bras de sa mère en attendant d'elle sa consolation. Nous devons faire de même envers Dieu dans nos moments de détresse: "Mon Dieu, vois comme j'ai mal. Montre-moi comment faire ta Volonté." Ce cri du cœur nous détache de nous-mêmes et de notre misère, pour nous tourner vers Dieu. Dans cette simple prière se retrouvent à la fois: reconnaissance de notre incapacité personnelle et de la Toute-puissance de Dieu, désir de Lui plaire, attente confiante en sa Bonté.

"Le Christ n'est pas venu dans le monde pour expliquer la Croix mais pour la remplir de Sa Présence." (Claudel)

Seul cette Présence peut rendre la douleur acceptable et féconde. En demandant à Dieu de faire sa Volonté, nous reconnaissons que nous avons notre part à accomplir dans son Plan Divin, quelle que soit notre condition; et nous acceptons à l'avance Sa décision en tout. Évidemment, une telle attitude n'est pas naturelle à l'homme, toujours enclin à la révolte. Un des meilleurs moyens pour parvenir à ce serein abandon filial, c'est de contempler Jésus dans sa Passion: sa Patience, son Humilité, son Amour pour son Père et pour ceux-là même qui Le torturaient (c'est-à-dire: nous, en vérité), sa préoccupation d'autrui (femmes de Jérusalem, sa Mère, saint Jean, le soldat à l'oreille tranchée, etc.) sont autant d'encouragements pour nous à L'imiter dans sa Souffrance pour pouvoir un jour L'imiter dans sa Gloire.

"Pour souffrir avec résignation et en paix les maux présents, il ne suffit pas de penser légèrement, et quelquefois seulement dans l'année, à la passion de Jésus-Christ, il faut y réfléchir souvent, et jeter au moins chaque jour un regard sur les peines que Notre-Seigneur a souffertes pour l'amour de nous." (S. Alphonse de Liguori)

Si nous sommes sincères dans cette disposition du cœur, Dieu ne tardera pas à nous répondre en nous indiquant sa Volonté par des grâces diverses, appropriées aux besoins de chacun. Pour certains, ce pourra être un appel à la conversion ou à accorder un pardon refusé jusqu'alors à autrui, une incitation à offrir notre souffrance pour quelqu'un en particulier, un accroissement de notre compassion aux Souffrances du Christ, le rappel d'une faute à réparer, un meilleur discernement spirituel, etc. Sa Volonté voudra peut-être aussi nous guérir... Sinon, notre Père Céleste nous accordera d'autres grâces plus profitables pour nous, comme l'acceptation chrétienne de notre état.

Bien sûr, certains ne choisissent pas cette voie salutaire. La souffrance, mal vécue, leur fait perdre la Foi. Ils prétendent alors que Dieu a été inventé par les hommes, à cause de la souffrance, pour leur servir de "béquille"...

"Prenez un enfant de deux ou trois ans, mettez-le dans une pièce et éteignez la lumière. Que dira-t-il? "Maman!" évidemment. A votre avis, c'est l'obscurité qui a créé la mère? Bien sûr que non! La mère que réclame l'enfant plongé dans le noir existe avant que la chambre de l'enfant en question soit dans l'obscurité. Il en va de même pour la douleur. Ceux qui implorent Dieu dans l'épreuve de la souffrance n'inventent pas plus Dieu que l'enfant n'invente sa mère en s'écriant "Maman !" quand il a peur". (Mgr Francesco Folio, observateur permanent du Saint Siège auprès de l'Unesco et organisateur du colloque "La douleur: énigme ou mystère", décembre 2003)

C'est une évidence: la Foi est bonne pour la santé, parce qu'elle est porteuse d'espérance, de vérité et d'amour. Tous les médecins disent bien que LES MALADES QUI ONT LA FOI GUÉRISSENT PLUS VITE ET SOUFFRENT MOINS.

D'autre part, certaines personnes se plaignent continuellement, empoisonnant ainsi littéralement la vie de leurs proches. Saint François d'Assise disait à ce sujet: "Ta misère, elle regarde le Seigneur. Les autres, ils attendent ta joie."

D'autres encore ne cessent de gémir intérieurement sur leur sort, de regretter la santé qu'ils n'ont plus ou celle qu'ils auraient pu posséder... Cette attitude n'améliore pas leur condition, au contraire! A force de mettre le focus sur nos souffrances, nous en venons à ne voir qu'elles, comme à travers une loupe grossissante; ainsi, nous ne pouvons plus tourner le regard vers Dieu, tout occupés que nous sommes à notre petit "moi" égoïste. Le conducteur qui veut avancer doit tourner le regard vers l'avant, et non vers l'arrière.

L'attitude la meilleure est encore de donner la main à Jésus Crucifié et, avec lui, de lancer vers Dieu cette parole: "Père ! Entre tes mains je remets mon esprit". Offrons-lui notre "rien" pour qu'Il puisse le remplir de son "tout".

Même dans la souffrance il y a place pour la paix intérieure et l'amour. Devenons donc semblables aux petits enfants, en ayant la sagesse de placer une confiance illimitée en notre Père Céleste, car "le Royaume des Cieux appartient aux enfants et à ceux qui leur ressemblent".

Marie Chantal

_________________________

 

(1) C'est-à-dire qui ont la vertu d'acquitter les dettes du péché.

(2) Catéchisme de l'Église Catholique, #1260.

(3) Restant sauve l'obligation, pour toute personne non empêchée, de recevoir le Sacrement de Baptême pour pouvoir accéder au Royaume des Cieux, ceci étant la voie normale choisie par Dieu pour l'humanité. Lire Jean 3,5 et Mathieu 28,19.
 


- MENU DE LA RUBRIQUE "ENSEIGNEMENTS" -




www.revueenroute.jeminforme.org

Site produit par la revue "En Route".
Autorisation de diffuser ce document, avec mention de la source.  

 

Retour haut de page