Faut-il aimer les animaux? Que nous enseigne Dieu à ce sujet?
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les animaux?

 

Ils sont partie intégrante de nos vies. Ils nous tiennent souvent compagnie; ils sont pourvoyeurs d’œufs, de lait, de miel, de viande, de cuir, de laine : ce sont les animaux. Certains les détestent, d’autres les vénèrent comme des divinités. Entre les deux extrêmes, que nous enseigne Dieu à leur sujet?
 

  AU COMMENCEMENT…

…Dieu créa le ciel, la terre, les astres et les végétaux. Puis Il créa les animaux. "Et Dieu vit que cela était bon". Et voilà qu’à l’Homme, créé à Son image et à Sa ressemblance, le Père éternel confia la gérance de toute la création : "Que l’Homme domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur les animaux domestiques et sur toute la terre."

Dieu, qui avait Lui-même donné leur nom, leur identité, aux Jour, Nuit, Ciel, Terre, Mer… Dieu, donc, réserva à l’Homme l’honneur de présider à l’identité de chaque être vivant du règne animal, et ce en les lui présentant au Paradis terrestre afin qu’il leur attribut un nom. De ce fait il existe, depuis, un lien particulier reliant l’Homme aux animaux, lien dont l’harmonie a été malheureusement entachée par le péché originel, mais non entièrement.
 

  UN MêME PèRE, UN MêME BUT

"Il existe une solidarité entre toutes les créatures du fait qu’elles ont toutes le même Créateur, et que toutes sont ordonnées à Sa gloire." (1)
 

Les animaux sont donc nos frères en Dieu, mais pas au même titre que les êtres humains : "La hiérarchie des créatures est exprimée par l’ordre des « six jours », qui va du moins parfait au plus parfait. Dieu aime toutes ses créatures, et Il prend soin de chacune, même des passereaux. Néanmoins, Jésus dit : « Vous valez mieux qu’une multitude de passereaux » (Lc 12,6-7), ou encore : « Un homme vaut plus qu’une brebis » (Mt 12,12)."

"L’homme est le sommet de l’œuvre de la création. Le récit inspiré l’exprime en distinguant nettement la création de l’homme de celle des autres créatures."(2) Bien que d’une façon différente, les humains et les animaux sont appelés à réaliser la Gloire de leur Père, par leur existence et leurs actions.
 

  UNE GéRANCE à L’IMAGE DE CELLE DE DIEU

À la différence de l’Homme, l’animal n’est pas conscient de sa mission mais il la réalise tout de même.

Pour cela, et parce qu’il est le reflet de la Bonté de Dieu, il a droit à notre respect et à une gérance bienveillante et sage de notre part (à l’image de celle de Dieu), ce qui exclu deux abus : un amour disproportionné, et la cruauté.

À un Chrétien, point n’est besoin d’expliquer longuement qu’un animal, être créé par Dieu, n’a pas droit au culte d’adoration. Cependant, il est des personnes qui semblent ne pas se rendre compte qu’elles outrepassent la mesure en traitant leur animal à l’égal d’un humain, allant parfois jusqu’à les préférer à un enfant, à les faire héritiers de fortunes, à payer des sommes astronomiques pour soigner ou enterrer leur animal de compagnie…

"Il est contraire à la dignité humaine de faire souffrir inutilement les animaux et de gaspiller leurs vies. Il est également indigne de dépenser pour eux des sommes qui devraient en priorité soulager la misère des hommes. On peut aimer les animaux; on ne saurait détourner vers eux l’affection due aux seules personnes." (3)

D’autre part, les animaux sont capables de jouir et de souffrir. Ils ne possèdent pas d’âme immortelle comme celle des humains, aussi pourrions-nous dire que leur « ciel » (fait de bonheur naturel) doit se passer sur la terre, et que nous en sommes, dans une certaine mesure, les « protecteurs ». De grands saints tels que saint François d’Assise ou saint Philippe Neri nous ont laissé de frappants exemples en ce sens.
 

  RESPECT DES LOIS NATURELLES

"(…) Les différentes créatures, voulues en leur être propre, reflètent, chacune à sa façon, un rayon de la sagesse et de la bonté infinies de Dieu. C’est pour cela que l’homme doit respecter la bonté propre de chaque créature pour éviter un usage désordonné des choses, qui méprise le Créateur et entraîne des conséquences néfastes pour les hommes et pour leur environnement." (4)

"(…) La domination accordée par le Créateur à l’homme sur les êtres inanimés et les autres vivants n’est pas absolue; elle est mesurée par le souci de la qualité de la vie du prochain, y compris des générations à venir; elle exige un respect religieux de l’intégrité de la création." (5) Ce respect commence par le respect des lois de la nature, inscrites par Dieu dans l’univers entier. Lorsque l’homme se mêle de jouer à l’apprenti sorcier, en manipulant de façon indue la génétique même animale, et notre écosystème, il manque de respect envers Dieu et envers Sa création. Il s’expose à de graves conséquences dont il est le seul responsable. Nous commençons à en constater les dommages, notamment à travers les OGM.

