QUESTION:
Peut-on faire la communion spirituelle en état de péché grave ? Vivant dans une
situation non conforme aux Commandements de Dieu, on me dit que communier
spirituellement est aussi bon que d’aller recevoir l’hostie...
RÉPONSE : La "communion spirituelle"
est un désir très vif, exprimé sous forme de prière
(1) par laquelle nous demandons à
Dieu de s'unir à nous (commune-union) et de produire en nous des fruits
spirituels comme si nous avions pu le recevoir "Corps, Sang, Âme et Divinité"
dans la Communion Eucharistique (dans l’Hostie).
La communion spirituelle, pour être effective,
requiert les mêmes dispositions intérieures que la communion eucharistique.
L’Eucharistie est un sacrement "des vivants", ce qui signifie
qu’il faut être vivant, spirituellement parlant, pour avoir le droit de la
recevoir, et pour bénéficier de ses fruits. En d’autres mots, il faut être en
état de grâce, c’est-à-dire sans péché grave non pardonné
sur la conscience. Ce qui est logique puisque, par le péché grave ou mortel (qui
tue la vie de la grâce divine en nous), on rejette Dieu ; on ne peut en même
temps rejeter Dieu et s’unir à Lui.
Les effets de la Communion eucharistique
consistent, premièrement, en une augmentation de la grâce
sanctifiante (vie surnaturelle de notre âme), dans une mesure beaucoup plus
abondante qu’aucun autre sacrement, vu qu’elle nous unit intimement à
Jésus-Christ, l’auteur même de la grâce.
Notons que l’Eucharistie augmente la
grâce chez qui la possède déjà, mais ne la confère pas à
qui ne la possède pas ou l’a perdue par le péché mortel.
(2)
Un autre effet de la communion eucharistique consiste à nous
donner une plus grande force pour résister à nos mauvais penchants et aux
tentations.
Enfin, la communion eucharistique est un gage de Vie Éternelle,
ainsi que l’a promis Jésus : ‟Celui qui mange ma Chair et boit mon Sang
(dignement), a la vie éternelle, et moi, je le ressusciterai au dernier
jour.”
La communion spirituelle suit la même logique. Elle est indiquée
lorsque nous sommes intérieurement disposés (en état de
grâce) pour recevoir le Corps du Christ, mais qu'un empêchement extérieur
ne le permet pas ; par exemple : si nous ne sommes pas à jeun depuis au moins
une heure, ou s’il nous est impossible d’assister à la Messe. Dans ces cas, une
communion spirituelle bien faite nous vaudra des grâces, selon notre ferveur et
ce que Dieu jugera à propos de nous donner. On peut répéter cette communion de
désir aussi souvent qu’on le veut .
La différence essentielle entre les fruits produits par la
communion eucharistique (avec l’Hostie consacrée) et la
communion spirituelle (de désir) est la suivante :
-
L’Eucharistie est un
sacrement, ce qui implique qu’elle produit ce qu’elle signifie. En
d’autres mots : ce sacrement produit infailliblement des fruits de nourriture
spirituelle et de sanctification pour l’âme. La seule entrave possible à cette
action, est la limite que l’âme lui assigne, par exemple, par son manque de
ferveur, ou si le communiant est en état de péché mortel. Dans ce dernier cas,
il recevra le Corps du Christ, mais non les grâces qui sont rattachées à la
Communion. Pire, il commettra un sacrilège en obligeant ainsi Notre-Seigneur à
venir dans une âme morte spirituellement.
-
La communion spirituelle est une prière,
et non un sacrement. La réponse de Dieu à cette prière dépendra, quant à
l’abondance de sa grâce comme pour toute autre prière, des dispositions plus ou
moins parfaites d’humilité, de foi et de confiance de l’âme. Selon la perfection
de ces dispositions, l’âme assoiffée de recevoir spirituellement le Corps du
Christ sera exaucée, et elle le sera toujours car la communion spirituelle bien
faite fait partie de ces prières auxquelles est attachée cette divine promesse :
‟Tout ce que vous demanderez à mon Père en mon nom vous sera accordé...”
Comme Dieu ne peut pas accorder le mal ou l’absurde, Il ne peut
pas non plus accorder à une âme en état de péché mortel des faveurs
incompatibles avec l’état de mort spirituelle qui est le sien, ce qui serait le
cas s’Il comblait de grâces eucharistiques une âme où Satan règne en maître par
le péché grave. Voilà pourquoi la communion spirituelle est impossible
lorsqu’une personne n’est pas en état de grâce.
‟Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et
mon Père l’aimera, et nous viendrons à lui et ferons en lui notre demeure.”
(Jn 14, 21) Si quelqu’un m’aime… On n’aime pas réellement Dieu
quand on l’offense par le péché mortel.
Cependant, la personne en état de péché grave qui,
en toute bonne foi (ne sachant pas que sa situation ne
permet pas la communion spirituelle) prierait pour demander la communion
spirituelle, ne pécherait pas, car Dieu prend en compte la bonne intention de
cette personne même si celle-ci n’obtient pas les grâces eucharistiques.
* * * * * * * * *
On comprend maintenant qu’une communion de désir, même bien
faite, n’est pas l’équivalent de la communion eucharistique où l’on reçoit
vraiment Notre-Seigneur Lui-même en personne, avec son Corps, son Sang, son Âme
et sa Divinité, et non pas seulement sa grâce.
La réception de la communion eucharistique (avec l’hostie) est
d’ailleurs une obligation pour les fidèles, Jésus en ayant fait un précepte :
‟Si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme et ne buvez son sang, vous
n’aurez point la vie en vous.” (Jn, 6, 53)
Comme Il n’a déterminé ni l’âge où commence l’obligation, ni les
moments où elle s’impose, l’Église est intervenue pour fixer ces différents
points, ainsi que Notre-Seigneur lui en a donné le pouvoir.
C’est ainsi que tous les Catholiques qui ont l’âge de raison
sont dans l’obligation grave de communier au moins une fois l’an au temps
pascal, et lorsqu’ils sont en danger de mort.
On ne peut pas passer sa vie à se contenter de la communion
spirituelle si l’on peut avoir accès à la communion au Corps et Sang du Christ.
Il faut tout faire pour se mettre ou se garder en grâce (amitié)
avec Dieu et pouvoir ainsi obéir à son commandement d’amour en allant communier
dans l’Eucharistie. ■
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(1)
Aucune formulation particulière n'est requise : on peut l’exprimer
intérieurement ou vocalement, dans nos propres mots ou utiliser une formule
suggérée dans les livres de piété.
(2) Dans ces cas, les sacrements
appropriés pour recouvrer la grâce sanctifiante (état de grâce) sont le Baptême
(non renouvelable) et le sacrement du Pardon (renouvelable aussi souvent
que nécessaire).
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