Dans la production agricole commerciale, on a depuis longtemps sacrifié le bien-être des animaux au seul profit de notre portefeuille… Pensons seulement à ces races de poulets créées pour être héréditairement obèses au point que leurs pattes ne les supportent plus, à l’âge adulte. Ou encore à ces lignées de vaches laitières dont on a tellement augmenté la capacité de lactation qu’elles développent de douloureux problèmes de pattes liés à leur poids trop élevé et leur pis trop gros.

N’y aurait-il pas lieu, également, de se questionner sérieusement sur la moralité de l’insémination artificielle chez les animaux? N’est-ce pas là une violation des lois de la nature qui demande, autant chez la plupart des espèces animales que chez l’humain, que la procréation se fasse directement entre le père et la mère, sans intervention mécanique?

"Le septième Commandement [de Dieu] demande le respect de l’intégrité de la création. Les animaux, comme les plantes et les êtres inanimés, sont naturellement destinés au bien commun de l’humanité passée, présente et future. L’usage des ressources minérales, végétales et animales de l’univers, ne peut être détaché du respect des exigences morales. (…)" (6)
 

  L’ANIMAL AU SERVICE DE L’HOMME

Certes, il entre dans le Plan de Dieu que l’animal soit au service de l’homme, en tant que soutient sur la route de la sainteté. En effet, l’homme n’est pas qu’esprit, et pour se sanctifier il a besoin de son corps; corps qui, à son tour, a besoin d’être nourri, soigné, habillé, abrité. Et l’animal est une aide précieuse fournie par Dieu. Dès la Genèse, Yahwe a montré à l’homme à se vêtir de cuir dont Il lui a fabriqué Lui-même le premier habit.(7) On le voit, dans l’Ancien Testament, ordonner que l’on mange l’agneau de la Pâque juive. Le Deutéronome mentionne même une directive divine qui stipule que le bœuf ne doit pas être muselé lorsqu’il travaille aux champs. Pensons également à Jésus entrant à Jérusalem porté par un ânon.

"Dieu a confié les animaux à la gérance de celui qu’Il a créé à Son image. Il est donc légitime de se servir des animaux pour la nourriture et la confection des vêtements. On peut les domestiquer pour qu’ils assistent l’homme dans ses travaux et dans ses loisirs. Si elles restent dans des limites raisonnables, les expérimentations médicales et scientifiques sur les animaux sont des pratiques moralement recevables, puisqu’elles contribuent à soigner ou épargner des vies humaines." (8) Il convient ici de souligner ces mots : limites raisonnables. À faire méditer par nos scientifiques…
 

  QUAND L’HOMME SE FAIT BOURREAU

C’est dès le jeune âge que l’enfant devrait apprendre à respecter et aimer la nature. Car il semble que cela ne soit pas toujours inné…

Qui de nous n’a jamais été témoin d’un gamin s’amusant à arracher les ailes d’une mouche, ou les pattes d’une araignée encore vivante?

Oie entubée pour le gavage.
En haut à droite,
son foie hypertrophié
à côté d’un foie normal.

Pour l’adulte, la cruauté se pare d’un manteau de snobisme : il sera "glamour" de manger du véritable foie gras… en évitant de penser que les oies et canards dont ils proviennent ont payé notre gourmandise d’une vie de torture où on les a obligé à être quotidiennement entubés brutalement pour ingurgiter, en 5 secondes, l’équivalent chez l’homme, de 20 kg de pâtes…

Ce qui donnera un foie hypertrophié de 10 fois la normale (chez l’humain, nous dirions que ce foie est malade…), des lésions au cou et au gésier de l’animal et des troubles de la respiration.

En Asie, certains restaurants haut de gamme apportent le poisson entier encore vivant sur la table : les invités s’en servent des tranches à même l’animal vivant, question de manger le plus "frais" possible… On a beau dire que le seuil de douleur de l’animal à sang froid est plus élevé que pour nous, qui peut se targuer d’en être certain? À moins évidemment d’avoir déjà été "poisson", ce qui, à la réflexion, arrive à tous un jour ou l’autre… Souvenons-nous que le poisson ne peut crier ni avoir d’expressions faciales pour exprimer sa douleur. La même remarque s’applique aux escargots qu’on tue en les faisant baver avec du sel, ou les homards qu’on plonge vivants dans l’eau bouillante.

Évidemment, il est de nécessité de pouvoir abattre des animaux, selon nos besoins raisonnables. Mais encore faut-il diminuer le plus possible la souffrance causée à la victime. N’y a-t-il pas des méthodes plus humaines que de battre à mort les phoques ou d’utiliser des pièges à dents qui charcutent leurs proies débattantes qui mourront au bout d’une longue agonie, ou qui, si elles arrivent à s’en sortir en y laissant un membre, iront mourir au bout de leur sang, cachées comme des coupables? Pensons également à ces pièges à souris, enduits de colle : une fois la proie engluée, on prend le tout et on le jette à la poubelle, laissant ainsi la petite souris mourir lentement de faim, de soif ou des vapeurs toxiques du dépotoir, à moins d’être écrasée dans le broyeur du camion à déchets. Et puis, songe-t-on au sort de ce poisson rouge dont on se défait en le jetant à la toilette et qui sera brûlé vif par l’ammoniaque et les vapeurs toxiques de nos égouts et fosses septiques? Sans compter ces lapins que, dans certaines régions, on abat en arrachant un œil, pour le laisser se vider de son sang…

Il n’est pas jusqu’aux loisirs qui sont parfois immoraux envers les animaux. Par exemple, les combats (à mort) de chiens, de coqs. Ou les corridas dans lesquelles des taureaux sont exacerbés par la douleur infligée par les picadors.

Dans l’industrie de l’élevage, on pourrait aussi parler des femelles reproductrices à qui l’on impose un nombre effarant de portées annuelles (notamment chez les lapines), ce qui use prématurément l’animal considéré alors comme une marchandise jetable qui doit rapporter, et seulement rapporter, sans égard à son bien-être. C’est le même raisonnement qui prévaut, quant aux poules pondeuses la plupart du temps parquées beaucoup trop nombreuses dans d’étroites cages d’où elles ne sortiront que pour l’abattoir. Et encore, elles peuvent s’attendre, comme bien d’autres espèces, à y être transportées "surtassées" dans de petites cages empilées, dans des camions à peine couverts où, l’hiver et la vitesse aidant, les animaux du bord pourront mourir gelés, et ceux du milieu suffoqués.

Et la liste des horreurs pourrait s’allonger encore et encore…
 

  UNE RESPONSABILITé MORALE

Nous n’y pensons pas souvent, mais nous sommes obligés, en conscience, d’être bons envers la nature et donc envers les animaux. Ne pas obéir à ce précepte, c’est aller à l’encontre de la Volonté de Dieu et contre notre mission de bons gérants de la création. La cruauté envers les animaux peut être péché, et même péché grave. Tout comme la juste bonté envers eux sera récompensée par Dieu « qui aime que l’on aime ce qu’Il aime ».

Nous avons, individuellement et collectivement, le devoir de cultiver des comportements et procédés qui, tout en étant efficaces, sont respectueuses de nos frères les animaux; qu’il s’agisse de méthodes d’élevage, de reproduction, d’abattage, de protection contre les prédateurs, etc.; quitte à devoir abandonner certaines pratiques moins conformes à la Volonté de Dieu.
 

  REDéCOUVRIR LA VALEUR DE LA CRéATION

Il en va de notre relation avec l’univers comme de la relation avec l’autre dans notre couple, par exemple : on s’habitue parfois tellement l’un à l’autre que l’on en vient à ne plus savoir s’émerveiller de la beauté et des richesses intérieures de notre vis-à-vis. Pire, on prend souvent l’autre comme un "dû", un acquis.

Peut-être devrions-nous alors prendre le temps de nous arrêter pour essayer de renouveler notre regard sur le monde, sur notre Terre qui est encore belle malgré qu’elle agonise par notre faute, et qui continue, avec les forces qui lui restent, à nous donner tout ce qu’elle peut de ses fruits.

Peut-être serait-il bon que l’on se fasse le cadeau de considérer les animaux sous un jour nouveau, comme des créatures qui ont beaucoup à nous apporter par leur exemple d’entière soumission au Plan de Dieu : ils font ce qu’ils ont à faire, en toute simplicité.

Et nous pourrons alors nous écrier comme l’Ecclésiastique dans la Bible : "Comme toutes les oeuvres du Seigneur sont belles !"

Marie-Chantal

_________________________

(1) Catéchisme de l’Église catholique, no. 344.
(2) Idem, nos. 342 et 343.
(3) Idem, no. 2418.
(4) Idem, no.339
(5) Idem, no. 2415. cf Encyclique "Centesimus annus".
(6) Idem, no. 2415
(7) Genèse, 3, 21.
(8) Catéchisme de l’Église catholique, no. 2417.
 

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